FOCUS - Les Jardins d'utopie ont été vandalisés et ciblés par des tags d'extrême droite, dans les nuits du 6 au 7 et du 8 au 9 mars 2023, sur le campus de Saint-Martin-d'Hères. Un acte lourd de symbole tant ce jardin potager partagé, créé en 2006 lors du mouvement étudiant anti-CPE, fait figure de haut lieu de la gauche radicale à l'Université Grenoble Alpes (UGA). Ces faits sont en outre survenus juste avant la conférence du syndicat étudiant de droite Uni, annulée devant la présence de manifestants antifascistes. Une nouvelle illustration de la tension régnant entre les deux camps sur le campus.
"Ils ont saccagé la caravane, détruit la cabane, arraché le mur, tagué des croix celtiques et des croix de Lorraine..." Inès3Le prénom a été modifié, militante à l'Action antifasciste (AFA) Grenoble, énumère les lourds dégâts subis par les Jardins d'utopie. Le jardin potager partagé situé sur le campus de Saint-Martin-d'Hères, devant la bibliothèque universitaire droit-lettres, a été vandalisé à deux nuits d'intervalle, dans les soirées du lundi 6 au mardi 7, puis du mercredi 8 au jeudi 9 mars 2023.
Les militants d'extrême droite ont signé leur acte en taguant des croix celtiques ainsi que des inscriptions "Faf". DR
Si l'action n'a, semble-t-il, pas été officiellement revendiquée, sa dimension politique comme la tendance idéologique des responsables ne font, elles, guère de doute. Outre les tags de symboles d'extrême droite et les inscriptions "Fuck AFA", ces derniers ont en effet signé leur forfait d'un "Faf4acronyme de "France aux Français"" sans équivoque.
Un symbole du mouvement anti-CPE devenu point de ralliement de la gauche
Le choix de la cible ne doit d'ailleurs rien au hasard, souligne Inès, qui évoque un acte lourdement et doublement "symbolique". D'abord car les Jardins d'utopie "existent depuis le mouvement contre le CPE (contrat première embauche)", rappelle-t-elle. Le lieu est ainsi directement issu de la contestation étudiante de 2006, lorsqu'un collectif a décidé d'utiliser sans autorisation des parcelles de gazon du campus pour y créer un jardin potager partagé.
Dix-sept ans plus tard, le jardin collectif expérimental est toujours là, accueillant également des débats politiques, des projections de films ou des spectacles. Il fait aujourd'hui figure de point de ralliement de la gauche radicale et de ses différentes chapelles (antifasciste, libertaire, féministe, écologiste...) à l'Université Grenoble Alpes (UGA). Mais aussi de repoussoir pour la droite, à l'instar de l'Uni, qui réclame régulièrement sa suppression depuis 2006.
Le local de La Tambrouille a été vandalisé dans la nuit du 8 au 9 mars. (...) "Détruire un lieu qui propose de la nourriture gratuite aux étudiants, c'est vraiment un symbole fort", s'indigne la militante de l'AFA.
Le second élément relevé par Inès est lié au "saccage du local de La Tambrouille", dans la nuit du 8 au 9 mars. Depuis 2016, cette cantine autogérée jouxtant les Jardins d'utopie sert des repas vegan à prix libre tous les lundis midi aux étudiants précaires, devant le parvis de la BU droit-lettres. "Détruire un lieu qui propose de la nourriture gratuite aux étudiants, c'est vraiment un symbole fort", s'indigne la militante de l'AFA Grenoble.
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