Club lumière rouge en boite de nuit. © Pixabay - eszterateh

Grenoble : plu­sieurs per­sonnes piquées à leur insu puis vic­times de malaise en boîte de nuit et en concert

Grenoble : plu­sieurs per­sonnes piquées à leur insu puis vic­times de malaise en boîte de nuit et en concert

FOCUS – Sept per­sonnes – cinq femmes et deux hommes – âgées de 17 à 22 ans ont déposé plainte après avoir été vic­times de piqûres puis de malaise, lors de soi­rées en boîte de nuit et en concert, dans l’ag­glo­mé­ra­tion gre­no­bloise, entre ce ven­dredi 15 et ce dimanche 17 avril 2022. Aucune des per­sonnes dro­guées à leur insu n’a tou­te­fois subi de vol ou d’a­gres­sion sexuelle, selon le par­quet de Grenoble, qui a ouvert une enquête pour « admi­nis­tra­tion de sub­stances nui­sibles ». Mais d’a­près dif­fé­rents mes­sages dénon­çant des faits simi­laires sur les réseaux sociaux, le nombre de vic­times pour­rait être plus élevé.

[Article mis à jour ce mer­credi 20 avril 2022 à 16 h 50]

S’agit-il d’actes concer­tés ? L’œuvre d’un réseau ou d’un indi­vidu isolé ? Quatre femmes et deux hommes âgés de 17 à 22 ans ont déposé plainte durant le week-end de Pâques, au com­mis­sa­riat de Grenoble et à la bri­gade de gen­dar­me­rie de Saint-Ismier, après avoir été piquées à leur insu puis prises de malaise, en boîte de nuit ou en concert, a révélé, ce mardi 19 avril 2022, le pro­cu­reur de la République de Grenoble Éric Vaillant.

@ Balance ton bar Grenoble

Sur le compte Instagram « Balance ton bar Grenoble », plu­sieurs per­sonnes racontent avoir été piquées et dro­guées à leur insu, lors du week-end du 15 au 17 avril 2022, dans des dis­co­thèques gre­no­bloises. @ Balance ton bar Grenoble (cap­ture d’écran)

Les faits se sont pro­duits entre ce ven­dredi 15 et ce dimanche 17 avril 2022, lors de soi­rées orga­ni­sées dans dif­fé­rents lieux : deux dis­co­thèques gre­no­bloises, Le Marquee et Le Lamartine, et le Palais des sports de Grenoble, à l’oc­ca­sion du concert du rap­peur Ninho. Et ce mer­credi 20 avril, les poli­ciers gre­no­blois ont reçu une sep­tième plainte d’une jeune fille de 20 ans, vic­time elle aussi d’une piqûre, dans la nuit du ven­dredi 15 au samedi 16 avril, à l’Alpha Club, à Saint-Martin-d’Uriage.

Le par­quet a ouvert une enquête pour « admi­nis­tra­tion de sub­stances nuisibles »

Les vic­times ont indi­qué « avoir senti une piqûre et s’être sen­ties mal » dans la fou­lée, rap­porte le pro­cu­reur, ajou­tant que tous les plai­gnants se sont ren­dus à l’hô­pi­tal pour y effec­tuer des exa­mens. Les moti­va­tions du ou des agres­seurs demeurent tou­te­fois incon­nues à ce stade car « aucune » des per­sonnes piquées « n’a été vic­time de vol ou d’a­gres­sion sexuelle », pré­cise Éric Vaillant.

Les faits se sont pro­duits lors de soi­rées en boîte de nuit ainsi qu’au cours d’un concert au Palais des sports de Grenoble. DR

Le par­quet de Grenoble a donc ouvert une enquête pour « admi­nis­tra­tion de sub­stances nui­sibles ». Celle-ci devra notam­ment iden­ti­fier le ou les pro­duits injec­tés, mais aussi déter­mi­ner si d’autres cas simi­laires ont été recen­sés, au cours de ce prin­temps 2022, dans l’ag­glo­mé­ra­tion gre­no­bloise. Ces actes seraient en effet loin d’être iso­lés, à en croire dif­fé­rents mes­sages pos­tés sur les réseaux sociaux.

Plusieurs mes­sages évoquent ces évé­ne­ments sur le compte Instagram « Balance ton bar Grenoble »

Un inter­naute a ainsi donné l’a­lerte sur Twitter, ce samedi 16 avril. « Depuis plu­sieurs semaines, un phé­no­mène déplo­rable se répand dans le monde de la nuit gre­no­bloise et touche mas­si­ve­ment les étu­diants », affirme-t-il, à savoir « l’injection de drogue, à leur insu, entraî­nant un risque accru de cir­cu­la­tion du VIH ». Selon lui, dans l’un de ces éta­blis­se­ments, « une dizaine de per­sonnes » auraient été « dro­guées par injec­tion », ce ven­dredi 15 avril, se révé­lant « posi­tives au GHB et pos­si­ble­ment à l’hé­roïne ».

@ Balance ton bar Grenoble

Une cliente du Marquee relate avoir été piquée au cours d’une soi­rée, ven­dredi 15 avril, et affirme qu’elle était la dou­zième à venir aux urgences pour les mêmes faits, cette nuit-là. @ Balance ton bar Grenoble

Sur le compte Instagram « Balance ton bar Grenoble », qui publie depuis la fin octobre 2021 les témoi­gnages ano­nymes de femmes se disant vic­times de vio­lences sexuelles et sexistes dans des dis­co­thèques et bars gre­no­blois, plu­sieurs posts évoquent éga­le­ment ces évé­ne­ments. Trois clientes du Marquee et du Lamartine racontent ainsi avoir été dro­guées à leur insu, le plus sou­vent « piquées avec une seringue », lors des soi­rées du ven­dredi 15 ou du samedi 16 avril.

Le par­quet invite les vic­times à dépo­ser plainte et rap­pelle que les exa­mens pour détec­ter le GHB doivent être réa­li­sés « le plus pré­co­ce­ment possible »

D’après les trois jeunes femmes, cer­tains de leurs amis auraient eux aussi subi ces mys­té­rieuses piqûres. Et de nom­breuses autres per­sonnes, désor­mais contraintes de suivre un trai­te­ment pré­ven­tif, se trou­vaient aux urgences du CHU Grenoble Alpes pour les mêmes rai­sons, relatent-elles dans ces messages.

Perron de l'hôtel de police de Grenoble. © Joël Kermabon - Place Gre'net

Le par­quet invite les vic­times éven­tuelles de piqûres à dépo­ser plainte à l’hô­tel de police de Grenoble ou dans la bri­gade de gen­dar­me­rie la plus proche de leur domi­cile. © Joël Kermabon – Place Gre’net

Le par­quet invite donc les per­sonnes vic­times de faits simi­laires à se faire connaître en dépo­sant plainte au com­mis­sa­riat de Grenoble ou dans la bri­gade de gen­dar­me­rie la plus proche de leur domi­cile. Le pro­cu­reur rap­pelle en outre que « les exa­mens à réa­li­ser pour recher­cher les traces de GHB doivent être réa­li­sés le plus pré­co­ce­ment pos­sible et en tout cas avant huit heures (sang) ou douze heures (urine) ».

L’enquête sur l’u­sage de GHB dans des soi­rées étu­diantes de Gem clas­sée sans suite

Cette affaire sur­vient par ailleurs six mois après celle ayant tou­ché Grenoble école de mana­ge­ment (Gem). Le 20 octobre 2021, la direc­tion de l’é­cole avait fait un signa­le­ment auprès du par­quet, pour aler­ter sur une pos­sible cir­cu­la­tion du GHB au cours de trois soi­rées étu­diantes. Plusieurs étu­diants avaient effet pré­senté le symp­tôme de perte de mémoire carac­té­ris­tique de cette drogue, par­fois uti­li­sée de manière récréa­tive mais aussi par des per­sonnes malintentionnées.

Grenoble Ecole de Management (GEM). © Tim Buisson – Place Gre’net

La direc­tion de Grenoble école de mana­ge­ment (GEM) avait signalé au par­quet, en octobre 2021, un pos­sible usage de GHB dans des soi­rées étu­diantes. © Tim Buisson – Place Gre’net

Les soi­rées étu­diantes de Gem avaient ensuite été sus­pen­dues jus­qu’à nou­vel ordre. L’enquête pré­li­mi­naire ouverte à l’é­poque a cepen­dant été « clas­sée sans suite, fin jan­vier 2022, faute d’a­voir per­mis d’i­den­ti­fier des auteurs », explique le pro­cu­reur Éric Vaillant.

Manuel Pavard

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