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Sans titre - 1974 © Cy Twombly Foundation (photo : Ville de Grenoble / Musée de Grenoble / J.L. Lacroix

Pour sa nou­velle expo­si­tion, le Musée de Grenoble ouvre ses portes aux œuvres sur papier de Cy Twombly

Pour sa nou­velle expo­si­tion, le Musée de Grenoble ouvre ses portes aux œuvres sur papier de Cy Twombly

FOCUS – Une nou­velle expo­si­tion tem­po­raire est à décou­vrir au Musée de Grenoble jus­qu’au 24 sep­tembre 2023. Elle est consa­crée à l’ar­tiste amé­ri­cain Cy Twombly, avec la pré­sen­ta­tion de ses œuvres sur papier, conçues entre 1973 et 1977. Un tra­vail à la fois mys­té­rieux et fas­ci­nant jus­qu’a­lors peu exposé en France.

Il n’est pas tou­jours évident de pous­ser la porte d’une ins­ti­tu­tion cultu­relle et d’ac­cep­ter de se lais­ser sur­prendre. Et, à l’aube de l’été 2023, le Musée de Grenoble n’a évi­dem­ment pas le recul suf­fi­sant pour juger des consé­quences sur sa fré­quen­ta­tion de la nou­velle poli­tique tari­faire déci­dée par la Ville. Vendredi 2 juin, il n’en a pas moins inau­guré une nou­velle expo­si­tion tem­po­raire payante, consa­crée à Cy Twombly.

On returning from Tonnicoda - 1973 - Collection Cy Twombly Foundation - © Cy Twombly Foundation (photo Giorgio Benni)

On retur­ning from Tonnicoda – 1973 – © Cy Twombly Foundation (photo : Giorgio Benni)

Né aux États-Unis en 1928 et mort à Rome en 2011, cet artiste n’a­vait jus­qu’a­lors ins­piré que peu d’ex­po­si­tions en France (si ce n’est à Paris, au centre Pompidou). En mars 2021, le jour­nal Le Monde se fai­sait d’ailleurs l’é­cho d’un dif­fé­rend entre ses ayant-droits et le Musée du Louvre. Celui de Grenoble se concentre sur une courte période de la vie de Twombly. Son expo­si­tion pré­sente prin­ci­pa­le­ment des œuvres sur papier, créées entre 1973 et 1977.

L’idée : « Mettre en évi­dence l’im­por­tance de ce mode d’ex­pres­sion et reve­nir sur un moment de sa car­rière par­ti­cu­liè­re­ment fécond dans ce domaine », comme l’ex­plique le Musée. Plus de 80 pièces attendent les visi­teurs. Elles viennent prin­ci­pa­le­ment de la Cy Twombly Foundation, ainsi que de col­lec­tions publiques et pri­vées, en France et à l’é­tran­ger. Mais le Musée de Grenoble expose aussi un des­sin-col­lage de sa propre col­lec­tion, qu’il a pu réunir à d’autres d’une même série.

Le des­sin comme porte d’en­trée vers un uni­vers singulier

Visiter l’ex­po­si­tion, c’est entrer dans un monde. Celui d’un artiste voya­geur héri­tier de l’ex­pres­sion­nisme abs­trait amé­ri­cain et pétri d’autres influences, rupestres, archaïques ou “urbaines”. Un artiste déta­ché du figu­ra­tif qui, en son temps, a par­fois divisé la cri­tique et sus­cité des quo­li­bets, voire des mots plus qu’a­cerbes. Il est d’ailleurs peu pro­bable qu’il fasse désor­mais l’unanimité.

Virgil - 1973 © Cy Twombly Foundation (photo : Belisario Manicone)

Virgil – 1973 © Cy Twombly Foundation (photo : Belisario Manicone)

Approcher Twombly sans a priori, c’est peut-être le meilleur moyen de le décou­vrir. Avec un repère de date à l’es­prit : en 1973, l’ar­tiste a com­mencé à délais­ser la pein­ture au pro­fit du des­sin. De prime abord, il appa­raît, au Musée de Grenoble, comme un homme fas­ciné par la culture antique. Dès la pre­mière salle du par­cours d’ex­po­si­tion, le nom du poète latin Virgile s’im­pose au regard. 

Les mots sont d’ailleurs presque omni­pré­sents au cours de cette période de tra­vail de l’ar­tiste. Comme en contre­point, la cou­leur verte se répète dans cer­taines œuvres, en écho à l’en­vi­ron­ne­ment buco­lique dans lequel Twombly aimait s’im­mer­ger. C’est en les obser­vant de très près que l’on per­çoit au mieux les nuances de chaque créa­tion, jusque dans les matières de leur support.

Bacchanalia - Fall (5 days in November) - 1977 © Cy Twombly Foundation (photo : Haydar Koyupinar, Bayerische Staatsgemäldesammlungen, Museum Brandhorst München)

Bacchanalia – Fall (5 days in November) – 1977 © Cy Twombly Foundation (photo : Haydar Koyupinar, Bayerische Staatsgemäldesammlungen, Museum Brandhorst München)

Les figures mytho­lo­giques, elles, imprègnent aussi les tra­vaux de Twombly. On retrouve ainsi, sous dif­fé­rents aspects cal­li­gra­phiques, Apollon, Vénus, Pan, Mars, Orphée, Bacchus ou Dionysos. On découvre éga­le­ment des hom­mages à des poètes et des réfé­rences à des peintres ou écri­vains. Autant de pos­sibles sources d’ins­pi­ra­tion qui paraissent témoi­gner d’une forme de mélan­co­lie chez l’ar­tiste. Un sen­ti­ment à rebours de ce que ces réa­li­sa­tions pou­vaient avoir de neuf sur le plan formel.

Les œuvres sur papier que pré­sente le Musée de Grenoble regroupent des des­sins, des col­lages, des port­fo­lios. Comme pour annon­cer le pro­lon­ge­ment de la car­rière de Twombly, une salle accueille même une sculp­ture – avant les nom­breuses autres qu’il créera au cours des années 1980.

Des allu­sions éro­tiques… qui cor­res­pondent à une époque ?

Que pen­ser de ce tra­vail ? La réponse tient, comme tou­jours, au res­senti. Il est fla­grant qu’une cer­taine ima­ge­rie éro­tique par­court une par­tie des œuvres pré­sen­tées, de manière presque sub­li­mi­nale tou­te­fois. Il en est ainsi de ses des­sins consa­crés aux feuilles de ficus ou aux cham­pi­gnons. Cinquante ans plus tard, ces esthé­tiques sus­ci­te­ront peut-être des contro­verses, si ce n’est du rejet. Symboliquement, la der­nière salle accueille des œuvres qui évoquent des calen­driers et reviennent donc sur la notion de temps passé.

Sans titre - 1974 © Cy Twombly Foundation (photo : Belisario Manicone)

Sans titre – 1974 © Cy Twombly Foundation (photo : Belisario Manicone)

Pour faire res­sor­tir l’in­té­rêt artis­tique de ce qu’il pré­sente, le Musée de Grenoble a opté pour une scé­no­gra­phie épu­rée. En com­plé­ment des car­tels, quelques textes éclairent les œuvres en les repla­çant dans le contexte his­to­rique de la vie de l’ar­tiste. D’autres, issus de la lit­té­ra­ture ou des écrits théo­riques sur Twombly, ont été appo­sés pour inci­ter à la contem­pla­tion. De quoi prendre la mesure d’un per­son­nage com­plexe, qui a vécu par­fois très à l’é­cart du monde.

[Photo de Une : Sans titre – 1974 © Cy Twombly Foundation – photo : Ville de Grenoble / Musée de Grenoble / J.L. Lacroix]

Un trio de commissaires

Deux des com­mis­saires de l’ex­po­si­tion tra­vaillent pour le Musée de Grenoble : Guy Tosatto, le direc­teur qui quit­tera ses fonc­tions d’ici la fin de l’an­née, et Sophie Bernard, la conser­va­trice en chef pour l’art moderne et contem­po­rain. Ils ont col­la­boré avec Jonas Storvse, conser­va­teur en chef hono­raire d’arts gra­phiques du Centre Pompidou (Paris).

Martin de Kerimel

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