FOCUS – Répondant à l’appel à la grève interprofessionnelle et à la mobilisation d’une intersyndicale iséroise, environ un millier de personnes ont manifesté, ce jeudi 10 novembre 2022 à Grenoble, pour une revalorisation des salaires, des pensions de retraite et des minimas sociaux. Mais aussi pour le départ à la retraite à 60 ans à taux plein, 32 heures de travail hebdomadaires ainsi que le retrait de la réforme de l’Assurance chômage. Une mobilisation en baisse par rapport à la précédente.
Après la journée de grève et de manifestation du 18 octobre 2022, l’intersyndicale CGT, FSU, Solidaires, CNT, UEG, Unef, MNL et IEL souhaitait « amplifier le mouvement », en appelant à une nouvelle mobilisation en faveur des salaires ce jeudi 10 novembre 2022 en Isère.
Mais à Grenoble, moins d’un millier de manifestants1Ils étaient 850 selon les autorités ; les organisations syndicales n’ont fourni aucun chiffre. ont défilé depuis l’avenue Alsace-Lorraine en direction de la place de Verdun pour revendiquer principalement une augmentation généralisée des salaires et défendre les droits sociaux. Soit deux fois moins de participants que pour la manifestation en faveur du pouvoir d’achat du 29 septembre 2022 qui avait réuni plus de 2 000 manifestants selon la police, 5 000 pour les organisateurs.
« Nous revendiquons le 15, 32, 60 », explique Élisa Balestrieri, responsable de la communication de la CGT en Isère. En l’occurrence, 15 euros de l’heure pour les salaires, 32 heures de travail par semaine et le départ à la retraite à 60 ans.
« Ce que nous demandons, c’est une hausse généralisée et pérenne des salaires, et non pas des primes, pour répondre à l’inflation qui est passée à 6,2 %, précise la syndicaliste. De l’argent, il y en a, donc la redistribution c’est possible. Et, outre les salaires, c’est aussi l’augmentation des minimas sociaux et des pensions de retraite que nous réclamons. »
De plus, poursuit-elle, « là, nous sommes sur les salaires mais, dans pas longtemps, il va y avoir la réforme des retraites et il nous faut maintenir la pression pour que les salariés ne partent pas à 65 ans ».
« C’est de plus en plus dur de vivre au quotidien »
Dans les rangs, outre des quidams, des personnels de l’Université Grenoble-Alpes (UGA), de Schneider Electric, des représentants de la culture, des politiques, retraités, lycéens, syndicalistes et aussi quelques gilets jaunes, dont Jacques du groupe de Crolles. « Nous sommes là parce que ce mouvement pour les salaires est important, confie-t-il. Il y a une inflation qui va galopant et, encore une fois, c’est le capital qui va sortir renforcé de l’histoire et, nous, nous allons devoir payer les pots cassés. »
Fonctionnaire, Véronique n’aurait manqué pour rien au monde cette manifestation. « Il y a une augmentation phénoménale des prix. C’est de plus en plus dur de vivre au quotidien et il est évident que les salaires doivent se voir augmentés pour que les gens puissent vivre décemment », expose-t-elle.
Et de prendre sa propre situation en exemple. « Nous sommes beaucoup à ne toucher que le Smic et, avec l’inflation, nous sommes dans l’obligation de prioriser nos achats au point d’aller jusqu’à calculer ce qu’on achète pour manger, de faire des choix drastiques », se désole la fonctionnaire.
Quelques rangées plus loin, sous une bannière de salariés de l’UGA, défilait Émile, thésard en informatique. « Nous avons eu une augmentation de 3,5 % du point d’indice des fonctionnaires mais ce n’est que la moitié de l’inflation. C’est ridicule !, estime-t-il. Tout autant que l’est la situation des vacataires payés à l’heure d’enseignement effectuée et qui se retrouvent, en fin de mois, avec un salaire en-dessous du Smic. »
Passer aux 32 heures pour « redistribuer le travail et la richesse des entreprises »
Un groupe de lycéens défilaient également avec toute la fougue de leur jeunesse. « Nous avons rejoint la mobilisation parce que nous voyons bien les difficultés que traversent nos parents, touchés par l’augmentation du coût de la vie et par les bas salaires », explique Nathan. Mais surtout, ce qui a poussé les lycéens à descendre dans la rue, complète-t-il, c’est la réforme des lycées professionnels, « qui va générer beaucoup d’inégalités et amener beaucoup de “chair à patrons” dans les entreprises ».
Et justement, à propos des chefs d’entreprise, « quand on sait qu’il y en a qui parviennent à s’augmenter de 15 à 30 %, même dans les PME, et que les salariés peinent à obtenir des augmentations, c’est bien qu’il y a un problème de redistribution de l’argent ! », s’indigne Élisa Balestrieri. Selon elle, passer aux 32 heures de travail hebdomadaires permettrait « de redistribuer et le travail et la richesse des entreprises ».
D’ailleurs, « nous avons dans nos cartons depuis des années un vrai projet à proposer au gouvernement, rappelle la syndicaliste. De même que pour l’égalité salariale entre hommes et femmes, ainsi que pour le départ à la retraite à taux plein. Ce ne sont pas des fantasmes de la CGT, c’est vraiment possible ! »