Ésad de Grenoble: fronde face à la fermeture prévue de l'atelier de gravure

École supé­rieure d’art et design de Grenoble : fronde face à la fer­me­ture pré­vue de l’a­te­lier de gravure

École supé­rieure d’art et design de Grenoble : fronde face à la fer­me­ture pré­vue de l’a­te­lier de gravure

FOCUS – Alors que l’a­te­lier de gra­vure de l’École supé­rieure d’art et design de Grenoble (Esad) doit fer­mer, les usa­gers du lieu refusent caté­go­ri­que­ment de démé­na­ger. Depuis huit mois, ils tentent de négo­cier avec la direc­tion, sans suc­cès à ce jour. En atten­dant, ensei­gnants et par­ti­ci­pants des cours conti­nuent de tra­vailler dans le flou.

Au 3 rue Federico Lorca souffle un vent de rébel­lion. Les adhé­rents et pro­fes­seurs de l’a­te­lier de gra­vure de l’École supé­rieure d’art et design de Grenoble (Esad) entendent en effet dénon­cer la fer­me­ture pro­gram­mée de l’a­te­lier de gra­vure. Et ce qu’ils consi­dèrent comme un déman­tè­le­ment de leurs infra­struc­tures au sein de cet éta­blis­se­ment public local cultu­rel, exer­çant sous la tutelle péda­go­gique de l’État, avec le sou­tien des col­lec­ti­vi­tés territoriales.

« Pour une ville qui se reven­di­quait ville de culture il y a quelques années, ça la fout mal », se déses­père Vincent Brunet, qui dirige l’a­te­lier. Pour lui, la mai­rie cherche à mettre la pous­sière sous le tapis. « Mon contrat de vaca­tion est devenu illé­gal il y a quelques années. Cette déci­sion de la mai­rie leur per­met d’a­ban­don­ner mon poste et quelques autres. À long terme, la volonté poli­tique, c’est de déman­te­ler ce bel espace. »

Vincent Brunet l’en­sei­gnant de gra­vure. © Elias Muhlstein – Place Gre’net

Les coupes bud­gé­taires invo­quées par l’ins­ti­tu­tion le font sou­rire. Il n’y croit pas du tout . « Moi, j’ai 60 élèves ici. Vu ce qu’ils me payent et ce que les adhé­rents payent en coti­sa­tion, je ne peux pas croire que ce soit un pro­blème de bud­get. » Pascal Sarrazin, pro­fes­seur de pho­to­gra­phie désa­busé, plus­soie : « Nous fai­sons de très bons cours. Les audi­teurs sont contents de ce qu’on fait. Pourtant, aucun de nous ne va être renouvelé… »

Les adhé­rents souffrent, selon cer­tains d’entre eux, d’un manque de com­mu­ni­ca­tion criant de la part de la direc­tion. « Depuis le 25 sep­tembre, j’ai relancé avec deux séries de mails. Je n’ai jamais reçu de réponse », témoigne Pierre Garbolino, l’un des adhé­rents. Face à cela, une cagnotte ins­tal­lée dans l’a­te­lier per­met ainsi de finan­cer l’en­voi des cour­riers recom­man­dés aux dif­fé­rentes institutions.

Un ate­lier irremplaçable

Si les gra­veurs se battent autant contre la fer­me­ture de cet ate­lier, c’est que l’on n’en trouve pas de cette qua­lité à tous les coins de rue. « Vous avez des outils ici qui néces­sitent beau­coup d’es­paces, qui sont même plu­tôt rares », explique Anne-Marie Louvet, en pré­sen­tant à côté d’elle un impo­sant broyeur à grains.

L’atelier béné­fi­cie pour l’ins­tant de lourds maté­riels qui demandent beau­coup d’es­pace. © Elias Muhlstein – Place Gre’net

Mais le prin­ci­pal pro­blème, est que la seule solu­tion de repli pour ces pas­sion­nés demeure l’Université inter-âges du Dauphiné (UIAD). Or cette asso­cia­tion a l’in­con­vé­nient de ne pas être recon­nue d’utilité publique et, sur­tout, d’oc­cu­per des locaux bien plus res­treints. Ils craignent donc que cer­tains d’entre eux res­tent sur le carreau.

« La salle de classe de l’UIAD que j’ai visi­tée l’an der­nier est une salle bana­li­sée et plu­ri­dis­ci­pli­naire. Elle ne per­met aucu­ne­ment d’y trans­fé­rer l’é­qui­pe­ment lourd et ne cor­res­pond en rien au fonc­tion­ne­ment pos­sible d’un ate­lier de gra­vure », pointe ainsi Pierre Garbolino dans un cour­rier à la direc­trice de l’Esad.

Une voie de négociation ?

Pour eux, la solu­tion serait de gar­der ces locaux mais de les trans­mettre à la res­pon­sa­bi­lité de l’UIAD sous forme de par­te­na­riat. Ce qui, selon leurs cal­culs, per­met­trait à l’Esad d’alléger son bud­get, tout en gar­dant les mêmes stan­dards pour ensei­gnants et adhérents.

Ésad de Grenoble: fronde face à la fermeture prévue de l'atelier de gravure

55 adhé­rents adultes et 60 sco­laires pro­fitent de l’a­te­lier de gra­vure. © Elias Muhlstein ‑Place Gre’net

Afin de ten­ter de se faire entendre, les adhé­rents ont mis en ligne une péti­tion de défense des ate­liers publics de l’Esad. Cette péti­tion, ayant déjà récolté plus de 600 signa­tures, rejoint la pre­mière, consa­crée uni­que­ment à l’a­te­lier de gra­vure. Et qui a, elle, dépassé la barre des 800 signatures.

La mobi­li­sa­tion semble en tout cas avoir porté ses fruits puisque l’Esad a décidé d’in­vi­ter les repré­sen­tants délé­gués des col­lec­tifs à une réunion. Cette der­nière se tien­dra mardi 31 mai de 18 heures à 19 heures aux « ate­liers tous publics », en pré­sence d’Amel Nafti, direc­trice géné­rale, et de Pascal Clouaire, pré­sident de l’Esad Grenoble-Valence.

Le len­de­main se tien­dra à Valence le conseil d’ad­mi­nis­tra­tion de l’Esad qui va déci­der de l’a­ve­nir des ate­liers tous publics. Et les par­ti­sans de l’a­te­lier de gra­vure comptent bien être du voyage…

Elias Muhlstein

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