FOCUS – Sept personnes – cinq femmes et deux hommes – âgées de 17 à 22 ans ont déposé plainte après avoir été victimes de piqûres puis de malaise, lors de soirées en boîte de nuit et en concert, dans l’agglomération grenobloise, entre ce vendredi 15 et ce dimanche 17 avril 2022. Aucune des personnes droguées à leur insu n’a toutefois subi de vol ou d’agression sexuelle, selon le parquet de Grenoble, qui a ouvert une enquête pour « administration de substances nuisibles ». Mais d’après différents messages dénonçant des faits similaires sur les réseaux sociaux, le nombre de victimes pourrait être plus élevé.
[Article mis à jour ce mercredi 20 avril 2022 à 16 h 50]
S’agit-il d’actes concertés ? L’œuvre d’un réseau ou d’un individu isolé ? Quatre femmes et deux hommes âgés de 17 à 22 ans ont déposé plainte durant le week-end de Pâques, au commissariat de Grenoble et à la brigade de gendarmerie de Saint-Ismier, après avoir été piquées à leur insu puis prises de malaise, en boîte de nuit ou en concert, a révélé, ce mardi 19 avril 2022, le procureur de la République de Grenoble Éric Vaillant.
Les faits se sont produits entre ce vendredi 15 et ce dimanche 17 avril 2022, lors de soirées organisées dans différents lieux : deux discothèques grenobloises, Le Marquee et Le Lamartine, et le Palais des sports de Grenoble, à l’occasion du concert du rappeur Ninho. Et ce mercredi 20 avril, les policiers grenoblois ont reçu une septième plainte d’une jeune fille de 20 ans, victime elle aussi d’une piqûre, dans la nuit du vendredi 15 au samedi 16 avril, à l’Alpha Club, à Saint-Martin-d’Uriage.
Le parquet a ouvert une enquête pour « administration de substances nuisibles »
Les victimes ont indiqué « avoir senti une piqûre et s’être senties mal » dans la foulée, rapporte le procureur, ajoutant que tous les plaignants se sont rendus à l’hôpital pour y effectuer des examens. Les motivations du ou des agresseurs demeurent toutefois inconnues à ce stade car « aucune » des personnes piquées « n’a été victime de vol ou d’agression sexuelle », précise Éric Vaillant.
Le parquet de Grenoble a donc ouvert une enquête pour « administration de substances nuisibles ». Celle-ci devra notamment identifier le ou les produits injectés, mais aussi déterminer si d’autres cas similaires ont été recensés, au cours de ce printemps 2022, dans l’agglomération grenobloise. Ces actes seraient en effet loin d’être isolés, à en croire différents messages postés sur les réseaux sociaux.
Plusieurs messages évoquent ces événements sur le compte Instagram « Balance ton bar Grenoble »
Un internaute a ainsi donné l’alerte sur Twitter, ce samedi 16 avril. « Depuis plusieurs semaines, un phénomène déplorable se répand dans le monde de la nuit grenobloise et touche massivement les étudiants », affirme-t-il, à savoir « l’injection de drogue, à leur insu, entraînant un risque accru de circulation du VIH ». Selon lui, dans l’un de ces établissements, « une dizaine de personnes » auraient été « droguées par injection », ce vendredi 15 avril, se révélant « positives au GHB et possiblement à l’héroïne ».
Sur le compte Instagram « Balance ton bar Grenoble », qui publie depuis la fin octobre 2021 les témoignages anonymes de femmes se disant victimes de violences sexuelles et sexistes dans des discothèques et bars grenoblois, plusieurs posts évoquent également ces événements. Trois clientes du Marquee et du Lamartine racontent ainsi avoir été droguées à leur insu, le plus souvent « piquées avec une seringue », lors des soirées du vendredi 15 ou du samedi 16 avril.
Le parquet invite les victimes à déposer plainte et rappelle que les examens pour détecter le GHB doivent être réalisés « le plus précocement possible »
D’après les trois jeunes femmes, certains de leurs amis auraient eux aussi subi ces mystérieuses piqûres. Et de nombreuses autres personnes, désormais contraintes de suivre un traitement préventif, se trouvaient aux urgences du CHU Grenoble Alpes pour les mêmes raisons, relatent-elles dans ces messages.
Le parquet invite donc les personnes victimes de faits similaires à se faire connaître en déposant plainte au commissariat de Grenoble ou dans la brigade de gendarmerie la plus proche de leur domicile. Le procureur rappelle en outre que « les examens à réaliser pour rechercher les traces de GHB doivent être réalisés le plus précocement possible et en tout cas avant huit heures (sang) ou douze heures (urine) ».
L’enquête sur l’usage de GHB dans des soirées étudiantes de Gem classée sans suite
Cette affaire survient par ailleurs six mois après celle ayant touché Grenoble école de management (Gem). Le 20 octobre 2021, la direction de l’école avait fait un signalement auprès du parquet, pour alerter sur une possible circulation du GHB au cours de trois soirées étudiantes. Plusieurs étudiants avaient effet présenté le symptôme de perte de mémoire caractéristique de cette drogue, parfois utilisée de manière récréative mais aussi par des personnes malintentionnées.
Les soirées étudiantes de Gem avaient ensuite été suspendues jusqu’à nouvel ordre. L’enquête préliminaire ouverte à l’époque a cependant été « classée sans suite, fin janvier 2022, faute d’avoir permis d’identifier des auteurs », explique le procureur Éric Vaillant.