EN BREF – Avec la fin de la trêve hivernale, l’association Droit au logement de l’Isère redoute la reprise des expulsions. Et s’inquiète de l’application d’une directive enjoignant aux préfets de ne pas procéder à des « remises à la rue sèches ». Ce que les militants se proposent d’empêcher grâce à la mise en place de « barrages anti-expulsions ».
Rassemblement contre les expulsions place Notre-Dame, samedi 11 juillet 2020. © Joël Kermabon – Place Gre’net
« Avec la fin de la trêve hivernale, les centres d’hébergement vont fermer et les expulsions reprendre » alerte l’association Droit au logement de l’Isère (Dal 38). De fait, repoussée de plus de trois mois, la trêve hivernale a pris fin ce vendredi 10 juillet 2020, en même temps que l’état d’urgence sanitaire. « Depuis le 11 juillet, la police peut donc de nouveau expulser des personnes », souligne l’association.
Face à cette menace imminente, les militants ont appelé au rassemblement, ce samedi 11 juillet à 14 heures, place Notre-Dame. Outre des témoignages et prises de parole, cette mobilisation visait notamment à organiser de futurs « barrages anti-expulsions ». C’est-à-dire « des piquets devant les logements où vivent des personnes menacées par l’arrivée de la police et de l’huissier ».
Les militants tenaient aussi à interpeller le préfet de l’Isère, qui a récemment reçu instruction de la part du ministère du Logement de ne pas procéder à des « remises à la rue sèches », indique l’association. À savoir, ne remettre personne à la rue sans solution alternative telle que « des hébergements et logements décents et adaptés ».
« Pour contourner la loi, certaines structures enjoignent les personnes à partir d’elles-mêmes »
Si, à travers sa circulaire le gouvernement se voulait rassurant, le Dal 38, le collectif Lutte hébergement Grenoble et les personnes concernées s’inquiètent. « Aucune information précise sur la date de fermeture des centres d’hébergement n’est donnée. Semaine après semaine, une nouvelle date est évoquée », rapportent les militants. « Le 15 juillet ? Le 31 juillet, voire le 31 août ? », s’interrogent-ils.
Plusieurs personnes hébergées au centre d’hébergement de Comboire ont témoigné de leur situation. © Joël Kermabon – Place Gre’net
L’incertitude est reine. « Les personnes hébergées subissent un stress permanent » doublé d’une « maltraitance psychique », déplorent-ils. Pourront-elles bénéficier d’une orientation, comme l’impose la loi dans le cadre du principe de continuité de l’hébergement inconditionnel, ou bien devront-elles retourner dans la rue ?
Ce qui est sûr, expliquent leurs défenseurs, « c’est que les centres de Fontaine, de Comboire et de Marie-Reynoard fermeront dans les prochains jours ». De surcroît, s’indignent-ils, « pour contourner la loi, certaines structures enjoignent les personnes de partir d’elles-mêmes ». Dans l’assemblée, certaines familles font état d’une situation anxiogène. Comme Djamila et Redhouane, actuellement hébergés à Comboire avec leurs deux enfants.
Le Dal réclame une solution de logement pérenne pour tous
« Vivre à la rue, été comme hiver, épidémie ou non, n’est envisageable pour personne », clament les militants. Qui insistent, une fois encore, « sur les conditions d’hébergement dans les structures accueillantes ». Et rappellent les obligations de l’État concernant les sans-abri. « C’est à la charge de l’État de débloquer des budgets […] pour mettre à l’abri toutes les personnes sans solution d’hébergement et de logement décent », insistent-ils.
Les militants réclament ainsi les mêmes attentions des pouvoirs publics envers celles et ceux « qui sont restés à la rue ou vivent dans le mal-logement ». Faute de quoi, avertissent-ils, « nous nous mobiliserons pour le respect des droits de ces personnes que nous soutiendrons dans leur lutte pour un logement digne ».
Joël Kermabon