CHRONIQUE – Place Gre’net s’associe à la radio RCF Isère chaque lundi midi dans la chronique L’Écho des médias. Notre objectif ? Revenir sur une actualité, décrypter une information… ou délivrer quelques coulisses du traitement d’une nouvelle. Pour cette chronique sur RCF épisode 29 du lundi 2 mai, retour sur l’agression de militants du syndicat étudiant de droite Uni à Grenoble.
Retrouvez ci-dessous la chronique RCF 29 sur l’agression des militants Uni en version texte, et sa version radiophonique en cliquant sur le lecteur ci-dessous.
« Aujourd’hui, nous allons revenir sur une agression qui s’est déroulée à Grenoble. Une agression qui ne date pas d’hier, puisque les faits ont eu lieu dans la nuit du 19 au 20 avril 2022. Des militants du syndicat étudiant de droite Uni ont été molestés alors qu’ils sortaient d’un bar. Une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux a permis d’identifier les auteurs présumés de l’agression, qui ont été placés en garde à vue une semaine plus tard, le lundi 26 avril au matin.
Et cette garde à vue n’a pas plu à tout le monde, c’est le moins que l’on puisse dire. Un rassemblement a même été organisé devant l’hôtel de police de Grenoble pour exiger la libération des quatre individus. En l’occurrence, un lycéen de 16 ans et trois étudiants de 18, 20 et 23 ans. La manifestation s’est accompagnée d’un communiqué de soutien signé par de nombreuses organisations de gauche, comme la CGT, le NPA, le PCF, la Lutte ouvrière ou encore l’Unef.
Les signataires jugent la garde à vue injustifiée, et laissent entendre que les auteurs présumés de l’agression se seraient vu imposer un avocat d’office. Ce que le procureur de la République de Grenoble a démenti formellement.
Les images de la vidéo sont sans appel
Mais, surtout, le texte accuse l’Uni de provocations répétées. Et lui reproche de se positionner en victime. L’agression, il est vrai, n’a pas manqué d’être dénoncée dans les rangs de la droite, qui appelle à dissoudre les “groupuscules d’extrême gauche”.
Toutefois, ce soutien affiché aux agresseurs interroge. Car les images de la vidéo sont sans appel. On y voit notamment un jeune homme décocher un coup de poing au visage d’une militante. Puis, un peu plus tard, la tenir en respect en exerçant sur elle un geste d’étranglement.
Il semble ainsi paradoxal que des organisations promptes à condamner la violence, et plus encore la violence faite aux femmes, se montrent solidaires d’une agression à caractère politique. Et la minimisent au prétexte d’une supposée provocation. Pour rappel, c’est avec cette même excuse que l’équipe d’Éric Zemmour a justifié l’agression de militants antiracistes durant un congrès.
Ce petit arrangement avec la violence pose question
Mais il y a peut-être plus étonnant encore : la réaction de Guillaume Gontard. Le sénateur EÉLV de l’Isère a en effet publié un communiqué similaire à celui des autres organisations. En prenant cependant soin, pour sa part, de condamner les violences.
On peut légitimement se demander si une telle prise de position n’est pas tombée à pic, au moment où les écologistes négociaient un accord électoral avec La France insoumise. Un parti dont un sympathisant grenoblois a également été filmé, il y a peu, en train d’agresser un candidat Les Républicains sur un marché.
Alors, bien sûr, dans le cadre de toute agression il convient de dresser un contexte général, et le travail de la justice va dans ce sens. Mais, en tant que journalistes, alors que de nombreux confrères et consœurs y sont exposés sur le terrain, ce petit arrangement avec la violence nous interpelle. Et il est bien difficile de ne pas y voir un “deux poids, deux mesures”.
Pour conclure, il nous semble à propos de rappeler qu’en démocratie la violence et la politique sont censées être inconciliables. Même sur fond de provocations, et même face à des idées extrêmes ou jugées comme telles. C’est pourquoi l’on organise des débats politiques… et pas des combats de boxe. »
Chaque lundi midi, retrouvez la chronique L’Écho des médias sur RCF Isère (103.7 FM à Grenoble) en partenariat avec Place Gre’net. (Cliquer sur l’image pour accéder à toutes les chroniques.)