EN BREF – Jusqu’au 26 août 2022, le musée de Grenoble présente l’exposition « Sparks » de la photographe polonaise Wiktoria Wojciechowska. Une série de 72 portraits de volontaires ukrainiens saisis pendant la guerre dans le Donbass. Des portraits remis sur le devant de la scène par l’invasion actuelle de l’Ukraine par les troupes de Vladimir Poutine.
Installée dans une salle du deuxième sous-sol, éclairée par une série de diodes blanches au plafond, l’exposition intitulée « Sparks » (Etincelles en anglais) de Wiktoria Wojciechowska ressemble à un secret trop bien gardé au musée de Grenoble.
La jeune artiste polonaise y présente un trombinoscope d’Ukrainiens pris après quelques mois ou même une année à combattre contre les Russes lors de la guerre du Dombass, en 2014. Forcément, l’actualité de l’invasion de l’Ukraine par la Russie fait écho à cette période.
À l’époque, choquée par l’intervention russe, Wiktoria Wojciechowska avait décidé de rencontrer de jeunes civils ayant combattu dans les bataillons volontaires de Lviv, située à 70 kilomètres de la frontière polonaise. Elle y est retournée régulièrement et a créé des liens avec certains au fil du temps. Jusqu’à faire une série de 72 portraits de 60 de ces volontaires ukrainiens.
Des hommes pris dans un conflit armé
Pris sur un fond pastel sombre, éclairés par un halo de lumière, Volodymyr, Yuriy, Stanislav et bien d’autres étaient ouvriers, agents commerciaux ou étudiants avant de s’engager dans le conflit. Wiktoria Wojciechowska s’est plus attachée à montrer des hommes pris dans un conflit armé qu’à rendre compte du conflit lui-même.
« Si l’affrontement n’est pas représenté, il est néanmoins présent dans les yeux et les mémoires : ces étincelles, sparks en anglais », explique le musée. Les regards sont d’ailleurs ce qui marque le plus dans cette série de portraits. Pour certains directs et froids, pour d’autres fuyants ou timides, ils représentant autant de façon différentes de vivre le conflit.
Une illustration « d’un certain état du monde »
Sparks a été la première œuvre donnée par la Fondation Antoine de Galbert au musée de Grenoble en 2020 pour y créer un fonds photographique illustrant « un certain état du monde ». Ces derniers mois ont donné « une actualité brûlante et tragique » à l’œuvre.
C’est ce qui a poussé le musée à présenter exceptionnellement cet ensemble, « en hommage au peuple ukrainien qui se bat pour sa liberté. » Ces hommes de 18 à 49 ans ont, pour certains, repris les armes récemment, y laissant parfois leur vie.