CHRONIQUE – Place Gre’net s’associe à la radio RCF Isère chaque lundi midi dans la chronique L’Écho des médias. Notre objectif ? Revenir sur une actualité, décrypter une information… ou délivrer quelques coulisses du traitement d’une nouvelle. Pour cette chronique sur RCF épisode 27 du lundi 4 avril 2022, retour sur la toponymie à Grenoble et plus précisément la féminisation annoncée de noms de lieux.
Retrouvez ci-dessous la chronique RCF 27 sur la toponymie à Grenoble en version texte, et sa version radiophonique en cliquant sur le lecteur ci-dessous.
« Aujourd’hui, nous allons parler de… toponymie. Ce mot désigne, comme chacun sait (bien sûr !), la dénomination de lieux. Le nom d’une rue, d’un parc, d’une place, relève ainsi de la toponymie. Et cette toponymie a fait débat lors du dernier conseil municipal de Grenoble, lundi 28 mars.
À Grenoble, seuls 37 lieux portent des noms de femmes
Il était en effet proposé aux élus de donner un nom féminin à cinq lieux de Grenoble. À savoir le jardin des Plantes, qui devient le jardin des Plantes – Joséphine-Baker ; le jardin des Vallons, renommé jardin Gisèle-Halimi ; la place de la Gare, qui se transforme en place Madeleine-Pauliac ; la halle de tennis de l’avenue de la Mogne, qui prend le nom d’Alice-Milliat ; enfin, le futur parc du quartier Bouchayer-Viallet, désormais appelé Isaure-Périer.
Une féminisation qui n’a pas posé problème en elle-même. Emmanuel Carroz, adjoint à Grenoble, a d’ailleurs rappelé une cruelle réalité : à Grenoble, seuls 37 lieux portent des noms de femmes, contre 605 portant des noms d’hommes. À partir de là, difficile de nier la nécessité de procéder à un rattrapage.
Les présidents s’invitent dans le débat sur la toponymie
Mais d’autres noms, masculins ceux-là, se sont tout de même invités dans le débat. En l’occurrence, ceux de Jacques Chirac, de Valéry Giscard d’Estaing et de Samuel Paty.
Concernant les deux anciens présidents, le maire de Grenoble avait en effet fait part de son intention de leur rendre hommage. À l’occasion des décès de Jacques Chirac, puis de Valéry Giscard d’Estaing, Éric Piolle s’était ainsi bel et bien engagé à proposer au conseil municipal que des lieux de Grenoble soient nommés d’après l’un et l’autre. Un engagement qu’il n’a jamais tenu et qu’il aurait donc mieux valu pour lui ne pas formuler.
C’est Alain Carignon qui a remis le sujet au goût du jour. Emmanuel Carroz lui a répondu en évoquant l’idée d’un lieu qui pourrait “réunir ces mémoires”. L’adjoint s’inspire peut-être du “Hall of Presidents”, que l’on peut visiter à Disney World en Floride. En tout cas, l’idée aurait le mérite de satisfaire également les nostalgiques de Félix Faure ou de Raymond Poincaré.
Samuel Paty ne fait pas l’unanimité
Les choses ont été nettement plus tendues concernant Samuel Paty. Parce que le sujet est grave. C’est l’élue d’opposition Delphine Bense (du groupe d’Émilie Chalas) qui a proposé que la place des Mosaïques – là encore, une nouvelle dénomination – prenne plutôt le nom de l’enseignant assassiné. Les débats ont tourné au vinaigre autant qu’à l’imbroglio institutionnel, dont nous vous épargnons les détails.
Pour résumer, la Ville de Grenoble affirme sa volonté de rendre hommage à Samuel Paty… mais dans le cadre d’une réflexion plus poussée et collégiale. Et le maire n’a pas manqué de renvoyer la balle à ses opposantes. En reprochant à Delphine Bense et à Émilie Chalas de chercher la polémique plutôt que le consensus.
Finalement, les débats ont duré plus de quarante minutes, pour une décision qui a pourtant été adoptée à l’unanimité, et sans aucune abstention. Preuve que, décidément, le choix du nom d’une rue, d’une place ou d’une école n’a rien d’anecdotique. Du moins, quand il est question de faire appel à une figure historique. »
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