Place Gre’net s’associe à la radio RCF Isère chaque lundi midi dans la chronique L’Écho des médias. Notre objectif ? Revenir sur une actualité, décrypter une information… ou délivrer quelques coulisses du traitement d’une nouvelle. Pour cette chronique sur RCF épisode 27 du lundi 4 avril, retour sur la féminisation annoncée de noms de lieux à Grenoble.
Retrouvez ci-dessous la chronique RCF épisode 27 en version texte, et sa version radiophonique en cliquant sur le lecteur ci-dessous.
« Aujourd’hui nous allons parler de… toponymie. La toponymie désigne, comme chacun sait (bien sûr !), la dénomination de lieux. Le nom d’une rue, d’un parc, d’une place, relève ainsi de la toponymie. Et cette toponymie, elle a fait débat lors du dernier conseil municipal de Grenoble, lundi 28 mars.
Il était en effet proposé aux élus de donner un nom féminin à cinq lieux de Grenoble. À savoir le Jardin des Plantes, qui devient le Jardin des Plantes – Joséphine-Baker, le Jardin des Vallons qui devient le Jardin Gisèle-Halimi, la place de la gare qui devient la place Madeleine Pauliac, la halle de tennis de l’avenue Mogne qui prend le nom d’Alice Milliat, et enfin le futur parc du quartier Bouchayer-Viallet qui sera nommé Isaure Périer.
Une féminisation qui n’a pas posé problème en elle-même. Emmanuel Carroz, adjoint à Grenoble, a d’ailleurs rappelé une cruelle réalité : à Grenoble, seuls 37 lieux portent des noms de femmes. Contre 605 pour des hommes. À partir de là, difficile de nier la nécessité de procéder à un rattrapage.
Mais d’autres noms, masculins ceux-là, se sont tout de même invités dans le débat. En l’occurrence, ceux de Jacques Chirac, Valéry Giscard d’Estaing et Samuel Paty.
S’agissant des deux premiers, le maire de Grenoble avait en effet fait part de son intention de rendre hommage aux deux anciens présidents. À l’occasion des décès de Jacques Chirac puis de Valéry Giscard d’Estaing, Éric Piolle s’était bel et bien engagé à proposer au conseil municipal que des lieux de Grenoble soient nommés d’après l’un et l’autre. Un engagement qu’il n’a jamais tenu. Et qu’il aurait donc mieux valu pour lui ne pas formuler.
C’est Alain Carignon qui a remis le sujet au goût du jour. Emmanuel Carroz lui a répondu en évoquant l’idée d’un lieu qui pourrait « réunir ces mémoires ». L’adjoint s’inspire peut-être du « President Hall », que l’on peut visiter à Disney World en Floride. En tout cas, l’idée aurait le mérite de satisfaire également les nostalgiques de Félix Faure ou de Raymond Poincaré.
Les choses ont été nettement plus tendues concernant Samuel Paty. Parce que le sujet est grave. C’est l’élue d’opposition Delphine Bense (du groupe d’Emilie Chalas) qui a proposé que la Place des Mosaïques – là encore une nouvelle dénomination – prenne plutôt le nom de l’enseignant assassiné. Les débats ont tourné au vinaigre autant qu’à l’imbroglio institutionnel, dont nous vous épargnons les détails.
Pour résumer, la Ville de Grenoble affirme sa volonté de rendre hommage à Samuel Paty… mais dans le cadre d’une réflexion plus poussée et collégiale. Et le maire de Grenoble n’a pas manqué de renvoyer la balle à ses opposantes. En reprochant à Delphine Bense et Émilie Chalas de chercher la polémique plutôt que le consensus.
Finalement, les débats ont duré plus de quarante minutes, pour une délibération qui a pourtant été adoptée à l’unanimité, et sans aucune abstention. Preuve que, décidément, le choix du nom d’une rue, d’une place ou d’une école n’a rien d’anecdotique. Du moins, quand il est question de faire appel à une figure historique. »
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