FOCUS – Depuis ce 1er avril et jusqu’au 28 août 2022, le musée archéologique Saint-Laurent accueille une nouvelle exposition baptisée « Racines du son » dans le jardin et la crypte du musée. À l’honneur, le compositeur Alexandre Lévy, avec deux installations sonores interactives autant qu’immersives, dont l’une inspirée par les données des différentes strates archéologiques composant le site. Des dispositifs où corps et sons ne font plus qu’un, au sein du parcours permanent du musée.
« Avec cette technique particulière de transmission des sons par les os, tout l’imaginaire se met en route, puisque nous sommes dans un lieu de conservation d’ossements, témoigne Jean-Pierre Barbier, président du département de l’Isère. Avec « Racines du son », on écoute de la musique composée à partir de ce lieu et de notre propre ossature. C’est quelque chose de très fort que l’on ressent au plus profond. »
Cette expérience sensorielle décrite par le président est due à la borne Losonnante, un dispositif sonore innovant utilisant le principe de l’ostéophonie1La diffusion du son par conduction osseuse. installé au cœur du musée Saint-Laurent dans la crypte Saint-Oyand. En l’occurrence l’une des deux installations sonores et immersives de l’exposition « Racines du son », une « parenthèse musicale et sensorielle » proposée depuis ce 1er avril jusqu’au 28 août 2022 aux visiteurs du musée dans son parcours permanent.
Comment est née l’idée de cette exposition temporaire pour le moins originale ? Elle est le fruit d’une carte blanche, « un défi pour porter un nouveau regard sur le site », accordée au compositeur Alexandre Lévy, directeur artistique de la compagnie aKousthéa, Une compagnie pionnière dans les concerts sensoriels, électro-acoustiques et interactifs basés sur des pièces de musique contemporaine.
Le résultat des travaux de l’artiste s’avère bluffant. « On pose ses coudes sur une sorte d’enceinte et on met les poignets au niveau des os temporaux et, tout à coup, la conduction se fait. On écoute le son sans passer par un casque et une émission extérieure », décrit Anne Lasseur, la directrice du musée.
« Ce travail archéologique vibrant m’a beaucoup passionné »
« Dans la mesure où nous sommes dans une nécropole et que notre sujet d’étude ce sont les ossements trouvés dans ce site archéologique, utiliser ce dispositif ici nous a paru comme une évidence », commente Anne Lasseur.
Restaient cependant deux questions à trancher : quelle musique diffuser sur la Losonnante ? Et comment investir le jardin afin de proposer au public une immersion sonore, plus collective et interactive. Réponse avec la directrice du musée :
« C’est comme si le sol avait une tonalité par époque. À chaque strate, c’est un chapitre du livre d’histoire de ce site que l’on peut lire »
Fasciné par ce site funéraire « révélant des traces de vies passées », Alexandre Lévy, s’est inspiré de données concrètes. Tout particulièrement l’étude de la stratigraphie des différentes couches de terrain du site. « Dans ces représentations, j’ai vu comme une sorte de partition musicale. Je me suis dit que si les archéologues lisent ainsi le sol, moi je pouvais peut-être le lire par le son. En effet, chaque ligne donne un son et le tout compose en quelque sorte des accords », fait savoir le compositeur.
« Ce travail archéologique vibrant m’a beaucoup passionné, indique par ailleurs Alexandre Levy. C’est comme si le sol avait une tonalité par époque. À chaque strate, c’est un chapitre du livre d’histoire de ce site que l’on peut lire ».
Un Arbre à frôler pour interagir avec la musique
Parallèlement, une installation sonore de la compagnie aKousthéa, un Arbre à frôler, attend le visiteur dans le jardin du musée. « C’est une invitation à traverser un dispositif immersif constitué de lianes végétales et interactives conçues comme des extensions de l’environnement naturel qui les entourent », expose le musée.
De fait, le visiteur qui déambule à travers ce dispositif, déclenche des vagues sonores mouvantes diffusées sur des haut-parleurs. Et ce, par son seul contact avec des lianes équipées de capteurs tombant d’un grand marronnier.
L’exposition Racines du son s’inscrit délibérément « dans la volonté de mettre en avant des artistes contemporains. Ce à travers des cartes blanches permettant de porter un regard artistique sur ce lieu historique unique », indique le musée.
Lequel précise que, dans ce cadre, l’ensemble de sa programmation culturelle tournera cette année autour du son. Ainsi, des animations musicales et scientifiques, des ateliers et diverses autres explorations seront-elles proposées tout le temps de l’exposition.