FIL INFO – Le collectif Lutte hébergement Grenoble accuse la préfecture de l’Isère et les associations à son service de négliger à dessein les conditions de vie des personnes vivant dans les hébergements temporaires. Selon le collectif, cette manœuvre consiste à les pousser à partir avant la trêve hivernale, et ainsi à ne pas avoir à les reloger, comme la loi l’impose.
À la veille du terme de la trêve hivernale reportée au 10 juillet pour cause de crise sanitaire, le collectif Lutte hébergement Grenoble redoute la fermeture de nombreuses structures d’hébergement temporaires. Et craint, par suite, de nombreuses expulsions de personnes qui vont se retrouver à la rue.
Début juin, une circulaire du ministre du Logement a cependant exhorté les préfectures à éviter toute remise à la rue sans solution pour les sans-abri.
Saluant cette piqûre de rappel, le collectif grenoblois ne se berce toutefois pas d’illusions : « Ce n’est qu’une circulaire qui invite à faire respecter le principe de continuité de l’hébergement inconditionnel inscrit dans la loi et qui est pourtant, chaque année, bafoué », commente Baptiste, membre du collectif. La circulaire semblerait tout de même avoir un certain effet. La préfecture a annoncé, vendredi 3 juillet, le maintien de places à l’hôtel jusqu’à fin juillet. En revanche, les personnes accueillies dans les centres d’hébergement ne savent toujours pas ce qu’il adviendra de leur sort, au-delà du 10 juillet.
« La préfecture mène une politique de harcèlement et d’épuisement »
Outre le fait de demeurer dans l’incertitude, ces personnes hébergées vivent, très souvent, dans des habitats indignes, selon le collectif. Ce dernier a ainsi fait « pression » en début de confinement sur la préfecture et les associations gestionnaires pour obtenir des toilettes, des sanitaires, des douches et faire venir des entreprises de ménage plus fréquemment. Mais les moyens financiers s’amenuisent…
Récemment, des cuisines dans les centres d’hébergement ont été fermées, empêchant les familles de préparer leurs repas. L’entretien n’est plus toujours assuré dans certains sanitaires. Des douches et toilettes sont bouchées depuis des semaines. La vie dans les bungalows devient intenable sous les fortes chaleurs estivales, selon l’association. « À La Tronche, des travaux de désamiantage ont démarré, alors que des familles sont toujours dans les locaux », s’offusquent les militants.
Pour le collectif, ce n’est vraiment pas un hasard si les conditions de vie se dégradent à quelques semaines de la fin de la trêve hivernale. « La préfecture de l’Isère* mène une politique de harcèlement et d’épuisement afin de pousser les familles à partir d’elles-mêmes et ainsi de déroger à son obligation de les reloger », accuse le collectif Lutte Hébergement Grenoble. Contactée, la préfecture n’a pas souhaité répondre à nos questions.
Séverine Cattiaux