FOCUS – Près de 150 per­sonnes se sont réunies, jeudi 25 jan­vier 2024 au soir, à la syna­gogue Rachi, à Grenoble, pour com­mé­mo­rer le 79^e anni­ver­saire de la libé­ra­tion du camp d’ex­ter­mi­na­tion d’Auschwitz. Une céré­mo­nie chaque année indis­pen­sable, selon l’Association consis­to­riale juive de Grenoble (ACJG), afin d’ho­no­rer la mémoire des vic­times de la Shoah. Mais aussi pour « ne pas oublier » ni bana­li­ser la bar­ba­rie nazie, dans un contexte de recru­des­cence de l’antisémitisme.

Le 27 jan­vier 1945, l’Armée rouge péné­trait dans le camp d’ex­ter­mi­na­tion d’Auschwitz, décou­vrant seule­ment 7 000 sur­vi­vants. Au total, plus d’un mil­lion de vic­times ont péri dans le camp – sur les 6 mil­lions de Juifs tués par les Nazis durant la Shoah. C’est en grande par­tie pour « hono­rer la mémoire des per­sonnes dis­pa­rues » que près de 150 per­sonnes ont com­mé­moré, jeudi 25 jan­vier 2024 au soir, à la syna­gogue Rachi, à Grenoble, les 79 ans de la libé­ra­tion d’Auschwitz-Birkenau.

Au pre­mier plan, la Ménorah, chan­de­lier sym­bole du judaïsme, sur lequel six bou­gies ont été allu­mées, sym­bo­li­sant les âmes des 6 mil­lions de Juifs tués durant la Shoah. © Alain Thiriet

Débutée par une allo­cu­tion de David Waysman, pré­sident de l’ACJG Rachi, la céré­mo­nie s’est pour­sui­vie par l’al­lu­mage de la Ménorah, chan­de­lier à sept branches, sym­bole du judaïsme. Des des­cen­dants de vic­times d’Auschwitz ont allumé « six bou­gies cor­res­pon­dant aux âmes des 6 mil­lions de Juifs assas­si­nés : une bou­gie pour chaque mil­lion », explique Viviane Maislisch-Attard, secré­taire de l’association.

Le témoi­gnage du petit-fils de Juifs raflés à Grenoble et tués à Auschwitz

C’est ensuite François Langlois, ancien direc­teur géné­ral des ser­vices (DGS) de la Ville de Grenoble¹l’un des pré­ve­nus dans l’af­faire de la fête des Tuiles et agrégé d’his­toire, qui a pris la parole. Un témoi­gnage poi­gnant, « en mémoire de ses grands-parents pater­nels », vic­times de la Shoah. Juifs alle­mands, ces der­niers ont été « arrê­tés lors de la rafle de la caserne Bizanet, à Grenoble, le 26 août 1942, avant d’être dépor­tés à Drancy, puis exter­mi­nés à Auschwitz ».

Ancien DGS de la Ville de Grenoble, François Langlois, petit-fils de vic­times de la Shoah, a rendu hom­mage à ses grands-parents par­ter­nels, raflés à Grenoble en 1942, puis assas­si­nés à Auschwitz. © Alain Thiriet

La com­mé­mo­ra­tion s’est conclue par la céré­mo­nie reli­gieuse et les prières, sui­vies par un recueille­ment musi­cal, avec un concert d’un pia­niste et d’un flû­tiste, et enfin la tra­di­tion­nelle salu­ta­tion aux porte-dra­peaux. Ceci devant dif­fé­rents élus – dont Emmanuel Carroz, adjoint muni­ci­pal à la mémoire – et des repré­sen­tants des reli­gions catho­lique et pro­tes­tante…

« Avec la recru­des­cence de l’an­ti­sé­mi­tisme, si on oublie ce qui s’est passé, si on bana­lise les bar­ba­ries (…), on accen­tue les risques de dérives vio­lentes. »

Si le 80^e anni­ver­saire, en 2025, s’an­nonce par­ti­cu­liè­re­ment sym­bo­lique, « chaque année est impor­tante », sou­ligne Viviane Maislisch-Attard. « Les der­niers témoins dis­pa­raissent les uns après les autres. Il y a dix ou vingt ans, il res­tait encore pas mal de res­ca­pés mais aujourd’­hui, ils se comptent sur les doigts de la main. » D’où les actions orga­ni­sées pour « sau­ve­gar­der leurs témoi­gnages ».