ÉVÉNEMENT – C’est au tour du Musée de Grenoble de rebondir sur la fascination que peuvent procurer les trésors de l’Égypte antique. Jusqu’au 19 février 2023, la salle Andry-Farcy accueille une exposition consacrée à l’égyptologie. Une présentation à la fois fascinante et instructive.
Une nouvelle exposition temporaire, consacrée à l’Égypte antique, vient d’ouvrir au Musée de Grenoble. Elle mérite le détour, même si elle est bien plus petite que l’exposition De la nature, qui regroupe les œuvres de quatre artistes contemporains. Les esthètes et curieux y découvriront quelques objets antiques égyptiens d’une valeur inestimable. C’est une chance : chacun d’eux offre un aperçu de la magnificence de la civilisation égyptienne au temps des pharaons.
Destinés aux rites funéraires de l’Égypte antique, ces vases canopes ont été manipulés par les frères Champollion. © Martin de Kerimel – Place Gre’net
Des vases canopes à tête de chacal, le couvercle d’une momie, un grand sarcophage… ces pièces uniques ont conservé un grand pouvoir de fascination. Difficile d’ailleurs de ne pas remarquer, outre les outrages du temps, ceux que les expériences scientifiques leur ont parfois fait subir. Les conservateurs d’aujourd’hui n’ont pas souhaité effacer certaines marques de manipulation : elles ont, elles aussi, une certaine valeur historique.
Parce que d’autres pièces sont extrêmement fragiles, elles sont remplacées par leur reproduction dessinée. Frustrant ? Non. C’est aussi une occasion d’observer les hiéroglyphes de très près !
Miraculeusement conservés jusqu’à aujourd’hui, certains trésors de l’Égypte antique n’ont rien perdu de leur pouvoir de fascination. © Martin de Kerimel – Place Gre’net
La première collection d’antiques de Grenoble, d’abord rassemblée par la bibliothèque municipale, date de 1777. Pour la présenter, le musée a fait le choix du didactisme. Il a mis l’accent sur l’arrivée des pièces dans ses murs et propose des explications sur les débuts de l’égyptologie. L’occasion de découvrir le travail des premiers Isérois, chercheurs et passionnés, à avoir étudié l’Égypte antique.
L’Égypte antique au prisme de la science… et à la lumière de la passion
Grâce à cette nouvelle exposition, les visiteurs pourront en apprendre davantage sur deux de ces personnages emblématiques : Jean-François Champollion et Louis de Saint-Ferriol.
Le premier fait beaucoup parler de lui en Isère, en cette année 2022. Et pour cause : il fut le premier, avec son frère Jacques-Joseph, à étudier et cataloguer les antiquités égyptiennes rassemblées à Grenoble. Il en rédigea notamment un tout premier catalogue entre 1810 et 1812. Puis, il y a pile 200 ans, il fut le premier à déchiffrer les hiéroglyphes.
D’autres événements ont déjà rebondi sur cet anniversaire : notamment la présentation de sa correspondance avec son aîné aux Archives départementales de l’Isère, celle des dessins de Salvatore Cherubini au Musée de Vif et l’exposition Égyptomania du Musée dauphinois.
L’exposition du Musée de Grenoble met en avant deux personnages clés, passionnés par l’Égypte antique : Jean-François Champollion et Louis de Saint-Ferriol. © Martin de Kerimel – Place Gre’net
Si Louis de Saint-Ferriol est moins illustre, le Musée de Grenoble a choisi d’honorer sa mémoire en raison d’un autre anniversaire important : celui des cent ans de l’inauguration de sa première salle d’égyptologie, qui portait alors le nom de Saint-Ferriol.
En 1841, ce riche aventurier avait entamé un périple méditerranéen sur les traces de Champollion. Il en revint avec de très nombreux objets – reliefs, momies, cercueils, dessins et estampes – qu’il fit livrer au château d’Uriage. Un cabinet de curiosités fut créé, ouvert aux savants et aux curistes, avant que le fils de Louis fasse don de la collection à la Ville de Grenoble, en 1916. Le début d’une autre belle aventure.
Le prélude à la réouverture des salles égyptiennes d’ici 2024
Le Musée de Grenoble est loin d’en avoir fini avec l’Égypte antique et ses mystères. Si les salles qui hébergeaient le fonds grenoblois sont inaccessibles au public depuis novembre 2021, c’est dans le cadre d’un projet de modernisation. Les équipes iséroises travaillent ainsi actuellement à la conception d’une nouvelle présentation des œuvres, en partenariat avec le Musée du Louvre.
Une reproduction de la stèle de Kouban visible au Musée de Grenoble. Couverte de hiéroglyphes, cette pièce antique commémore un événement exceptionnel du règne de Ramsès II : le forage d’un puits dans le désert. © Martin de Kerimel – Place Gre’net
Guy Tosatto, le directeur du musée, admet que la réouverture prévue a pris du retard pour des motifs techniques et financiers. Après quelques travaux d’aménagement, les merveilles de l’Égypte devraient toutefois ressortir des réserves fin 2023 ou début 2024. L’actuelle exposition tient donc lieu d’avant-propos.