FOCUS — Comme chaque année, les perceptions de la rentrée scolaire par le rectorat de Grenoble ou par les syndicats sont bien différentes. Si la rectrice Hélène Insel fait part de son optimisme et met en avant « inclusion » et « égalité des chances », Sud et la CGT s’interrogent sur les protocoles sanitaires et dénoncent une baisse des moyens dédiés à l’enseignement.
« Le message que je souhaite porter auprès de l’ensemble de la communauté éducative c’est que nous pouvons aborder cette rentrée des classes avec optimisme ». C’est par ces mots que la rectrice de l’Académie de Grenoble Hélène Insel ouvre sa présentation de la rentrée 2021 – 2022. Non sans espérer, dans la foulée, « revenir a une sérénité de l’action éducative, à une école de la République éclairée, ambitieuse, accueillante pour chacun ».
La Covid-19 est pourtant toujours présente, avec un variant Delta qui semble rebattre les cartes. Mais la rectrice affiche sa confiance, et met en avant l’expérience acquise en plus d’un an face au virus. « Autant l’année dernière nous devions nous adapter au fur et à mesure, autant là nous avons une vision globale », explique-t-elle. Y‑compris sur les différents niveaux du protocole sanitaire, tous déjà expérimentés par le passé.
Un ton bien différent entre la rectrice… et les syndicats
La rentrée s’ouvre ainsi sur le niveau 2 du protocole, avec respect des gestes barrières et aération des espaces, plus une stratégie « tester – alerter – protéger ». Avec un recours massif aux tests et une école à distance pour les élèves non-vaccinés dans le cas d’un Covid positif dans une classe. Une procédure qui n’a rien de complexe, juge la rectrice, au regard encore une fois de « l’expérience acquise depuis ce début d’année ».
Sans surprise, le ton est bien différent du côté des syndicats. Pour Benjamin Moisset, de Sud Éducation 38, la mesure ne peut qu’entraîner une surcharge de travail pour l’enseignant, et nuire à sa capacité d’organisation de ses cours, notamment pour les travaux de groupe. De plus, juge le syndicaliste, séparer les élèves vaccinés et non-vaccinés relève purement et simplement d’une « discrimination », qu’il associe au passe sanitaire.
La CGT Éduc’action n’est pas plus convaincue. S’il ne reprend pas à son compte le terme de « discrimination », le co-secrétaire de la section Isère Alex sena de Freitas anticipe lui aussi un doublement de la charge de travail des enseignants. Rien de tel, juge Hélène Insel. Pour la rectrice, des méthodes pédagogiques, comme par exemple le principe de la classe inversée, peuvent permettre de limiter les conséquences de la mesure sanitaire.
Des AESH plus nombreux… mais toujours pas fonctionnaires
Hélène Insel a surtout, cela se sent, le souhait de parler d’autre chose que de la Covid. « On espère que l’école va vivre cette année avec le virus sans qu’il n’accapare totalement nos pensées », lance ainsi la rectrice. Et de déployer les ambitions de l’État autour d’une école inclusive, « lieu d’apprentissage des fondamentaux, qui prend en compte la diversité des excellences et promeut l’égalité des chances ».
Inclusion des publics en situation de handicap, avec les pôles inclusifs d’accompagnement localisés (Pial), nouveau mode de gestion et de coordination de l’accompagnement des élèves handicapés… qui n’a pas été sans susciter la colère des AESH. Des AESH, ajoute la rectrice, dont le nombre a augmenté de 150 % en quatre ans. Et qui disposent d’une nouvelle grille de rémunération nationale depuis le 1er septembre 2021.
« On est loin du compte ! », juge pourtant Alex sena de Freitas. « Ça reste des contrats précaires, qui concernent en majorité des femmes en temps partiel subi », poursuit le syndicaliste CGT. Sa revendication, portée par une intersyndicale ? La fonctionnarisation du statut des AESH. « Même la catégorie C, qui est la plus basse dans la fonction publique, leur est refusée ! », s’indigne-t-il.
Des dispositifs pour les élèves en difficulté
L’inclusion concerne également les élèves en difficulté. Le Rectorat met ainsi en avant la politique de dédoublement des classes dans les quartiers prioritaires, qui concerne désormais les grandes sections de maternelle en plus des classes de CP et de CE1. Et d’y ajouter l’école obligatoire dès 3 ans, adoptée en 2019, qui concourt à faire de la maternelle « un sujet de travail essentiel avec de nouveaux outils ».
Le dispositif « devoirs faits » pour les collégiens est pour sa part maintenu. Hélène Insel annonce enfin une nouveauté, avec un dispositif d’accompagnement similaire à l’intention des lycéens « les plus fragiles ». Celui-ci n’a pas toutefois vocation à perdurer : sa mise en oeuvre sur 2021, comme les moyens qui lui sont alloués, sont « exceptionnels », insiste la rectrice.
Des annonces qui n’émeuvent guère les syndicats. Qui dénoncent avant tout une dégradation des conditions de travail des enseignants, dont la Covid aurait cruellement démontré les conséquences. « Ce que l’on réclame, c’est une augmentation des moyens, un plan d’urgence qui n’est absolument pas mis en place au sein de l’Éducation nationale », conclut Benjamin Moisset. Des mouvements sociaux (nationaux) sont d’ores et déjà inscrits au calendrier.
DES CAPTEURS DE CO2… AU JUSTE PRIX ?
Quel coût pour l’installation de capteurs de CO2 dans les établissements scolaires. La Région Auvergne-Rhône-Alpes comme le Département de l’Isère ont annoncé mettre la main à la poche pour poser de tels dispositifs. Du côté de la Ville de Grenoble, leur déploiement est également prévu. Mais l’adjointe aux Écoles Christine Garnier s’interrogeait sur une éventuelle compensation financière de l’État.
Interrogée, Hélène Insel tique. Et décrit des dispositifs qui relèvent de la compétence des collectivités. Si des aides pour les petites communes peuvent s’envisager du côté de la préfecture, la Ville de Grenoble n’aurait donc pas vocation à y prétendre. En particulier quand, affirme le rectorat, les capteurs en question coûteraient « moins de 50 euros ». « Ce n’est pas un investissement énorme », juge la rectrice.
Christine Garnier, pour sa part, tablait plutôt sur un coût… entre 200 et 400 euros (pose comprise), à multiplier par mille pour équiper convenablement les établissements. En ligne, sur les sites de vente grand public, tous les modèles (du matériel technique au simple gadget) et tous les prix sont disponibles. Difficile dès lors de se faire une idée sur le juste prix d’un matériel qui, rappelons-le, ne remplit qu’une fonction d’alerte.