FLASH INFO – Le Conseil d’État a validé, jeudi 7 septembre 2023, l’interdiction du port de l’abaya comme du qamis dans l’enceinte des établissements scolaires publics. Le juge des référés du Conseil d’État estime en effet que le port de ces tenues « s’inscrit dans une logique d’affirmation religieuse, ainsi que cela ressort notamment des propos tenus au cours des dialogues engagés avec les élèves ». La situation a‑t-elle posé problème dans l’académie de Grenoble ?
C’est ce qu’affirme le rectorat. « La rentrée scolaire s’est bien passée de manière générale comme sur ce sujet ». Est-ce à dire qu’aucune élève n’a adopté le port de l’abaya pour se rendre dans son collège ou lycée ? Non, concède le cabinet de la rectrice Hélène Insel. Mais pas question pour autant de parler d’incidents ou de tensions particulières : c’est dans l’explication, le dialogue et la pédagogie que les situations se sont réglées, affirme l’académie.
« La plupart du temps, les élèves comprennent et appliquent la consigne d’elles-mêmes dès l’arrivée au portail. [Pour] certaines, on leur explique et cela se passe très bien. D’autres souhaitent échanger avec leurs familles. Il y a quelques situations à la marge où les familles ont été appelées et, de la même manière, cela s’est très bien passé », décrit ainsi le rectorat. Qui ajoute : « On préfère, quand il y a un besoin, que les élèves verbalisent clairement le désir d’appeler leurs familles, que l’information et la règle soient partagées par tous ».
Comme celui du voile, le port de l’abaya est interdit dans les établissements scolaires publics. Le rectorat de Grenoble fait état de « très peu » de cas dans l’académie, et affirme que le dialogue a permis de résoudre les situations. DR
Combien y a‑t-il eu d’établissements concernés ? « Très très peu », répond l’académie. « Vous avez vu les chiffres du ministre. Je vous laisse faire un rapide calcul au regard du poids de l’académie », ajoute le cabinet quand plus de précisions lui sont demandées.
Mardi 5 septembre, Gabriel Attal faisait état d’environ 300 personnes ayant tenté de déroger à la règle. Ce qui représenterait une quinzaine de cas pour l’académie de Grenoble, selon la logique du rectorat. Avec une répartition homogène sur les différents départements1L’Ardèche, la Drôme, l’Isère, la Savoie et la Haute-Savoie. , ajoute-t-il.
Le dialogue n’a toutefois pas été de mise partout en Auvergne-Rhône-Alpes. La Montagne révèle ainsi que le directeur d’un lycée de Clermont-Ferrand (qui dépend de l’académie du même nom) a reçu des menaces de mort répétées de la part d’un parent d’élève mécontent que sa fille ne puisse se rendre en cours vêtue de l’abaya.
L’homme a été placé en garde à vue et une plainte a été déposée. Le président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez a pour sa part annoncé le déploiement d’une « équipe de sécurité » dans l’établissement.
L’Association des femmes élues de l’Isère dénoncent l’abaya.
L’Association des femmes élues de l’Isère se prononce à son tour sur l’interdiction de l’abaya. Par voie de communiqué, elle dénonce « cette pratique qui a pour seul but de déstabiliser les principes de la laïcité que les lois de notre République encadrent ». Des lois qui « permettent aux femmes de notre pays de s’affirmer en tant qu’égales des hommes et cela sans signe distinctif d’habillement qui les contraignent pour les traiter à part des autres femmes en France », ajoute-t-elle.
Pour l’association, « nous ne devons pas plus tolérer le port de l’abaya que celui de la burka ou du tchador dans nos écoles et même ailleurs », car « ces vêtements revendiquent simultanément une appartenance à une communauté religieuse et une soumission patriarcale ». Et d’établir un parallèle avec l’Afghanistan, où les femmes « ont tout d’abord été contraintes de porter la burqa [et] sont aujourd’hui privées d’éducation et de soins et sont cloitrées chez elles chaque jour ».