CHRONIQUE – Place Gre’net s’associe à la radio RCF Isère chaque lundi midi dans la chronique L’Écho des médias. Notre objectif ? Revenir sur une actualité, décrypter une information… ou délivrer quelques coulisses du traitement d’une nouvelle. Pour cette chronique sur RCF épisode 33 du lundi 30 mai, retour sur la Marche des fiertés qui s’est déroulée à Grenoble.
Retrouvez ci-dessous la chronique RCF 33 sur la Marche des fiertés en version texte, et sa version radiophonique en cliquant sur le lecteur ci-dessous.
« Aujourd’hui, nous allons revenir sur la Marché des fiertés. Plus connue peut-être sous son ancien nom de Gay Pride, elle avait lieu dans toute la France le samedi 28 mai. Et notamment à Grenoble, où les participants s’étaient donné rendez-vous au Jardin de Ville, dans une ambiance pour le moins festive et volontiers exubérante. Un événement qui a aussi une dimension revendicative, avec en particulier la présence d’associations de prévention des maladies sexuellement transmissibles ou de lutte contre l’homophobie.
Une véritable déferlante de commentaires négatifs
Cependant, le relais de cette Marche des fiertés a suscité des réactions parfois virulentes. Nos publications sur Facebook ont provoqué une véritable déferlante de commentaires négatifs, allant de la simple critique aux injures homophobes les plus outrancières. Et, il faut le dire, nous en avons été surpris. Des sujets qui pourraient sembler nettement plus polémiques, comme récemment la question du burkini, ont presque engendré moins de commentaires qu’une Marche des fiertés pourtant ancrée dans le paysage français depuis près de trente ans.
Face à une telle vague, il est évidemment nécessaire de faire de la modération. Car, au-delà des responsabilités légales, Place Gre’net n’a pas vocation à laisser perdurer des commentaires injurieux ou incitant à la haine sur sa page Facebook.
Un exercice qui n’a rien d’évident, puisque modération ne signifie pas censure. Et la ligne est parfois fine entre ce qui relève d’une opinion, aussi dérangeante puisse-t-elle être aux yeux de certains, et ce qui relève d’une insulte.
Ces messages négatifs ne représentent en réalité qu’une vaguelette
Mais, finalement, de quoi ces commentaires sont-ils représentatifs ? C’est l’éternelle question à se poser quand on parle des réseaux sociaux. Chaque personne qui intervient ne représente qu’elle-même (ce qui est déjà très bien), et cela nous amène à relativiser sur cette impression de masse qui peut résulter d’un ensemble de commentaires similaires.
Certes, les messages négatifs sur la Marche des fiertés se comptent par dizaines, et nous avons été contraints d’en modérer une quinzaine. Mais la manifestation à Grenoble a rassemblé à elle seule plus de 5 000 personnes. Et pas uniquement des personnes qui appartiennent à la “communauté” LGBT.
C’est aussi pourquoi, contrairement à certains confrères, nous évitons généralement d’accorder trop d’importance aux commentaires Facebook ou Twitter dans nos articles. La parole de chacun est libre d’être exprimée et, après tout, un raz-de-marée de commentaires négatifs sur un réseau social ne représente souvent qu’une vaguelette si on le rapporte à l’ensemble de la population.
Les médias sociaux utilisent nos émotions pour s’auto-alimenter
Le mentionner peut parfois avoir du sens, mais il convient d’aborder la chose avec beaucoup de prudence, et surtout de la contextualiser. Car les médias sociaux utilisent nos émotions, positives comme négatives, pour s’auto-alimenter.
Enfin, il ne faudrait pas noircir le tableau : nombre d’internautes s’expriment sans avoir recours à l’injure. Et certains se montrent même ouverts au dialogue, bien que les réseaux sociaux ne s’y prêtent, hélas, pas très bien.
Quant aux propos les plus excessifs ou orduriers, ils traduisent souvent des peurs, des frustrations ou des colères qui n’ont plus grand-chose à voir avec l’objet du débat. Et certains méritent finalement presque plus de compassion que d’indignation. »
Chaque lundi midi, retrouvez la chronique L’Écho des médias sur RCF Isère (103.7 FM à Grenoble) en partenariat avec Place Gre’net. (Cliquer sur l’image pour accéder à toutes les chroniques.)