ENQUÊTE - Lancé à Bruxelles à la mi-octobre 2021, le mouvement "Balance ton bar" a vite essaimé dans toute la France, comme à Grenoble où un compte Instagram a ouvert le 29 octobre. Celui-ci publie des témoignages anonymes de femmes qui se disent victimes de violences sexuelles ou sexistes dans des bars, clubs et discothèques grenoblois. Si les autorités judiciaires et les gérants d'établissements regrettent une certaine stigmatisation, tous concèdent la nécessité d'une prise de conscience.
"Personnellement, ça a été très compliqué à vivre mais je me suis posé la question : “Si je n'avais pas été interpellée, est-ce que j'aurais réagi aussi vite ?”" La réaction ambivalente d'Irena Chelihi traduit bien les sentiments contradictoires qui traversent la gérante du Barberousse. Son bar à rhum situé dans le centre historique fait en effet partie de la vingtaine d'établissements grenoblois pointés par le mouvement "Balance ton bar".
Après #MeToo ou #BalanceTonPorc, ce nouveau hashtag visant cette fois le milieu de la nuit est parti de Bruxelles à la mi-octobre 2021. La vague a ensuite très vite déferlé sur toute la France, et donc sur Grenoble. Ouvert le 29 octobre, le compte Instagram "Balance ton bar Grenoble" publie dès lors quasi quotidiennement des témoignages anonymes de femmes se disant victimes de violences sexuelles et sexistes dans des bars, clubs et discothèques grenoblois.
Une trentaine de publications sur la page "Balance ton bar Grenoble"
Depuis la première publication, le 9 novembre, une trentaine d'autres ont ainsi suivi. Pour des accusations allant de réflexions sexistes à des viols et agressions sexuelles, en passant par les nombreux récits de clientes droguées à leur insu au GHB. Un large panel de violences, dont les auteurs présumés peuvent être aussi bien d'autres clients que des serveurs ou agents de sécurité.
"J'ai voulu surfer sur ce mouvement venu de Bruxelles car, ici aussi, il y avait une forte demande de pouvoir témoigner", explique l'administratrice de la page "Balance ton bar Grenoble". Désirant rester anonyme, celle-ci se définit simplement comme "militante féministe". "J'ai trouvé l'idée excellente car j'ai été serveuse en bar et boîte de nuit", précise-t-elle. "J'y ai vu beaucoup de choses et c'est pour ça que j'ai quitté ce monde-là."
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