FOCUS – La biennale des villes en transition se déroule, pour cette troisième édition, du jeudi 1er avril au dimanche 4 avril 2021. Un temps d’échange, en grande partie en distanciel cette année, propice à la réflexion autour de l’essentiel. Le thème fait écho à la crise de la Covid-19 qui nous invite à nous questionner sur nos modes de vie. Pour la Ville de Grenoble, l’événement est aussi une vitrine, en vue de préparer le titre de Capitale verte européenne pour 2022. Et, pour Alain Carignon, l’occasion d’attirer l’attention…
L’essentiel. La thématique s’est presque imposée d’elle-même pour cette troisième biennale, sous le signe de la Covid, alors que nos quotidiens sont bouleversés par les confinements successifs depuis un an.
« Ce fil rouge nous permet de questionner nos modes de vies en gardant ce qui est essentiel, en le développant même, expose Éric Piolle. Il nous permet aussi de requestionner le reste pour s’adapter aux défis de l’époque ».
Alors, pour le maire de Grenoble, il n’était pas question de reporter cette biennale à cause des contraintes sanitaires. Au contraire, plus que jamais, il était temps de questionner notre modèle de développement. « Le monde d’après, c’est nous toutes et tous qui l’inventons et le créons », rappelle à ce propos Maude Wadelec, conseillère municipale déléguée aux réseaux des villes en transition.
De nombreux rendez-vous en distanciel pour cette 3e édition de la biennale
En raison de la crise sanitaire, cette nouvelle édition se fera en grande partie en distanciel. « C’est une contrainte mais c’est également une opportunité parce ça nous donne l’occasion d’essayer d’échanger d’une autre manière avec les habitants et les villes de France, d’Europe et du monde », relativise Maude Wadelec.
C’est aussi un bienfait pour la planète puisque les invités n’auront pas à utiliser un moyen de transport polluant pour venir à Grenoble. « Il y aura des coûts de déplacement évités », souligne ainsi l’élue.
Les personnes peu à l’aise avec l’outil numérique risquant toutefois d’avoir plus de mal à suivre les échanges, quelques visites de sites, déambulations artistiques et promenades de découverte sont proposées en présentiel.
Le programme est dense, avec plus de 120 animations prévues. Les conférences permettront d’étudier les transitions d’un point de vue environnemental, social, économique et démocratique. S’y ajouteront des ateliers, des tables rondes, mais aussi des jeux et des diffusions de films.
Une marraine et un parrain renommés
La biennale des villes en transition peut compter sur un parrain et une marraine de choix pour cette troisième édition. Ada Colau, maire de Barcelone depuis 2015 et militante sociale, participera à la plénière d’ouverture, jeudi 1er avril à 19 heures.
Elle sera accompagnée de Bruno Latour, le deuxième parrain de cette édition. Le sociologue, anthropologue et philosophe des sciences, a publié l’ouvrage « Où suis-je ? : Leçons du confinement à l’usage des terrestres », aux éditions La Découverte, en janvier dernier.
Frans Timmermans, commissaire européen chargé du Green Deal et de la lutte contre le changement climatique, participera quant à lui au dialogue citoyen « Ambition environnementale européenne : quelles concrétisations sur le territoire grenoblois ? »
D’autres personnalités seront également présentes. Telles que Matthieu Ricard, moine bouddhiste et auteur, Bochra Manaï, commissaire à la lutte contre le racisme et la discrimination systémiques à la Ville de Montréal, ou encore Brigitte Gothiere, porte-parole et directrice de l’association L214.
Pour les organisateurs, cette biennale doit aussi permettre de partager les pratiques vertueuses. « Ce qui est important c’est que les mentalités évoluent et de voir la capacité de la société, donc de notre système social, économique, culturel et même civilisationnel, à absorber ce choc, restaurer ses fonctions initiales et ressortir plus robuste », explique Antoine Back, adjoint aux risques, à la prospective et résilience territoriale, à l’évaluation et aux nouveaux indicateurs et à la stratégie alimentaire.
L’élu se réjouit par avance de cette émulation durant quatre jours sur le territoire grenoblois autour de ces enjeux. « Ce sont de grandes questions. Il n’y a pas de chemin simple, analyse-t-il. C’est passionnant de les affronter avec lucidité, espoir et choix. »
L’occasion de promouvoir le titre de Capitale verte européenne
La deuxième édition avait permis à la municipalité de fédérer les participants autour de la candidature de la Ville de Grenoble au titre de Capitale verte européenne. Deux ans plus tard, la récompense lui est acquise. Alors cette troisième édition sera l’occasion de promouvoir ce titre. « C’est un temps fort dans la préparation de 2022, insiste Éric Piolle. Cette biennale s’inscrit dans cette dynamique-là. »
Une récompense que les élus ont intégrée à plusieurs reprises dans le programme. Une table ronde intitulée « Capitale verte européenne… Késako ? » est ainsi organisée jeudi 1er avril à 13 heures. Des représentants de la ville de Lahti en Finlande, Essen en Allemagne et de Ljubljana en Slovénie partageront alors leur expérience autour des enjeux de ce label. « Cette récompense n’est pas un titre honorifique, c’est un défi, une responsabilité », insiste Éric Piolle. D’autant que le temps presse pour agir avant que les changements ne soient irréversibles.
Tim Buisson
Alain Carignon a ouvert à sa manière la biennale des villes en transition
Quelques jours avant l’ouverture de la biennale des villes en transition, le conseiller municipal d’opposition Alain Carignon a interpellé Éric Piolle dans une vidéo sur Youtube. On le voit devant un tas de déchets, sur le site Allibert à Grenoble, dans le quartier Alliés-Alpins. Un site qu’il dit à l’abandon depuis plusieurs années. « Ce n’est pas une déchetterie sauvage. C’est un dépôt organisé par la municipalité », certifie Alain Carignon.
Une attaque sur la propreté de la ville qui fut l’un des credos de sa campagne municipale en 2020. Le groupe d’opposition a par ailleurs posé une question orale à ce sujet lors du conseil municipal de Grenoble lundi 29 mars.
Eric Piolle lui a alors reproché d’avoir associé les squats et ce lieu de dépôt d’ordures en posant simultanément une question sur ces deux sujets. « Votre intervention fait le terreau d’une fracture sociale nauséabonde », a répliqué le maire de Grenoble. Mais sans vraiment répondre sur le fond du dossier.
Autour de la biennale, Géopol’art 2021 et la COP2 étudiante
En parallèle de la biennale des villes en transition, SpaceJunk Art centers propose la 6e édition de l’exposition collaborative Geopol’art.
Un projet qui s’inscrit dans la continuité du festival de géopolitique « S’adapter ?! » de Grenoble école de management (GEM) qui s’est déroulé du 22 au 26 mars 2021. Un travail mené en collaboration avec Campus eductive Grenoble, qui permet de visionner en ligne des œuvres d’artistes du StreetArt régional et international.
Enfin, la Cop2 étudiante prendra place à Grenoble les 10 et 11 avril prochains. L’équipe de cette Cop2 regroupe des étudiants en césure et des services civiques qui travaillent en collaboration avec une trentaine d’élèves grenoblois.
Ensemble, ils réfléchissent et discutent autour des enjeux environnementaux afin de limiter le réchauffement climatique. Cet événement national basé dans la Capitale des Alpes se décline en ateliers, défis ludiques, activités artistiques mais aussi en conférences et débats.