REPORTAGE – Entre 150 et 200 personnes se sont réunies à l’Ampérage, à Grenoble, mercredi 22 novembre 2023, à l’appel de l’union de quartier Berriat et du Comité de liaison des unions de quartier (Cluq), pour une rencontre-débat sur le trafic de drogue, place Saint-Bruno. Des habitants ulcérés et inquiets, qui ont échangé avec le sociologue Sebastian Roché sur les actions et solutions à mettre en œuvre pour enrayer le phénomène.
Beaucoup ont dû s’asseoir par terre ou rester debout pendant plus de deux heures, faute de chaises disponibles. Dans le public, une majorité de tempes grisonnantes mais aussi quelques visages plus juvéniles. Au total, entre 150 et 200 personnes se sont serrées à l’Ampérage, mercredi 22 novembre 2023, pour une rencontre-débat organisée par l’union de quartier Berriat, en partenariat avec le Cluq. Le thème était, il est vrai, mobilisateur : le trafic de drogue place Saint-Bruno et les « actions possibles ».
Le quartier grenoblois a en effet défrayé la chronique ces dernières années et, davantage encore, lors de l’été 2023, avec une succession de règlements de comptes et fusillades. Une « guerre des gangs » – selon les mots de Jean-Philippe Moutarde, trésorier de l’union de quartier, et de plusieurs habitants – pour le contrôle du point de deal de la place Saint-Bruno, dont le chiffre d’affaires est estimé à près de « 30 000 euros par jour ».
Une amélioration pendant quelques semaines
La situation s’était pourtant sensiblement améliorée à la fin de l’été. Après une nouvelle série de violences (coups de feu, lynchage d’un rival supposé et barricades installés en pleine rue), fin août, la préfecture, le parquet, la Direction départementale la sécurité publique (DDSP) et la Ville de Grenoble ont réagi conjointement. Dans la foulée, les forces de l’ordre se sont déployées massivement dans le quartier Saint-Bruno, assurant une présence quotidienne sur la place.
Conséquences : un trafic et des dealers beaucoup moins visibles pendant plusieurs semaines. Malheureusement, ce calme relatif n’a pas duré. Le dispositif policier ayant récemment été allégé, le deal « reprend » progressivement, constate un habitant de la place Saint-Bruno. Celui-ci se souvient de sa peur, durant l’été, face aux « intimidations » de la part de jeunes armés de « kalachnikovs » et aux « barricades montées aux quatre coins de la place ».
Le trafic pèse sur la « santé mentale » des habitants
Un « degré de violence inimaginable », s’émeut-il. Et ce, d’autant plus que souvent, « les policiers n’interviennent pas », déplore un autre participant à la réunion. Tour à tour, les habitants racontent les conséquences de ce trafic qui « empoisonne » leur quotidien, avec « les coups de feu et les feux d’artifice qui [les] réveillent en pleine nuit », décrit l’un d’eux. Un tableau qui pèse sur leur « santé mentale », assure un commerçant, songeant de plus en plus à déménager.
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