EN BREF – Une jeune pygargue à queue blanche, récemment réintroduite dans la nature, a été abattue en Isère, fin février 2024. Une espèce de rapace pourtant strictement protégée et classée en “danger critique d’extinction” en France. Deux chasseurs ont été interpellés et placés en garde à vue, mercredi 13 mars. Ces deux frères, qui ont reconnu les faits, ont été déférés au parquet de Grenoble, jeudi 14 mars, puis placés sous contrôle judiciaire. Ils seront jugés le 13 mai.
[Article publié le 14 mars 2024 à 15 h 50 et mis à jour le 15 mars 2024 à 9 h 30 avec info contrôle judiciaire] La jeune pygargue à queue blanche – ou “grand aigle de mer”1son appellation commune – avait été réintroduite dans la nature en septembre 2023. Son cadavre a été découvert le 27 février 2024 dans la Matheysine, en Isère. Deux chasseurs de 30 et 35 ans ont été placés en garde à vue pour ces faits, mercredi 13 mars, avant d’être déférés le lendemain au parquet, a indiqué Éric Vaillant, procureur de la République de Grenoble, confirmant une information de France 3 Alpes.
Le cadavre de la jeune pygargue, relâchée en septembre 2023 dans le cadre d’un programme de réintroduction, a été découvert fin février 2024 en Isère. DR
Baptisé “Morzine”, le rapace, né il y a un an dans le parc animalier Les Aigles du Léman (Haute-Savoie), avait été relâché dans le cadre d’un programme de réintroduction de 85 pygargues dans les Alpes d’ici 2030, précise la Ligue de protection des oiseaux (LPO), dans un communiqué paru mercredi 13 mars. La jeune pygargue était ainsi équipée d’une balise GPS qui n’a subitement plus émis de signal pendant trois jours.
Un programme de réintroduction du pygargue à queue blanche
Une équipe de gardes de l’Office français de biodiversité (OFB) et de naturalistes est donc partie à sa recherche et a découvert sa dépouille au sommet d’une crête enneigée, non loin du sanctuaire de Notre-Dame de la Salette. « Le trou béant dans sa poitrine ne laisse aucun doute sur la cause de mortalité : le rapace a été victime d’un tir de fusil », souligne la LPO.
Le rapace a été abattu par deux braconniers près du sanctuaire de Notre-Dame de la Salette, dans la Matheysine. © Google Maps
L’espèce est pourtant classée en “danger critique d’extinction” dans l’Hexagone et, à ce titre, strictement protégée. Il est ainsi interdit de perturber et bien sûr de tuer ces oiseaux. « Le pygargue à queue blanche est l’aigle le plus rare de France avec cinq couples nicheurs recensés sur le territoire », confirme la LPO.
Trois des quatorze pygargues relâchés ont été abattus
« L’espèce avait officiellement disparu de notre pays en 1959 avant de s’y reproduire de nouveau à partir de 2015 », ajoute l’association. « Elle bénéficie d’un plan national d’action animé par la LPO, dont fait partie le programme de réintroduction » lancé par le parc Les Aigles du Léman. Malgré tout, trois des quatorze pygargues mis en liberté depuis 2022 sont déjà morts abattus, dont deux en France – l’autre a été tué en Allemagne « dans des circonstances sordides ».
Le pygargue à queue blanche est l’aigle le plus rare de France, avec seulement cinq couples en liberté recensés sur le territoire. © Jacob Spinks from England, CC BY 2.0, via Wikimedia Commons
La LPO et Les Aigles du Léman ont déposé plainte contre X, le 6 mars 2024, entraînant l’ouverture d’une enquête, confiée par le parquet à l’OFB et aux gendarmes de Monestier-de-Clermont. Des enquêteurs qui ont très vite réussi à identifier deux suspects, en l’occurrence deux frères braconniers. Selon France 3 Alpes, des plumes, prélevées sur le rapace, ont d’ailleurs été découvertes lors des perquisitions menées à leur domicile, mercredi 13 mars.
La destruction d’espèce protégée passible de trois ans de prison
Au cours de leur garde à vue, les deux chasseurs ont reconnu respectivement le tir mortel et la complicité. Ils doivent être déférés au parquet de Grenoble, jeudi 14 mars, pour les faits de “destruction, détention et transport d’espèce protégée”, passibles de trois ans d’emprisonnement et 150 000 euros d’amende.
« Laisser ce crime impuni aurait été un affront pour tous ceux qui se mobilisent afin de sauvegarder la biodiversité », estime Jacques-Olivier Travers, fondateur des Aigles du Léman, à l’origine du programme de réintroduction. Pour Allain Bougrain-Dubourg, président de la LPO, « seules des sanctions exemplaires suffisamment dissuasives permettront d’enrayer de tels actes de cruauté gratuite qui mettent en péril des efforts de conservation considérables ».
Les deux frères braconniers placés sous contrôle judiciaire avant d’être jugés le 13 mai 2024
Après 24 heures de garde à vue, les deux suspects ont été déférés, jeudi 14 mars 2024, au parquet qui leur a notifié leur comparution devant le tribunal correctionnel le 13 mai 2024, a annoncé le procureur de la République Éric Vaillant. Les deux frères seront jugés pour les délits de destruction et détention illicites d’espèce protégée, tous deux passibles de trois ans d’emprisonnement et 150 000 euros d’amende. Ils sont également poursuivis pour avoir tué irrégulièrement deux chevreuils, ce jour-là.
Tard dans la soirée, jeudi 14 mars, les deux chasseurs mis en cause ont été placés sous contrôle judiciaire par le juge des libertés et de la détention (JLD), comme demandé par le parquet, a indiqué le procureur, vendredi 15 mars. « Ils ont pour interdiction d’entrer en contact l’un et l’autre, de paraître sur les zones de chasse en Isère, de détenir ou porter une arme, ainsi qu’un cautionnement à hauteur de 1000 euros chacun », a précisé le magistrat.
[Encadré mis à jour le 15 mars 2024]
3 réflexions sur « Une pygargue à queue blanche, récemment réintroduite, abattue en Isère, deux chasseurs placés sous contrôle judiciaire »
Et en plus, ce sont des braconniers qui ont fait cet acte, ce qu” on appelle des BRACONNARDS.
Je déteste les braconniers, si je pouvais leur casser la gueule je le ferais, car ils ne font pas partie des sociétés de chasse qui savent parfaitement que cet aigle est protégé. Ni Thierry COSTE, ni Willy SCHRAENZ l” ignorent ! Ces 2 lobbys des chasseurs ne défendront jamais ces 2 enfoirés !
n importe qui peut etre chasseeur dans notre pays on fait des lois on ne respecte rien j espere qu ils nobtiendrons plus jamais leur permis de chasser et ils y en a d autres
Il faut être ferme avec ce genre d’incivilité. Il n’est pas normal que certains tuent des espéces protégées que d’autres tentent de sauver avec beaucoup de difficulté.
Un aigle ça n’est pas un plateau d’argile comme au ball trap. Ceux qui s’adonnent cette pratique débile doivent être très sérieusement punis.