EN BREF – Guy Tuscher et Bernadette Richard-Finot ne présideront pas de bureau de vote pour le second tour des élections municipales à Grenoble. Les deux élus, ex-colistiers d’Éric Piolle et candidats sur la liste La commune est à nous ! éliminée au premier tour, dénoncent une parodie de démocratie.
Guy Tuscher et Bernadette Richard-Finot ne présideront pas de bureau de vote le dimanche 28 juin 2020. Pas plus qu’ils n’iront voter. Pour les deux ex-colistiers d’Éric Piolle, pas question de cautionner un scrutin dont la sincérité est, pour eux, « profondément altérée ».
En cause ? L’abstention massive le 15 mars, qui a vu le maire sortant frôler l’élection dès le premier tour avec à peine 19,4 % des inscrits. « Beaucoup plus grave, soulignent les deux élus, l’abstention par sa répartition inégale a profondément altéré le vote. Dans les quartiers Sud où l’abstention est déjà très importante dans certains bureaux, l’augmentation de l’abstention a été quasiment deux fois plus élevée que dans les quartiers Nord. »
Une différence qui, pour les deux élus, a bénéficié à Éric Piolle dont l’électorat se concentre majoritairement au nord des grands boulevards.
« Bonus au maire sortant » et « parodie de démocratie »
Avantage au sortant ? Pour Guy Tuscher et Bernadette Richard-Finot, les trois mois de confinement ont clairement donné un bonus supplémentaire à Éric Piolle. Le maire était en effet seul à pouvoir occuper l’espace public. Même si rien ne garantit que la gestion locale de la crise sanitaire et les déboires qui s’en sont suivis vont véritablement bénéficier au maire sortant.
Fallait-il maintenir le second tour ? Non, pour ses deux ex-colistiers, qui font remarquer le silence à ce sujet du maire sortant. « Éric Piolle, pourtant peu avare pendant cette période en tribunes vantant la démocratie nécessaire du « monde d’après », s’est bien gardé de prendre position sur la question. Il a juste supprimé, au dernier moment et sans aucune explication, le conseil municipal prévu le 15 juin… »
Trois mois pendant lesquels le maire sortant aurait déroulé le « tapis rouge » à Alain Carignon, chiffon rouge bienvenu dans un scrutin qui semble plié d’avance ? « Alors que ce dernier avait refusé de siéger dans le groupe de la droite1Une information erronée selon Matthieu Chamussy qui a tenu à rappeler qu’il avait en réalité « pris les devants en écrivant au maire pour refuser par avance tout demande d’adhésion d’Alain Carignon au groupe qu’[il présidait] ». et ne pouvait donc constituer un groupe, dénoncent-ils, le maire, en contravention complète avec le règlement intérieur, par le simple fait du Prince, lui a accordé toutes les prérogatives d’un groupe politique : invitation aux conférences des présidents de groupe, droit de demande de suspension des conseils, questions orales, tribunes politiques dans Gremag, etc. »
Alain Carignon dans le rôle de « l’épouvantail » ?
« Pendant trois mois, tel un Emmanuel Macron avec une Marine Le Pen, Éric Piolle a ainsi volontairement entretenu l’épouvantail du “corrompu”. Quoi de mieux que de donner tous les moyens à ce soit-disant “danger” pour pousser les indécis à un “vote utile” de 1er tour sur son nom ? »
Dimanche 28 juin, Guy Tuscher et Bernadette Richard-Finot ne seront donc ni devant ni derrière les urnes. Le code électoral impose pourtant à tout élu, sauf cas de force majeure, de présider un bureau de vote au risque d’être démis de ses fonctions par le tribunal administratif. Fonctions que les deux élus ont de toute façon d’ores et déjà perdues, leur liste La commune est à nous !, n’ayant en effet pas passé le second tour.
Patricia Cerinsek
1 Une information erronée selon Matthieu Chamussy qui a tenu à rappeler qu’il avait en réalité « pris les devants en écrivant au maire pour refuser par avance tout demande d’adhésion d’Alain Carignon au groupe qu’[il présidait] ». (note ajoutée le 23 juin 2020 à 18 h 15)