EN BREF – À l’appel du Collectif pour la défense du service d’éducation 38, plusieurs dizaines de personnes se sont réunies devant le rectorat de Grenoble mercredi 1er juillet. Objectif ? Dire tout le mal qu’ils pensent du ministre de l’Éducation nationale et de sa vision supposée de l’école. Un mouvement rapidement rejoint par celui des jeunes majeurs étrangers, qui concluaient ainsi leur manifestation dans les rues de Grenoble.
Jeu de massacre et piñata (figurine) à l’effigie de Jean-Michel Blanquer, pêche aux points de retraite et barbecue pour conclure la soirée… Le rassemblement devant le rectorat de Grenoble mercredi 1er juillet tenait autant de la manifestation que d’un moment de retrouvailles festives. Le tout pour demander purement et simplement la démission du ministre de l’Éducation nationale, tout comme une pétition lancée sur le site Change.
Rassemblement devant le rectorat de Grenoble me 1er juillet 2020. © Florent Mathieu – Place Gre’net
Pourquoi tant de colère ? Pour Xavier Lecoq, professeur d’espagnol au lycée et membre du collectif pour la défense du service d’éducation 38, Jean-Michel Blanquer symbolise un « projet réactionnaire et néo-libéral de l’école ». Aux yeux du collectif, qui regroupe syndicats, enseignants et parents d’élève, le ministre « sabote » littéralement l’école publique au profit de l’enseignement privé.
L’occasion pour chacun de se retrouver
Pour les manifestants, Jean-Michel Blanquer se rend également coupable de tenir un « double discours ». « On l’a vécu pendant le confinement : le ministre intervenait dans les médias, c’était “à moi les plateaux, à moi les grandes déclarations”… Et sur le terrain, c’était : “démerdez-vous sans matériel !” », dénonce Xavier Lecoq. Double discours aussi concernant le “succès” des E3C et les « 99,9 % » de professeurs favorables à la réforme du baccalauréat.
Au programme, des activités comme un jeu de massacre… sur des boîtes à l’effigie de Jean-Michel Blanquer. © Florent Mathieu – Place Gre’net
Inutile de dire, dans ce contexte, que l’enseignant n’est guère impressionné par le concept de « vacances apprenantes » ou le dispositif 2S2C (sport-santé-culture-civisme), annoncés par le ministre. « On n’a pas vraiment d’informations », explique Xavier Lecoq. Pour qui « ces déclarations ne sont concrètement pas suivies d’effet ». Ou illustrent la volonté du ministre de resserrer l’enseignement sur les fondamentaux, au mépris d’autres disciplines.
Mais le rassemblement avait aussi pour objectif de permettre à chacun de se retrouver. « Une des stratégies du ministre, c’est de diviser pour mieux régner. L’ambiance dans les établissements est compliquée, entre les E3C et la période de confinement où tout le monde s’est retrouvé atomisé dans son coin », explique Xavier Lecoq.
Ce dernier espère qu’une « réponse collective » saura toutefois s’organiser pour la rentrée de septembre. Que Jean-Michel Blanquer, au hasard d’un remaniement, soit toujours ministre ou non…
Malgré un ciel menaçant, plusieurs dizaines de syndicalistes et enseignants ont pris part à ce dernier rassemblement avant les vacances d’été. Un mouvement d’humeur rapidement rejoint par les jeunes majeurs étrangers et leurs soutiens, en conclusion d’une manifestation dans les rues de Grenoble. De quoi considérablement densifier l’affluence, avec prises de paroles communes à la clé.