FIL INFO – La création théâtrale Gens du pays, à découvrir à l’Espace 600 de Grenoble puis à l’Heure Bleue d’Échirolles avant une tournée 2022 – 2023, interroge la question de l’identité. Ce au travers d’un jeune homme dont la couleur de peau « ne colle pas » avec son nom et sa nationalité, pourtant bien français.
« À quelle échelle se mesure une identité ? » Telle est la question, parmi d’autres, que pose Gens du pays, une pièce signée Marc-Antoine Cyr et mise en scène par Sylvie Jobert, actuellement à l’affiche de l’Espace 600 de Grenoble. Suivront deux représentations à l’Heure bleue de Saint-Martin-d’Hères les 12 et 13 janvier, puis une tournée 2022 – 2023, avec des programmations au Grand Angle de Voiron et au Pot au noir du Domaine de Rivoiranche.
Gens du pays met en scène le face à face entre un jeune Français et une policière qui doute de son identité. © Jean-Pierre Angei
L’argument de Gens du pays ? « Un ado, Martin Martin, est interrogé dans un bureau de police après s’être aventuré au-delà des écluses, dans la forêt des lampadaires, là où fraie la bande des Loups. Dans ses poches, aucun papier pour prouver son identité. Si on le retient, c’est simplement à cause d’une couleur sur sa peau. Une couleur qui, aux dires de la policière, ne colle pas avec ce nom si “français”.
« Combattre l’époque menteuse »
« Sur ma route d’exilé, j’ai rencontré d’innombrables visages. Yeux, bouches, corps bigarrés. Beaucoup de faux Français, et quelques-uns, des vrais. Je ne fais pas toujours bien la différence entre les deux », écrit l’auteur Marc-Antoine Cyr en accompagnement de son texte. En proclamant « écrire à poings fermés de la fiction [et] combattre l’époque menteuse », dans une société où « les faciès sont contrôlés arbitrairement ».
La metteuse en scène Sylvie Jobert insiste, pour sa part, sur la nécessité de « se garder de tout manichéisme » dans la représentation des enjeux posés par le texte. « Ce qui veut dire pour les acteurs : ne pas forcer le trait, être précis et concret eu égard à la mécanique des dialogues extrêmement bien ciselés. Tout doit être dessiné sans caricature. Mettre à jour et explorer des contradictions plutôt qu’asséner des vérités bien pensantes », analyse-t-elle.
Les comédiens sont accompagnés par des élèves du Conservatoire de Grenoble qui figurent les « loups » en fond de scène, derrière des panneaux translucides venant symboliser un « espace interdit où les contours se floutent ». Soutenue par la Ville de Grenoble autant que le Département de l’Isère et la Région Auvergne-Rhône-Alpes, Gens du pays est la première production réalisée par le collectif artistique grenoblois Troisième bureau.