CHRONIQUE – Place Gre’net s’associe à la radio RCF Isère chaque lundi midi dans la chronique L’Écho des médias. Notre objectif ? Revenir sur une actualité, décrypter une information… ou révéler les coulisses du traitement d’une nouvelle. Pour cette chronique sur RCF épisode 61 du lundi 9 octobre 2023, retour sur l’opération Tempête 38, déployée dans le département pour lutter (principalement) contre le trafic de drogue.
Retrouvez ci-dessous la chronique RCF 61 sur l’opération Tempête déployée en Isère, et sa version radiophonique en cliquant sur le lecteur ci-dessous.
« Aujourd’hui, nous allons parler d’une opération de la gendarmerie nationale, déployée sur le département de l’Isère. L’opération en question était baptisée Tempête 38, et a été annoncée le lundi 2 octobre pour se prolonger sur l’ensemble de la semaine. Près de 900 gendarmes ont été mobilisés sur le département avec un objectif relativement flou, puisque la préfecture évoquait une lutte « contre toutes les formes de délinquance », afin « d’améliorer le quotidien de nos concitoyens ».
Mais au final, c’est bien le trafic de stupéfiants qui était dans le viseur. D’ailleurs, une autre opération Tempête, cette fois en Haute-Savoie fin septembre, se définissait bien pour sa part comme une « opération anti-drogue ». Le bilan de la Tempête de l’Isère, et non Tempête du désert, insiste pour sa part sur les contrôles réalisés « contre l’économie souterraine », au sein de laquelle le trafic de stupéfiants occupe une place de choix. Seize opérations ont ainsi été menées pour démanteler des points de deal.
Une Tempête et une opération de communication
Peut-on aussi parler d’opération de communication ? Oui, tout de même. Rien que le nom de l’opération le suggère. Pas question bien sûr de nier le déploiement et l’implication des gendarmes, mais la préfecture de l’Isère a volontiers mis en avant cette « Tempête ». À noter d’ailleurs qu’elle reste discrète sur les éventuelles saisies en résultant, évoquant la prise d’armes et de munitions sans donner de détails, ce qui pourrait laisser penser que le bilan, à ce niveau-là, n’a rien de spectaculaire.
À noter encore que l’annonce de cette opération suivait de très près une autre annonce, qui provenait cette fois directement de l’Élysée, et indiquait la création de quatre nouvelles brigades de gendarmerie pour le département. Clairement, l’État affiche sa volonté de resserrer le vis, et plus particulièrement sur les territoires qui dépendent de la gendarmerie, quand les centres urbains sont, pour leur part, sous autorité de la police nationale.
Un trafic qui n’a rien d’amusant
Mais s’il faut parler de communication, il convient de faire remarquer que les trafiquants de stupéfiants savent aussi s’y prendre. Chacun garde en mémoire les opérations de promotion relayées sur les réseaux sociaux, menées par des dealeurs qui adoptaient ainsi les méthodes de n’importe quelle enseigne commerciale. On se souvient encore de la vente de ces sachets de cannabis sur lesquels figurait une caricature du ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti. Le procureur de la République s’en était presque amusé sur Twitter.
Sauf que le trafic de drogues est tout sauf amusant, et le procureur était empressé de le préciser. Les règlements de comptes ou expéditions punitives se multiplient en région grenobloise, quelquefois en pleine journée et dans des zones habitées et fréquentées, comme la place Saint-Bruno. Au-delà des morts et des blessés parmi les trafiquants eux-mêmes, qui sont déjà insupportables, on redoute le moment où une balle perdue fera une victime “civile“, si l’on peut employer ce terme.
Le trafic de drogues pourrit aussi la vie des habitants, comme le rappelle un récent clip coproduit par la Ville de Grenoble, qui montre la réalité d’un immeuble investi par les dealeurs, et leurs clients. On est loin du discours que tenait à Place Gre’net une ancienne élue grenobloise en 2019, qui s’émouvait beaucoup pour sa part… des conditions de travail des trafiquants, privés de 35 heures ou de congés payés. »
Chaque lundi midi, retrouvez la chronique L’Écho des médias sur RCF Isère (103.7 FM à Grenoble) en partenariat avec Place Gre’net. (Cliquer sur l’image pour accéder à toutes les chroniques.)