EN BREF – Gérald Darmanin a écrit à la Commission européenne pour lui demander d’annuler la subvention à l’Alliance citoyenne basée à Grenoble. Une association connue pour ses actions coup de poing dans le logement mais aussi pour faire accepter le burqini et le hijab dans les enceintes sportives. Et que le ministre de l’Intérieur accuse de promouvoir « des règles compatibles avec la charia ».
Le ministre de l’Intérieur a écrit à la Commission européenne pour lui demander d’annuler une subvention de 60 000 euros prévue pour être versée à l’Alliance citoyenne, association dont le siège est à Grenoble, apprend-on auprès du Parisien.
Particulièrement active sur les questions de logement, l’Alliance citoyenne s’est aussi fait connaître l’été 2019 en organisant des actions coup de poing pour faire accepter le burkini/burqini dans les piscines municipales de Grenoble. Sans succès jusque-là.
Elle a aussi fait parler d’elle en s’introduisant dans les salles de sport privées pour réclamer que le hijad ait sa place comme accessoire vestimentaire. Ce avec plus de réussite, une poignée de salles, à Lyon et Grenoble notamment, ayant modifié leur règlement intérieur.
Des actions qui ne plaisent guère à Gérald Darmanin. « Sous couvert de combattre l’islamophobie, l’Alliance citoyenne fait pression sur les pouvoirs publics pour promouvoir des règles compatibles avec la charia », souligne-t-il dans un courrier adressé à Ylva Jhansson, commissaire européenne aux Affaires intérieures, et Didier Reynders, commissaire européen à la Justice.
« Une atteinte aux valeurs de liberté, d’égalité et de tolérance » pour Gérald Darmanin
« Les membres de cette association sont adeptes de théories du complot et n’expriment aucune compassion pour les victimes du terrorisme. Ainsi, Mme Hammouti, une des porte-paroles de l’association, a écrit publiquement, à propos des attentats effroyables de janvier 2015 à la rédaction de Charlie Hebdo : « N’oubliez pas que c’est Charlie qui a dégainé le premier ». Ces éléments constituent une atteinte aux valeurs de liberté, d’égalité et de tolérance qui sont au fondement même de notre démocratie française, mais aussi de notre espace européen de sécurité, de liberté et de justice. »
Dans un communiqué en réponse, l’Alliance citoyenne accuse Gérald Darmanin de faire « de l’ingérence politique dans des procédures réglementaires rigoureuses de l’UE ». Et dénonce un abus de pouvoir.
Car le projet de l’association va au-delà des actions menées dans les piscines et les salles de sport. « En avril 2020, dans le cadre d’un appel à projets lancé par la Commission européenne, l’Alliance citoyenne et ses partenaires ont déposé le projet “Femmes musulmanes debout pour que la tolérance soit la règle (Muslim women standing to make tolerance a rule)” », précise-t-elle.
Des règlements facteurs d’exclusion pour l’Alliance citoyenne
« Ce projet part du problème de l’existence de nombreux règlements interdisant l’accès à des femmes musulmanes portant un voile à des salles de sport, des bowlings, des centres de formation professionnelle ou des centres de soins. Sous couvert d’interdiction des couvre-chefs ou des signes religieux sans raison légale qui les justifie, ces règlements sont facteurs d’exclusion pour les femmes concernées », dénonce l’Alliance citoyenne.
Fin 2020, la Ville de Grenoble comme la Métropole ont refusé d’adopter la charte de la laïcité proposée par la conseillère municipale et métropolitaine Émilie Chalas (Lrem). Une charte qui conditionnait le versement des subventions publiques à un certain nombre de critères, notamment le respect des principes républicains dont la laïcité.
Patricia Cerinsek