© Manuel Pavard - Place Gre'net

Journée de grève inter­pro­fes­sion­nelle à Grenoble : plu­sieurs ras­sem­ble­ments et actions et de nom­breux sec­teurs mobilisés

Journée de grève inter­pro­fes­sion­nelle à Grenoble : plu­sieurs ras­sem­ble­ments et actions et de nom­breux sec­teurs mobilisés

REPORTAGE VIDÉO - L'intersyndicale iséroise appelait à une nouvelle journée de grève et mobilisation, ce mardi 18 octobre 2022, dans le cadre d'un mouvement national interprofessionnel pour l'augmentation des salaires et la défense du droit de grève. Plusieurs rassemblements étaient ainsi prévus à Grenoble, notamment devant le siège du Medef Isère, avant la manifestation contre la réforme du lycée professionnel, entre la rue Félix-Poulat et le rectorat. Un cortège de 1000 à 2000 manifestants, dont des lycéens et étudiants, à l'instar des élèves du lycée Stendhal qui ont bloqué temporairement l'entrée de l'établissement ce mardi matin.

Dans un contexte social déjà explosif depuis la rentrée, l'annonce par le gouvernement de la réquisition des salariés grévistes des raffineries et dépôts de carburant a mis le feu aux poudres. Un argument supplémentaire pour l'intersyndicale (CGT, FO, FSU, Solidaires, Fidl, MNL, VL, Unef) qui appelait, ce mardi 18 octobre 2022, en Isère comme partout en France, à une nouvelle journée de grève interprofessionnelle "pour l'augmentation des salaires et la défense du droit de grève".

Grève interprofessionnelle : plusieurs rassemblements à Grenoble. © Manuel Pavard - Place Gre'net

Entre 1000 et 2000 manifestants se sont rassemblés devant le siège du Medef Isère, avant de rejoindre la manifestation contre la réforme du lycée professionnel, au départ de la rue Félix-Poulat. © Manuel Pavard - Place Gre'net

Dans l'agglomération grenobloise, plusieurs rassemblements et actions étaient ainsi prévus tout au long de la journée. Un mouvement social d'autant plus vaste qu'une autre mobilisation était initiée en parallèle par les enseignants et élèves de lycées professionnels, ce mardi, contre la "réforme Grandjean".

Au final, ces deux journées d'action, à l'origine distinctes, ont pu s'associer à Grenoble, les syndicats mobilisés pour la revalorisation des salaires appelant à rejoindre la manifestation pour la défense des lycées professionnels, en début d'après-midi.

Des élèves ont bloqué le lycée Stendhal puis rejoint la manifestation

Illustration de cette convergence des luttes : le mouvement naissant dans les lycées isérois. À Grenoble, des lycéens de la cité scolaire Stendhal ont ainsi bloqué, dès 7 heures, l'entrée de l'établissement, et ce, jusqu'en milieu de matinée, tandis qu'au lycée Argouges, des élèves distribuaient des tracts. Mobilisation également dans le reste du département, comme dans les lycées Ferdinand-Buisson (la Nat') à Voiron et Ella-Fitzgerald à Vienne, où se sont tenus des rassemblements et piquets de grève.

Grève interprofessionnelle : plusieurs rassemblements à Grenoble

Des lycéens de la cité scolaire Stendhal ont bloqué temporairement l'entrée du lycée, ce mardi 18 octobre 2022 au matin, avant de rejoindre la manifestation devant le Medef. © Florent Mathieu - Place Gre'net

"On se mobilise principalement pour deux choses", explique Nathan Weber, co-secrétaire général du Mouvement national lycéen (MNL) Isère. "On suit l'appel à la grève générale lancé par l'intersyndicale interprofessionnelle car on pense qu'il y a une urgence sur les salaires. Et on suit également l'appel à s'opposer à la réforme des lycées pros, qui vient casser une voie professionnelle déjà fragilisée depuis des années."

© Manuel Pavard - Place Gre'net

Ce blocus, poursuit Barbara, lycéenne à Stendhal, vise aussi à "faire valoir des revendications, notamment concernant Parcoursup, une plateforme extrêmement sélective, sur des critères incompréhensibles et très stressants pour les élèves". Elle dénonce par ailleurs "les dotations horaires et les suppressions de postes de professeurs, qui engendrent des classes surchargées et des conditions de travail déplorables". Sans oublier "la réforme du Bac", peu appréciée des élèves.

Entre 1000 et 2000 personnes se sont rassemblées devant le siège isérois du Medef, accusé par un manifestant de "bloquer toute revalorisation des salaires, d'entraver le droit de grève et de soutenir toutes les mesures antisociales du gouvernement".

Une longue liste (non exhaustive) de revendications que les lycéens grenoblois ont pu ensuite exprimer dans la rue, formant un cortège lycéen et étudiant au sein du rassemblement devant le siège du Medef Isère, à Grenoble. L'intersyndicale - à l'exception notable de FO1voir plus bas - avait en effet choisi de se regrouper, à partir de 11 heures, devant ce lieu particulièrement symbolique, afin de mettre le patronat devant ses responsabilités.

© Manuel Pavard - Place Gre'net

Les syndicats avaient appelé à se réunir devant le siège départemental du Medef sur le boulevard Foch, premier temps fort de cette journée de mobilisation. © Manuel Pavard - Place Gre'net

Car c'est bien "le blocage patronal qui crée aujourd’hui la pénurie de carburants", affirment les syndicats. Et parmi les 1000 (selon la police) à 2000 (selon la CGT) manifestants rassemblés sur le boulevard Foch, beaucoup, à l'image de Sylvain, technicien de maintenance quadragénaire, pointaient "le rôle néfaste du Medef".

Grève interprofessionnelle : plusieurs rassemblements à Grenoble. © Manuel Pavard - Place Gre'net

Le Medef était particulièrement ciblé par les banderoles et slogans des manifestants. © Manuel Pavard - Place Gre'net

L'organisation patronale est ainsi accusée de "bloquer toute revalorisation des salaires, d'entraver le droit de grève et de soutenir toutes les mesures antisociales du gouvernement", détaille celui qui se décrit comme un "salarié au bout du rouleau". "Le Medef, ce sont des gens qui sont hors sol", raille son collègue Fabrice. "L'inflation, la hausse des prix de l'électricité, du carburant, etc, ça ne les touche pas vraiment. Pourtant, ils osent refuser un coup de pouce pour les salaires."

FO a préféré organiser son propre rassemblement devant la préfecture

Seul bémol dans cette quasi-unanimité syndicale, l'absence remarquée de FO, pourtant signataire de l'appel à la grève au niveau national. L'Union départementale FO de l'Isère avait ainsi dédaigné le rendez-vous devant le Medef, préférant faire cavalier seul et organiser son propre rassemblement sur la place de Verdun, à partir de 10 heures.

L'UD FO de l'Isère ne s'était pas jointe au rassemblement devant le Medef, préférant manifester devant la préfecture pour dénoncer la responsabilité du gouvernement. © Florent Mathieu - Place Gre'net

Le syndicat estime en effet que "ne pas manifester devant la préfecture revient à épargner le gouvernement, totalement responsable de la situation". Car pour la cinquantaine de militants FO réunis place de Verdun, "c'est bien le gouvernement qui décide de remettre en cause le droit de grève dans le cadre de réquisitions de salariés".

Les deux mobilisations ont fusionné pour la manifestation

Les différents syndicats se sont néanmoins tous retrouvés en début d'après-midi pour converger vers la rue Félix-Poulat d'où s'élançait la manifestation contre la réforme Grandjean sur l'enseignement professionnel, prévue de longue date à l'initiative de la FSU. Les manifestants présents devant le siège du Medef sont donc venus gonfler les rangs des élèves et enseignants de lycées professionnels.

© Joël Kermabon - Place Gre'net

Deux mobilisations qui ont ainsi fusionné dans les rues du centre-ville, derrière une nouvelle banderole de tête. Le cortège de 1000 à 2000 personnes - chiffre similaire à celui observé devant le Medef - a ensuite défilé, en passant par la cité administrative, jusqu'au rectorat où une délégation devait être reçue.

Selon le rectorat, "le taux de participation au mouvement de grève dans l’académie de Grenoble est de 5,55 %, dont 1,02 % pour les enseignants du premier degré et 10,08 % pour ceux du second degré".

Débrayage d'une heure chez Air Liquide à Sassenage

Cette journée d'action ne se limitait toutefois pas aux rassemblements et manifestations organisés par l'intersyndicale. Des mouvements de grève ont notamment touché le secteur public, comme à la SNCF ou dans les écoles (cantines et accueil périscolaire), mais aussi les entreprises et établissements privés.

© CGT Air Liquide

Environ 120 salariés d'Air Liquide ont débrayé sur le site de Sassenage, de 14h à 15h, pour réclamer une revalorisation des salaires de 10% et le paiement des jours de grève. © CGT Air Liquide

Exemple chez Air Liquide, à Sassenage, où quelque 120 salariés ont débrayé sur le parvis durant une heure, entre 14 et 15 heures. Réunis à l'appel de la CGT, ceux-ci demandent "une augmentation générale de 10 % pour tous" ainsi que "le paiement des heures de grève" - suite notamment à leur mouvement national de janvier 2022. Et les grévistes avertissent la direction : sans retour positif de sa part, ils appelleront à une nouvelle journée de mobilisation ce mercredi 19 octobre.

Quelque 150 salariés en grève à la clinique Belledonne

Le mécontentement a également gagné la clinique Belledonne, à Saint-Martin-d'Hères. Environ 150 salariés (soit un tiers de l'effectif) se sont rassemblés dès 7 heures, devant cet établissement appartenant au groupe Elsan, à l'initiative du syndicat CFDT Santé-Sociaux de l'Isère. Une "mobilisation historique puisque le secteur de l'hospitalisation privée à but lucratif n'a pas connu de grève d'ampleur nationale depuis 40 ans", se félicite le syndicat.

Tous les secteurs de la clinique étaient représentés : les soins ambulatoires, la chirurgie, la réanimation, les blocs opératoires ou encore l’entretien. Leurs revendications ? "De meilleurs salaires et des conditions de travail décentes pour une meilleure prise en charge des patients", précisent les salariés grévistes.

Manuel Pavard

Auteur

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

A lire aussi sur Place Gre'net

Rassemblement devant le Medef et manifestation à Grenoble pour la journée de mobilisation du 18 octobre
Rassemblement devant le Medef et mani­fes­ta­tion à Grenoble pour la jour­née de mobi­li­sa­tion du 18 octobre 2022

EN BREF - Après la journée de mobilisation pour le pouvoir d'achat du jeudi 29 septembre 2022, l'intersyndicale iséroise appelle de nouveau à la grève. Lire plus

Manifestation à Grenoble le 29 septembre dans le cadre du mouvement interprofessionnel pour le pouvoir d'achat
Manifestation à Grenoble le 29 sep­tembre dans le cadre du mou­ve­ment inter­pro­fes­sion­nel pour le pou­voir d’achat

EN BREF - L'intersyndicale iséroise appelle les salariés à participer au mouvement national de grève et de manifestation interprofessionnelles en faveur du pouvoir d'achat du Lire plus

Le syndicat des internes en médecine générale de Grenoble soutient le mouvement de grève des étudiants en médecine du 14 octobre
Le syn­di­cat des internes en méde­cine géné­rale de Grenoble sou­tient le mou­ve­ment de grève des étu­diants en méde­cine du 14 octobre 2022

FLASH INFO - Le mouvement de colère se poursuit dans le milieu de la santé, et gagne également ses étudiants. Par voie de communiqué, les Lire plus

Grève et manifestation devant l'IMT de Grenoble pour réclamer une hausse du point d'indice des salariés de la CCI
Grève et mani­fes­ta­tion devant l’IMT de Grenoble pour récla­mer une hausse du point d’in­dice des sala­riés de la CCI

FLASH INFO - Une cinquantaine de salariés de l'IMT de Grenoble (Institut des métiers et techniques) ont manifesté leur colère devant les grilles de l'établissement, Lire plus

Assemblée générale du Medef Isère à Grenoble, sur fond d'accusations de "greenwashing"
Manifestation anti­ca­pi­ta­liste lors de l’as­sem­blée géné­rale du Medef Isère, accusé de “green­wa­shing”

FOCUS - Le Medef Isère tenait son assemblée générale à Grenoble jeudi 23 juin, en présence du président du syndicat national Geoffroy Roux de Bézieux. Lire plus

Manifestation des aide-soignants et auxiliaires de puériculture pour exiger la prime en soins critiques
Manifestation d’aide-soi­gnants et d’auxi­liaires de pué­ri­cul­ture du Chuga pour exi­ger la prime en soins critiques

EN BREF - Les aide-soignants et auxiliaires de puériculture en soins critiques ont manifesté, jeudi 6 octobre 2022, sur le site nord du CHU Grenoble-Alpes. Lire plus

Flash Info

Les plus lus

Agenda

Je partage !