FOCUS – Les parents d’élèves de l’école Anatole-France de Grenoble protestaient, ce mercredi 2 février 2022, contre la fermeture annoncée d’une classe de cours préparatoire en septembre. L’augmentation attendue du nombre d’enfants par classe dans le quartier Mistral, réputé « difficile », provoque en effet de vives inquiétudes.
« On ne peut pas s’asseoir dans un bureau et faire des statistiques comme ça, sans tenir compte du niveau de vie des habitants. Ce n’est pas normal ! » Il est 8h30 ce mercredi 2 février 2022 et les parents d’élèves fulminent, réunis avec leurs enfants devant l’école Anatole-France recouverte de bannières protestataires bariolées. « L’académie a envoyé quelqu’un. Il est venu deux fois et nous a annoncé la fermeture d’une classe de CP à la rentrée. Comme nous, on est parents délégués, la directrice a été obligée de nous informer », raconte une mère d’élève.
« Il y a les enfants de CP qui vont arriver et il y a les constructions – on ne sait pas quand elles vont ouvrir – qui vont amener du monde », déclare-t-elle en désignant d’un geste les chantiers immobiliers avoisinant l’école. Et de s’exclamer : « Les classes vont être surpeuplées, alors que les enfants sont déjà en difficulté après deux ans de Covid ! […] et qu’ils sont douze par classe ».
« On nous annonce cette fermeture alors qu’on est quand même un quartier difficile »
Une autre mère, poussette à la main, ajoute : « On ne peut pas décider de parachuter les choses de cette manière. Ils ne tiennent compte que du collège. Le collège prend en compte les Eaux Claires, qui ne fait pas partie de notre secteur. Le secteur 3, c’est Mistral, Camine et Lys rouge. Ce sont les quartiers pauvres ! » Et d’ajouter : « C’est toujours pareil. Ils ne viennent pas voir sur le terrain la situation. Ce sont les ordinateurs qui leur disent que notre secteur est sorti de zone prioritaire. »
Les parents semblent unanimes : la décision, pour eux, vient d’une administration mal informée. Avec, en toile de fond, une critique du gouvernement national : « Ils sont venus, Castex et Véran, samedi dernier [le 29 janvier]… Ils ne sont pas passés dans notre quartier. Ils sont venus à Villeneuve, se sont fait attaquer, puis sont partis à Seyssins… C’était plus calme, vous comprenez », ironise une mère de famille.
« On nous annonce cette fermeture alors qu’on est quand même un quartier difficile. On nous a sorti d’une Zep à cause du collège, » explique une autre. En effet, la classification Réseau d’éducation prioritaire (Rep, anciennement Zep) ne s’applique plus à l’école Anatole-France depuis 2011.
Le fonctionnement des classes de CP et CE1 à 12 élèves menacé à Anatole-France
Émilie Chalas avait alerté, en 2018, le ministre de l’Éducation nationale sur « la situation d’écoles situées dans des quartiers particulièrement défavorisés mais ne bénéficiant plus du statut Rep depuis leur rattachement à un collège situé hors du quartier. » Elle avait, à cette occasion, cité expressément le cas de l’école Anatole-France, déclassifiée lors de son rattachement au collège Aimé-Césaire qui accueille également les enfants des Eaux-Claires.
Réouverture des écoles en mai 2020 après le premier confinement, visite d’Emilie Chalas , députée LREM, dans une école à Grenoble
L’enjeu ? Les écoles Rep bénéficient de mesures spécifiques, en particulier le dédoublement des classes de CP et CE1. L’école Anatole-France accueillait, jusqu’à présent, 190 élèves répartis sur dix classes. Cependant, dans le cadre d’une fermeture, les élèves seraient distribués dans les autres classes. Le fonctionnement des CP et CE1 à 12 élèves serait donc menacé.
Une controverse qui perdure depuis 2018
Le ministre de l’Éducation avait déclaré en 2018 que, malgré la situation du quartier, ses structures scolaires ne relevaient pas « de la politique d’éducation prioritaire mais qu’une attention particulière [devait] être apportée aux écoles ».
En effet, l’école Anatole-France accueillait « environ 49 % d’élèves issus des catégories sociales défavorisées (à la rentrée 2017) ». Le collège de rattachement, Aimé-Césaire, en accueillait 37,4 %. Selon le ministère, « la moyenne nationale se situe autour de 40 %, elle est de 55,6 % en Rep et 67,2 % en Rep+ au niveau national ».
Rassemblement contre les violences entre le collège Fantin-Latour et Aimé Césaire à Grenoble mercredi 26 mai 2021. © Tim Buisson – Place Gre’net
Il avait également souligné le fait que l’école Anatole-France, « comme l’école Jean-Racine et Libération, sorties de l’éducation prioritaire en 2011, continu[ai]ent de bénéficier des repères appliqués dans le département aux établissements en Rep et Rep+ ». Ce qui représentait alors « 27 élèves maximum sur les niveaux maternelles et 25 sur les niveaux élémentaires ». Tout en rappelant que l’école Anatole-France accueille « un pôle Rased composé d’un maître E, un maître G et un psychologue scolaire ». Ainsi qu” »un dispositif avec un enseignant spécifiquement dédié qui accueille chaque année une quinzaine d’élèves. »
Une réflexion sur « École Anatole-France : les parents d’élèves manifestent contre la fermeture d’une classe de CP »
Bonjour,
En 1998, il y avait déjà des problèmes de distribution des crédits ZEP… Le Collège refusait de verser les fonds au motif qu’il n’y avait pas de comptable à l’école et pourtant elle était bien classée en ZEP…
Sans parler des enseignants qui n’étaient pas remplacés…
Courriers envoyés par les représentants des parents d’élèves à Mrs MERLIN, DESTOT, CLAUSSE, LANGLOIS…