PORTFOLIO PHOTO – L’ancien couvent Sainte-Cécile à Grenoble accueille une exposition temporaire de gravures du peintre néerlandais Rembrandt, grâce à l’acquisition récente de la collection privée du Britannique Neil Kaplan par le Fonds Glénat pour le patrimoine et la création. Elle sera ouverte au public du 19 octobre au 16 décembre prochain. Visite guidée.
Grenoble va-t-il devenir un lieu de pèlerinage pour les admirateurs du peintre néerlandais Rembrandt Harmenszoon van Rijn ? C’est fort possible, car soixante-huit œuvres originales du maître du clair-obscur résident désormais dans la capitale des Alpes.
Elles sont exposées du 19 octobre au 16 décembre au couvent Sainte-Cécile à Grenoble où se situe le siège social des éditions Glénat.
Et ceci grâce à l’acquisition de la collection privée du britannique Neil Kaplan par le Fonds Glénat pour le patrimoine et la création.
En partant vivre en Australie, le collectionneur britannique devait en effet se séparer de ses précieuses gravures. La faute au climat humide de l’Australie, nuisible pour la conservation d’œuvres papier. En plus des 57 collectés par le Britannique, le Fonds a acquis onze gravures afin de compléter et de diversifier la collection grenobloise.
Le maître du clair-obscur prend ses quartiers à Grenoble
Rembrandt s’installe donc dans la capitale des Alpes ! Une excellente nouvelle pour les amateurs d’art de la région et… bien au-delà. Car désormais « il y aura des visiteurs qui viendront à Grenoble pour voir ces gravures de Rembrandt », espère Jacques Glénat, président du Fonds.
Armés de loupes, les visiteurs explorent les œuvres. Aucun détail, aucun trait n’échappe à leur œil attentif. L’exposition temporaire n’est qu’un début, avant l’ouverture, courant 2018, du cabinet Rembrandt, aménagé dans l’ancien parloir de nonnes.
La collection ne sera toutefois pas présentée dans son intégralité dans cette installation permanente. « Ces œuvres en papier demandent une mise au noir. Il faudra donc faire une rotation qui permettra de respecter ces besoins de conservation », explique Marianne Fabre, chargée des partenariats au Fonds Glénat pour le patrimoine et la création.
Et de préciser : « Pour cette installation, on cherche à recréer l’atmosphère de l’époque et à donner le sentiment de visiter l’atelier de Rembrandt ».
Rembrandt aquafortiste
Plus connu pour ses peintures, Rembrandt a cependant laissé un grand héritage de dessins et de gravures. Portraits, sujets de genre, sujets religieux… La variété des œuvres laissées par le maître ne cesse de surprendre.
Mais ce sont surtout ses autoportraits qui deviennent un motif important de ses œuvres. « Il n’était pas très beau, mais il s’est représenté toute sa vie », précise Ger Luitjen, directeur de la Fondation Custodia (fondation d’art néerlandaise à Paris). « Il a commencé à l’âge de 19 ans et jusqu’à sa mort, à 63 ans, il n’y a pas une seule année où il n’a pas fait d’autoportrait. »
Son propre modèle, Rembrandt expérimente la lumière et… se met en scène ! « Nous pouvons faire une liste de personnes, de rôles qu’il a joué dans ses autoportraits », confirme Ger Luitjen.
Héritier de l’art du Caravage, maître du clair-obscur et du travail d’ombres, Rembrandt était aussi un grand expérimentateur. « Comme l’écrivain français Raymond Queneau, Rembrandt joue en permanence avec le style. Il cherche à faire ce que personne n’a fait auparavant. Toutes ses épreuves, ses tirages sont différents. Il n’y en a pas deux qui sont identiques, même lorsqu’ils sont fait à partir de la même planche du métal. Rembrandt retravaillait beaucoup ses gravures. »
L’exposition installée au cœur du couvent Sainte-Cécile permet ainsi de découvrir le travail de Rembrandt et sa personne « très drôle et juste extraordinaire ».
Retour en images.
[slideshow_deploy id=“158081”]
Yuliya Ruzhechka
GRAVURE ET EAU FORTE
La technique artistique de la gravure consiste en l’utilisation d’une planche (souvent métallique) pour graver un dessin qui servira de base pour des estampes. Les creux dans ce dessin sur support se transformeront en lignes noires sur papier.
Dans la technique de l’eau forte, le graveur couvre sa planche d’une couche de vernis protecteur sur laquelle il vient poser son dessin, puis la plaque est plongée dans l’acide nitrique afin d’obtenir un support prêt pour la réalisation des « tirages » – réalisations sur papier.