CHRONIQUE – Place Gre’net s’associe à la radio RCF Isère chaque lundi midi dans la chronique L’Écho des médias. Notre objectif ? Revenir sur une actualité, décrypter une information… ou délivrer quelques coulisses du traitement d’une nouvelle. Pour cette chronique sur RCF 6 du lundi 4 octobre 2021, retour sur le traitement des chiffres dans l’actualité.
Retrouvez ci-dessous la chronique RCF 6 sur la guerre des chiffres en version texte, et sa version radiophonique en cliquant sur le lecteur ci-dessous.
« Nous allons parler de chiffres. Car, n’en déplaise aux littéraires, un journaliste doit savoir écrire… et compter. Or manier des chiffres peut être un exercice périlleux.
Certes, une faute d’orthographe ou, à la radio, une liaison “mal-t-à-propos”, n’est jamais souhaitable. Mais elle n’a généralement pas de lourdes conséquences. Tandis qu’une erreur dans un chiffre peut changer le sens ou la réception d’une information. N’oublions pas que les vertus ferrugineuses que l’on prête aux épinards ne sont dues qu’à une erreur de virgule.
Les “covidosceptiques” tendent à contester les chiffres officiels
Et c’est d’autant plus marquant en période de crise sanitaire. Nous sommes plus que jamais envahis de chiffres sur le nombre d’hospitalisations, de contaminations, de classes fermées dans les écoles ou, malheureusement, de décès. Sans parler du fameux taux d’incidence, dont dépend aujourd’hui la levée ou non de certaines restrictions sanitaires.
La question s’est posée à Place Gre’net, quand nous avons écrit que l’Isère présentait un taux d’incidence supérieur à 50 en nous basant sur les derniers chiffres en date de Santé publique France. Mais, quelques jours plus tard, nous avons dû réviser cet article sur la base, cette fois, des chiffres d’un autre site gouvernemental, Informations Covid. En somme, le temps des statistiques n’est pas toujours celui de l’actualité.
Sans compter que les chiffres peuvent prêter à polémique. Les personnes que l’on qualifie, sans doute hâtivement, de “covidosceptiques” tendent à contester les chiffres officiels dès que ceux-ci mentionnent une remontée de l’épidémie. Annoncer, par exemple, que les hospitalisations sont en hausse, c’est s’exposer à un étrange procès d’intention.
Ainsi, il arrive que certains commentaires remettent en cause les chiffres – par exemple du CHU de Grenoble, ou de l’Insee – sans avancer d’élément permettant objectivement d’en douter. Et l’on nous intime ensuite l’ordre d’investiguer sur des allégations présentées sans le moindre début de preuve.
Des supporteurs de Donald Trump nient la validité de l’élection de Joe Biden
C’est en quelque sorte une nouvelle forme de guerre des chiffres. Un adage politique prétendait qu’on leur fait dire ce que l’on veut. Désormais, on conteste purement et simplement les chiffres qui ne disent pas ce que l’on souhaite entendre. Cela n’est pas totalement nouveau – le négationnisme, par exemple, ne date pas d’hier –, mais semble devenir un marqueur rhétorique comme un autre.
Ainsi, outre-Atlantique, malgré des recomptes à n’en plus finir, les partisans de Donald Trump les plus ultras continuent de nier la validité de l’élection de Joe Biden. Et l’on ne voit pas ce qui les ferait changer d’avis. Pour certains, aujourd’hui, les chiffres officiels sont forcément faux ou trafiqués. Sauf s’ils vont dans leur sens et, dans ce cas, ils ne manqueront pas de s’en servir. Bref, les bons comptes ne font décidément plus les bons amis ! »
Chaque lundi midi, retrouvez la chronique L’Écho des médias sur RCF Isère (103.7 FM à Grenoble) en partenariat avec Place Gre’net. (Cliquer sur l’image pour accéder à toutes les chroniques.)