Accusée de parti-pris en pleine campagne des municipales à Grenoble, Atmo soutient sa totale indépendance. Et revient sur les chiffres du confinement.

Pollution de l’air : Atmo réfute tout parti-pris et revient sur les chiffres du confinement

Pollution de l’air : Atmo réfute tout parti-pris et revient sur les chiffres du confinement

ENTRETIEN – Mis en cause par le col­lec­tif Grenoble à cœur et Émilie Chalas la can­di­date LREM aux élec­tions muni­ci­pales à Grenoble, l’as­so­cia­tion Atmo Auvergne Rhône-Alpes* réagit par la voix de son direc­teur. Dans un entre­tien accordé à Place Gre’net, Didier Chapuis réfute tout parti-pris dans les mesures et l’a­na­lyse de la qua­lité de l’air à Grenoble, un thème au cœur de la cam­pagne élec­to­rale. Mais revient, pour les cor­ri­ger, sur les effets du confi­ne­ment sur la pol­lu­tion dans la cuvette.

Place Gre’net : Grenoble à cœur et, der­rière, la can­di­date LREM aux élec­tions à Grenoble Émilie Chalas estiment que le chiffre de 72 % de baisse du dioxyde d’a­zote à Grenoble est biaisé car basé sur la seule sta­tion de mesures du bou­le­vard Foch. De même que le chiffre d’une baisse de 30 % des par­ti­cules fines car cal­culé sur une période, du 11 au 18 mars 2020, non repré­sen­ta­tive de l’é­vo­lu­tion sur les deux mois de confi­ne­ment… Qu’en est-il ?

Didier Chapuis, directeur d'Atmo Auvergne Rhône-Alpes - DR

Didier Chapuis, direc­teur d’Atmo Auvergne Rhône-Alpes, obser­va­toire agréé par le minis­tère de la Transition éco­lo­gique et soli­daire pour la sur­veillance et l’information sur la qua­lité de l’air dans cette région. DR

Didier Chapuis – À Grenoble comme dans la plu­part des agglo­mé­ra­tions, on a eu une baisse très impor­tante des oxydes d’a­zote [pol­luants essen­tiel­le­ment issus du tra­fic rou­tier, ndlr] : de l’ordre de 70 % à proxi­mité du tra­fic et de 50 % en situa­tion de fond. Par contre, sur les par­ti­cules fines, sur l’o­zone, on a au final des concen­tra­tions qui sont res­tées rela­ti­ve­ment proches de ce que l’on mesure habi­tuel­le­ment à cette période.

Pour lutter contre la pollution de l'air sur la région grenobloise, la Région Auvergne Rhône-Alpes met 4 millions d'euros sur la table.

© Véronique Serre

Avec cette crise, on a été confron­tés à des effec­tifs réduits mais, pour autant, on a été énor­mé­ment sol­li­ci­tés, presque quo­ti­dien­ne­ment, pour savoir jus­te­ment com­ment évo­luait la qua­lité de l’air.

On a essayé de com­mu­ni­quer le plus régu­liè­re­ment pos­sible. Mais ce que l’on a dit un jour n’é­tait pas for­cé­ment vrai le len­de­main. Car la qua­lité de l’air n’est pas figée.

Elle évo­lue en fonc­tion des émis­sions, des rejets et beau­coup de la météo… Or, dans cette période de confi­ne­ment, on a eu des épi­sodes météo­ro­lo­giques très dif­fé­rents. Ces chiffres, on avait dû les don­ner en début de confi­ne­ment car on avait été « har­ce­lés ». Après, les condi­tions météo­ro­lo­giques ont changé, ce qui a conduit à des constats un peu différents.

La baisse du tra­fic rou­tier lié au confi­ne­ment n’a donc pas eu d’im­pact sur l’é­vo­lu­tion des niveaux des par­ti­cules fines ?

Didier Chapuis – S’il n’y avait eu qu’une réduc­tion du tra­fic, peut-être aurait-on pu consta­ter une légère dimi­nu­tion des par­ti­cules fines. Mais, dans la mesure où cette réduc­tion du tra­fic a été com­pen­sée par un besoin de chauf­fage, il n’en a rien été.

On sait que le tra­fic repré­sente une part rela­ti­ve­ment faible des par­ti­cules fines régle­men­tées, les PM 2,5 et PM 10. De l’ordre de 20 %. L’essentiel des pous­sières est émis par le chauf­fage. Il est bon de tra­vailler sur la réduc­tion des émis­sions liée aux véhi­cules mais c’est sur le chauf­fage non per­for­mant qu’il y a un tra­vail encore impor­tant à faire, même si l’on a été pré­cur­seur en la matière avec la prime air-bois qui, depuis, a été généralisée.

La pol­lu­tion de l’air est un des thèmes forts de la cam­pagne des muni­ci­pales. Certains vous accusent de parti-pris, voire de ne pas être si indépendante…

Didier ChapuisAtmo est une asso­cia­tion qui regroupe quatre col­lèges qui assurent notre indé­pen­dance et la trans­pa­rence de notre fonc­tion­ne­ment. Un pre­mier col­lège est repré­senté par l’État, un second par les col­lec­ti­vi­tés. Je ne connais pas Monsieur Piolle, mais je connais l’ag­glo­mé­ra­tion, avec qui on tra­vaille et on éva­lue des stra­té­gies imaginées.

Pollution: accusée de parti-pris à Grenoble, Atmo se défend

Pour Émilie Chalas et le col­lec­tif Grenoble à cœur, Atmo prend par­tie. © Florent Mathieu

Un troi­sième col­lège est consti­tué d’en­tre­prises et notam­ment les entre­prises qui paient la taxe géné­rale sur les acti­vi­tés pol­luantes (TGAP). Un qua­trième regroupe les asso­cia­tions de pro­tec­tion de l’en­vi­ron­ne­ment, de défense du consom­ma­teur, des per­son­na­li­tés qua­li­fiées, des médecins…

Ces asso­cia­tions ont été créées en 1986 au len­de­main de Tchernobyl. Il fal­lait trou­ver un mode de fonc­tion­ne­ment où l’in­for­ma­tion puisse être fiable et trans­pa­rente, qu’on ne dis­cute pas des mesures mais des actions qui doivent être por­tées pour amé­lio­rer la qua­lité de l’air. D’où l’i­dée de créer ces asso­cia­tions où l’on regroupe toutes les par­ties pre­nantes, y com­pris celles qui ont des avis opposés.

Didier Chapuis, directeur d'Atmo Auvergne Rhône-Alpes (capture d'écran 8-Mont-Blanc : https://www.dailymotion.com/video/x5hysdw)

Didier Chapuis (cap­ture d’é­cran 8‑Mont-Blanc : https://​www​.dai​ly​mo​tion​.com/​v​i​d​e​o​/​x​5​h​y​sdw)

C’est exac­te­ment le prin­cipe du ther­mo­mètre chez le méde­cin. Une fois que le méde­cin a pris la tem­pé­ra­ture, on ne remet jamais en cause si c’est 38 °C ou 38,5 °C. L’intérêt est de savoir s’il faut don­ner telle ou telle prescription.

La loi demande que chaque col­lège ait au moins un cin­quième des voix. On a sou­haité que cha­cun ait le même nombre de voix. Ainsi, cha­cun des col­lèges a 25 % des voix. C’est le prin­cipe de base et il n’a jamais été débattu.

Tout le monde adhère sachant que les finan­ce­ments ne sont pas for­cé­ment égaux pour les dif­fé­rents col­lèges. Le qua­trième n’est pas un col­lège qui finance l’as­so­cia­tion. Pour autant, ils ont le même nombre de voix. Les indus­triels qui aujourd’­hui financent le plus ont le même nombre de voix que les associations.

Votre indé­pen­dance dépend aussi de la plu­ra­lité des finan­ce­ments. Or depuis plu­sieurs années, le finan­ce­ment de l’État est à la baisse…

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Patricia Cerinsek

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