FIL INFO – Militant inlassable du quartier populaire de la Villeneuve à Grenoble, André Béranger s’en est allé, de sa propre initiative, ce dimanche 15 novembre 2020. La veille au soir, plusieurs dizaines de ses compagnons de lutte, amis, voisins ainsi que la Batukavi lui ont rendu un hommage en musique et en chansons. Entouré de ses proches, André Béranger n’a rien raté depuis sa fenêtre, avant d’écrire quelques mots d’adieu et de tirer sa révérence.
Profondément altruiste, épris de justice sociale, André Béranger, 74 ans, s’est éteint de son propre chef ce dimanche en milieu de soirée. Véritable pilier du monde militant de la Villeneuve à Grenoble, l’ancien instituteur qui a enseigné dans le quartier se savait atteint d’une maladie dégénérative.
Dans sa lettre d’adieu rédigée, dimanche 15 novembre, André Béranger « tire sa révérence » et annonce sa décision « de mettre fin à ses jours avant d’être définitivement grabataire, et ce, en pied de nez à la législation rétrograde qui a cours en France ».
« Trop fort la Villeneuve ! »
À la pensée des moments partagés avec sa famille, ses amis, ses anciens élèves, voisins, compagnons de lutte, André Béranger évoque « l’émotion qui [l]“étreint ». La veille, bon nombre d’entre eux s’étaient ainsi réunis au pied de son immeuble pour lui rendre un hommage en chansons et au son des tambours de la Batukavi.
Ces « chaleureux témoignages », comme il l’écrit, lui auront été droit au cœur. Il les en remercie une dernière fois : « J’ai eu […] ce bonheur d’avoir sous mes fenêtres ce samedi soir une magnifique prestation solidaire : trop fort la Villeneuve ! »
André Béranger, un porte-parole des sans-voix contre les démolitions à la Villeneuve
Durant toutes ses années de militantisme, l’ancien instituteur à la Villeneuve aura défendu, cheville au corps, l’éducation pour tous au côté du Réseau d’éducation sans frontières (RESF). Avec l’association Droit au logement, il a aussi bataillé sans relâche pour la cause des mal-logés.
Remonté contre les démolitions imposées de logements sociaux à la Villeneuve, il n’a cessé de réclamer une véritable co-construction pour le projet urbain de la Villeneuve avec les habitants.
En octobre 2019, il a été le fer de lance du Référendum d’initiative citoyenne autogéré à la Villeneuve. Pour ce porte-parole des sans-voix, le Ric était le seul outil démocratique permettant de recueillir l’avis des personnes les plus éloignées des urnes.
Dans sa lettre rédigée peu avant sa mort, il en profite pour pourfendre une ultime fois l’ultralibéralisme et rappeler ces « combats qui [lui] sont chers », tout en ne doutant pas que les « copains [les] poursuivront ». « Je souhaite à tous réussite dans vos luttes et projets pour l’amélioration de ce monde bloqué par cette sacro sainte course aux profits. »