FOCUS – Entre 400 et 500 personnes ont manifesté ce samedi 25 mars 2023, à Grenoble, contre le projet de loi immigration de Gérald Darmanin ainsi que la loi dite « anti-squat » des députés Renaissance Guillaume Kasbarian et Aurore Bergé. Deux textes qui, selon les manifestants, relèvent d’une même logique, visant à criminaliser respectivement les étrangers et les squatteurs ou locataires précaires.
Depuis plus de deux mois, et encore plus depuis trois semaines, les manifestations se succèdent à un rythme effréné à Grenoble. Rebelote ce samedi 25 mars mais, cette fois, la lutte contre la réforme des retraites n’était pas la revendication principale des quelque 400 à 500 personnes défilant entre la rue Félix-Poulat et la place de Verdun. Un cortège venu exprimer son double refus des lois Darmanin et Kasbarian.
À l’origine, la Cisem (Coordination iséroise de solidarité avec les étrangers migrants) avait appelé à manifester contre le projet de loi asile et immigration du ministre de l’Intérieur, dans le cadre de la journée mondiale contre le racisme. À cette mobilisation s’est alors greffée celle contre la proposition de loi « visant à protéger les logements contre l’occupation illicite », dite loi « anti-squat », portée par les députés Renaissance Guillaume Kasbarian et Aurore Bergé.
« Pas mal de gens risquent d’être victimes des deux lois en même temps »
In fine, une quinzaine d’organisations (syndicats, partis, collectifs et associations) se sont associées pour cette manifestation demandant l’abrogation de ces deux lois certes distinctes mais relevant, selon elles, d’une logique similaire. D’où des revendications et mots d’ordre communs, comme l’illustrait le slogan de la banderole de tête : « Contre Darmanin et Kasbarian, papiers, logement pour tous.tes ».
« Toutes deux visent à criminaliser les plus précaires, qu’ils soient étrangers ou squatteurs, voire les deux à la fois, ce qui arrive souvent », explique ainsi Camille1Le prénom a été modifié, qui se définit elle-même comme militante antifasciste, féministe et pour le droit au logement. « En fait, pas mal de gens risquent d’être victimes des deux lois en même temps », ajoute-t-elle. « Par exemple, un exilé qui, en étant expulsé de son squat, se fait expulser dans la foulée vers son pays d’origine. »
« Les OQTF et les expulsions vont être multipliées », redoute Roseline Vachetta, militante au NPA. « Darmanin a annoncé hier à la radio qu’il voulait 4 000 expulsions par an, jusqu’à la fin du mandat. »
L’examen par le Sénat du projet de loi de Gérald Darmanin, qui devait démarrer mardi 28 mars, a finalement été reporté sur décision d’Emmanuel Macron, en raison du mouvement social contre la réforme des retraites. Néanmoins, le texte est toujours dans les tuyaux, le ministre de l’Intérieur en ayant fait une priorité, au service de ses ambitions politiques.
« Les OQTF (Obligations de quitter le territoire français) et les expulsions vont être multipliées », redoute Roseline Vachetta, militante au NPA. « Darmanin a annoncé hier à la radio qu’il voulait 4 000 expulsions par an, jusqu’à la fin du mandat. Et ça va encore plus loin avec l’inscription des sans-papiers au fichier des personnes recherchées. Ça veut dire que tous les moyens coercitifs vont être utilisés. Concrètement, on va pouvoir prendre leur ADN de force. »
Le titre de séjour lié à l’emploi dans des métiers « en tension »
Ainsi, « être sans-papiers est pour cette loi un acte de délinquance », dénonce l’ex-députée européenne, qui redoute également sa dimension économique. Soit le fait de lier le titre de séjour à l’emploi dans des métiers « en tension ». « C’est tout le travail des premiers de corvée, des boulots généralement mal payés, aux horaires élastiques, dans des conditions souvent épuisantes, parfois dangereuses », indique-t-elle.
Pour Roseline Vachetta, l’objectif, derrière ce projet de loi, est donc de « mettre à disposition du patronat une main-d’œuvre sans titre de séjour stable ni contrat de travail pérenne ». Tout cela s’ajoute, selon Enzo, animateur périscolaire, à d’autres conséquences comme « l’augmentation des placements en CRA (Centres de rétention administrative) en les multipliant sur tout le territoire ».
Trois ans de prison et 45 000 euros d’amende avec la loi Kasbarian-Bergé
Quant à la loi Kasbarian-Bergé – qui a déjà fait l’objet d’une manifestation fin janvier, à Grenoble -, celle-ci prévoit trois ans de prison et 45 000 euros d’amende pour toute personne entrant ou se maintenant dans n’importe quel bâtiment contre l’avis du propriétaire. « Du coup, ça criminalisera non seulement les squatteurs mais aussi tous les locataires qui auront des impayés de loyer », accuse Camille.
Déjà adoptée en première lecture à l’Assemblée nationale puis au Sénat, la proposition de loi retourne désormais en commission devant les députés. Ce qui fait craindre le pire au Dal 38, qui promet de lutter « jusqu’à son retrait ». Pour l’association, cette manifestation grenobloise donnait d’ailleurs le coup d’envoi d’une semaine d’actions pour le droit au logement. Avec des événements chaque jour, à Grenoble, jusqu’au dimanche 2 avril inclus.
Une réflexion sur « Grenoble : 400 à 500 manifestants contre les lois Darmanin sur l’immigration et Kasbarian dite « anti-squat » »
J’espere qu’un jour on fera appliquer la loi et rendre a cesar ce qui est a cesar.
Il y en a marre de ces gens que prennent ce qui appartient aux autres, vivement qu’on mette toute cette racaille dehors.