REPORTAGE VIDÉO – À l’appel de plusieurs associations arméniennes, près de 200 personnes se sont rassemblées devant la préfecture de l’Isère ce lundi 26 octobre 2020. Leur objectif ? Alerter sur la situation des Arméniens de l’Artsakh, « massacrés » par les frappes de l’Azerbaïdjan, pays qui convoite ce territoire depuis trente ans. La diaspora arménienne demande également instamment à l’État français d’intervenir en faveur de l’Arménie pour que puisse cesser le conflit.
Ce lundi 26 octobre 2020, les couleurs des drapeaux de l’Arménie et de l’Artsakh (ou Haut-Karabakh) flottaient devant la préfecture de l’Isère, place de Verdun. Lieu où, à l’appel de plusieurs associations arméniennes1La diaspora arménienne compte entre 4 500 et 5 000 personnes réparties sur tout le territoire de l’agglomération grenobloise. près de 200 personnes s’étaient rassemblées en fin d’après-midi en soutien à la population de cette enclave située entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan.
Leurs objectifs ? Dénoncer les « massacres » perpétrés par les troupes azerbaïdjanaises épaulées par la Turquie d’Erdogan dans le Nagorny Karabakh. Une région séparatiste convoitée depuis trente ans par l’Arménie et son puissant voisin. Mais pas seulement. En effet, les manifestants demandaient également à l’État français d’intervenir en faveur de l’Arménie dans cette escalade suscitant l’inquiétude de la communauté internationale.
« Nous voulons la paix »
Après plusieurs accords de cessez-le-feu entre les belligérants, dont le dernier n’a duré que quarante minutes, la diaspora arménienne est de plus en plus inquiète. Redoutant la poursuite du « génocide arménien », cette dernière multiplie les initiatives pour tenter de venir en aide à la population de l’Artsakh.
Daniel Marandjian, président de la Maison de la culture arménienne de Grenoble et du Dauphiné. © Joël Kermabon – Place Gre’net
« C’est une terre arménienne où, dans sa capitale Stepanakert dévastée par les bombes, les habitants se terrent, sans électricité et sans chauffage à l’orée de l’hiver », décrit Daniel Marandjian.
« Nous voulons la paix ! », affirme avec force le président de la Maison de la culture arménienne de Grenoble et du Dauphiné (MCAGD), qui regrette que le groupe de Minsk ne soit pas parvenu à régler le problème.
« La France ne peut pas se contenter de rester neutre »
Retour en images sur ce rassemblement auquel ont participé de nombreux élus de tous bords. Dont des représentants de la Métropole, du Département de l’Isère et de la Région Auvergne-Rhône-Alpes ainsi qu’Éric Piolle, maire de Grenoble, et Renzo Sulli, maire d’Échirolles. Pour ce dernier, « ce qui se passe en Arménie est très grave. Aussi la France ne peut-elle pas se contenter de rester neutre », a déclaré l’élu.
Le règlement du conflit de l’Artsakh ne pourra être que politique
Pour autant, le président de la MCAGD, ne se fait guère d’illusion quant à la poursuite d’un conflit armé. « Nous savons très bien que ce n’est pas par la guerre que nous parviendrons à régler ce conflit mais par la négociation. Et la négociation ce n’est que par le côté politique que nous pourrons la mener », reconnaît volontiers Daniel Marandjian,
De nombreux élus ont manifesté leur soutien à la population de l’Artsakh. © Joël Kermabon – Place Gre’net
C’est d’ailleurs bien dans cet objectif, qu’après le rassemblement, une délégation a été reçue en préfecture. Ne serait-ce que « pour faire passer un message à Emmanuel Macron et qu’il intervienne dans ce conflit », selon Daniel Marandjian.
De fait, le président de l’association arménienne ne croit plus à l’efficience des multiples cessez-le-feu, toujours rompus.
De plus, ajoute-t-il, « les Arméniens de l’Artsakh ont tout intérêt à ce que tout cela s’arrête parce qu’ils sont en infériorité face à l’Azerbaïdjan ». Et pour cause, souligne Daniel Marandjian, un peu résigné, l’Arménie ne fait effectivement pas le poids. « Le budget de la défense de l’Azerbaïdjan est bien plus important que le budget global de l’Arménie. C’est complètement disproportionné ! », constate-t-il amèrement.
Joël Kermabon
1 La diaspora arménienne compte entre 4 500 et 5 000 personnes réparties sur tout le territoire de l’agglomération grenobloise.