Agglomération grenobloise © Raphaëlle Denis - Place Gre'net

« Les vents ont chassé la Covid-19 de l’ag­glo­mé­ra­tion grenobloise »

« Les vents ont chassé la Covid-19 de l’ag­glo­mé­ra­tion grenobloise »

TRIBUNE LIBRE – Alors que la plaine du Pô en Italie a été dure­ment frap­pée par la Covid-19, l’ag­glo­mé­ra­tion gre­no­bloise a été plu­tôt épar­gnée. Intrigué par cette situa­tion contras­tée et inat­ten­due de prime abord, le météo­ro­logue retraité Jean-Jacques Thillet rési­dant à Meylan a cher­ché à com­prendre les méca­nismes à l’œuvre. Et à mettre en exergue des cir­cons­tances météo­ro­lo­giques bel et bien dif­fé­rentes sur ces deux ter­ri­toires durant la période de l’é­pi­dé­mie. L’expert expose, ici, son ana­lyse et ses conclusions.

JEAN-JACQUES THILLET, SPÉCIALISTE DE LA MÉTÉO EN MONTAGNE

Jean-Jacques Thillet, ingénieur-météorologue retraité

Jean-Jacques Thillet, ingé­nieur-météo­ro­logue retraité

Formé à l’École de la météo­ro­lo­gie natio­nale à Bois-d’Arcy, Jean-Jacques Thillet est devenu en 1969 le pre­mier pré­vi­sion­niste local de la météo­ro­lo­gie natio­nale au ser­vice des alpi­nistes, fonc­tion qu’il a occu­pée à Chamonix. Pendant dix ans, il a alors cha­peauté ce ser­vice, d’a­bord antenne météo esti­vale, puis centre à plein temps.

Jusqu’à fin 2000, il a ensuite dirigé le centre dépar­te­men­tal de météo­ro­lo­gie de Saint-Martin-d’Hères. Puis il a été en charge à par­tir de 2001 de la com­mu­ni­ca­tion météo à Tahiti. Il est aussi l’au­teur deux livres sur la météo de montagne.

Le bassin du Pô, enchâssé dans les reliefs, sauf à l’est (carte fracademic.com) (Tribune de Jean-Jacques Thillet)

Le bas­sin du Pô, enchâssé dans les reliefs, sauf à l’Est (carte fra​ca​de​mic​.com) Tribune de Jean-Jacques Thillet

Au départ de ma réflexion, début mars, l’é­vo­lu­tion très contras­tée de la pan­dé­mie en Italie m’a inter­pellé : au Nord, elle fut explo­sive, au Sud appa­rem­ment mieux contenue.

La plaine du Pô est sou­mise à un cli­mat très par­ti­cu­lier, dif­fi­cile (chaud et humide en été, froid et bru­meux l’hiver).

Des carac­té­ris­tiques dic­tées par son encla­ve­ment. Elle est entou­rée de reliefs, sauf vers l’Adriatique. Elle est, en quelque sorte, imper­méable aux vents océa­niques domi­nants (Ouest, Nord-Ouest). En géné­ral ce vaste bas­sin est assez peu venté, son air peine à s’y renouveler.

Propagation du virus dans la Plaine du Pô : plu­sieurs fac­teurs aggravants

Le « confi­ne­ment » géo­gra­phique de la Plaine du Pô m’est apparu comme sus­cep­tible d’ex­pli­quer en par­tie la très rapide dis­per­sion du virus dans ce sec­teur. Depuis, des études scien­ti­fiques ont apporté du cré­dit à cette approche, dans la mesure où elles mettent en évi­dence que la pol­lu­tion joue­rait un rôle impor­tant. On nous explique désor­mais que les contextes de non-cir­cu­la­tion de l’air (salles de cinéma, de spec­tacles, res­tau­rants…) sont favo­rables à la dis­tri­bu­tion du virus (micro-pos­tillons flot­tant dans un air non renouvelé).

La faible mobi­lité de l’air est un fac­teur très aggra­vant pour le Nord indus­triel de l’Italie (Milan, Turin…) : la pol­lu­tion y est très au-delà des normes sani­taires de l’OMS (Rome, mieux aérée, fut, je crois, moins affec­tée). Les « inver­sions de tem­pé­ra­tures » hiver­nales, qui forment très fré­quem­ment un « cou­vercle », dimi­nuent encore, à la ver­ti­cale, le volume de dis­per­sion dis­po­nible. Les pol­luants solides + les micro-gout­te­lettes des brumes et brouillards en sus­pen­sion jouent le rôle de sup­ports pour les virus (« aéro­sol » ou « bouillon de culture »).

Autre fac­teur aggra­vant en zone très fré­quem­ment pol­luée (là, je sors de mon domaine de com­pé­tence), les orga­nismes (appa­reil res­pi­ra­toire notam­ment) sont agres­sés, affai­blis par cette ambiance délé­tère chro­nique, ce qui les rend plus vul­né­rables que dans les milieux sains.

Peu de pol­lu­tion au-des­sus de Grenoble pen­dant la pandémie

L’agglomération de Grenoble s’é­tale dans une cuvette fer­mée. On évoque sou­vent sa pol­lu­tion. Alors on pour­rait s’at­tendre aussi à une forte conta­mi­na­tion. Mais c’est l’in­verse qui s’est produit.

Carte montrant la faiblesse de la contamination de l'Isère au Covid-19, le 1er mai 2020, Source Le Monde (Tribune de Jean-Jacques Thillet)

Carte mon­trant la fai­blesse de la conta­mi­na­tion de l’Isère au Covid-19, le 1er mai 2020, Le Monde (Tribune de Jean-Jacques Thillet)

La carte ci-des­sus, qui fut quo­ti­dien­ne­ment mise à jour, montre la fai­blesse de la conta­mi­na­tion de l’Isère au 1er mai (en réa­lité les contrastes furent supé­rieurs avec les dépar­te­ments voi­sins au cœur de la crise). Le nombre de per­sonnes hos­pi­ta­li­sées pour 10 000 habi­tants est une moyenne départementale.

On peut en plus très rai­son­na­ble­ment sup­po­ser que le sec­teur urba­nisé du Nord-Isère (La Verpillière, L’Isle-d’Abeau, Bourgoin-Jallieu…) était sous l’in­fluence de la forte conta­mi­na­tion du Rhône, de la Loire, de l’Ardèche. Il s’en­suit que l’ag­glo­mé­ra­tion gre­no­bloise était encore moins pol­luée que la don­née dépar­te­men­tale ne l’af­fiche. Étrange para­doxe… apparent.

PETITE INTRODUCTION À L’AÉROLOGIE DE MONTAGNE 

Deux sché­mas réa­li­sés par Dominique Schueller per­mettent de com­prendre rapi­de­ment le fonc­tion­ne­ment de l’aé­ro­lo­gie de montagne

Aérologie de montagne © Dominique Schueller (Tribune de Jean-Jacques Thillet)

Aérologie de mon­tagne. © Dominique Schueller (Tribune de Jean-Jacques Thillet)

- « Brise aval ». Essentiellement à la belle sai­son. Les pentes chauf­fées par le soleil en jour­née déclenchent des « ascen­dances ther­miques ». Celles qui portent les pla­neurs, les libé­ristes, qui amorcent la fabri­ca­tion de nuages.

- « Brise amont ». Essentiellement en hiver. Dans la nuit, de l’air froid coule des ver­sants vers la val­lée, sur­tout quand les pentes sont ennei­gées. Ces « ruis­seaux » de froid se ras­semblent par gra­vité en fond de val­lée pour y for­mer un « fleuve aérien ».

L’agglomération gre­no­bloise a béné­fi­cié d’une « gigan­tesque clim » renou­ve­lant l’air

Les flèches bleues dans le schéma ci-des­sous montrent l’é­cou­le­ment de l’air froid en fond de val­lée. Très natu­rel­le­ment, il suit la pente par gra­vité. Un vent froid résul­tant s’é­chappe vers le Nord-Ouest par la cluse de Voreppe, entre Vercors et Chartreuse. Ici, on l’ap­pelle « la Matinière », car il souffle régu­liè­re­ment et plus fort le matin. Il balaye le pays au débou­ché de l’exutoire, notam­ment les « Terres froides » (hachures bleues), froides parce que les col­lines approchent les 1 000 m, froides… à cause de cette pul­sion d’air venu des Alpes.

Circulation de l’air dans l'agglomération grenobloise en situation de “brise amont” (descendue des pentes vers l'agglomération) -  (fond de carte Google) (Tribune de Jean-Jacques Thillet)

Circulation de l’air dans le “Y” gre­no­blois en situa­tion de “brise amont” (des­cen­due des pentes vers l’ag­glo­mé­ra­tion) – (fond de carte Google) Tribune de Jean-Jacques Thillet

En hiver, la « brise amont » l’emporte lar­ge­ment, expul­sant l’air refroidi par les pentes ennei­gées. Le souffle à tra­vers la cluse est quasi per­ma­nent. On com­prend, dès lors, que l’ag­glo­mé­ra­tion de Grenoble n’est pas du tout sous la même influence aéro­lo­gique que la Plaine du Pô. À Grenoble, l’air cir­cule, la pol­lu­tion s’é­va­cue ; dans la Plaine du Pô, il est le plus sou­vent immo­bile, la pol­lu­tion s’ac­cu­mule. Cet hiver, mal­gré des condi­tions anti­cy­clo­niques durables, il n’y a pra­ti­que­ment pas eu d’a­lerte pol­lu­tion dans l’ag­glo­mé­ra­tion, jus­ti­fiant un ralen­tis­se­ment de la vitesse des voi­tures, une seule selon mes souvenirs.

Ainsi pour­rait s’ex­pli­quer le para­doxe gre­no­blois de faible conta­mi­na­tion. Certains se méfient de la clim dans les res­tau­rants, dans l’a­vion… : air confiné brassé, pensent-ils. Mais des spé­cia­listes ont répondu : “Non, c’est un air renou­velé, par cap­tage de l’air exté­rieur, tout par­ti­cu­liè­re­ment dans les avions”. Voilà qui apporte de l’eau à mon moulin.

Agglomération grenobloise.

L’agglomération gre­no­bloise vue d’en haut © Véronique Serre – Place Gre’net

La Plaine du Pô repré­sente un vaste volume de « confi­ne­ment géo­gra­phique » qui accu­mule les par­ti­cules fines de la pol­lu­tion humaine et les gout­te­lettes micro­sco­piques des brumes et brouillards.

À Grenoble, les condi­tions météo par­ti­cu­lières du der­nier hiver ont faci­lité le renou­vel­le­ment de l’air par les brises de mon­tagne, à l’ins­tar d’une « gigan­tesque clim » (entrée d’air sain des­cendu des som­mets, expul­sion vers l’ex­té­rieur par la cluse de Voreppe), l’in­verse donc du Nord de l’Italie, avec les bilans oppo­sés qu’on connaît, en accord avec cette hypothèse.

Un cli­mat doux qui a faci­lité la cir­cu­la­tion des vents sur l’agglomération

J’ai décou­vert sur Place Gre’net, alors que je rédi­geais cette tri­bune, le bilan de la pol­lu­tion éta­bli par Atmo (sur­veillance régio­nale de la qua­lité de l’air) pour la période du décon­fi­ne­ment. Il fait état d’un main­tien du niveau de pol­lu­tion de l’ag­glo­mé­ra­tion, mal­gré la réduc­tion impor­tante de la cir­cu­la­tion auto­mo­bile. J’ai eu un ins­tant d’hé­si­ta­tion : allais-je déve­lop­per un article van­tant, à contre-cou­rant, une sorte de salu­brité de l’air gre­no­blois ? À la réflexion, il ne me semble pas y avoir « téles­co­page ». Pollution certes, mais une pol­lu­tion qui, à l’in­verse de celle du Nord de l’Italie, s’é­va­cue, se régé­nère en entraî­nant avec elle, hors de nos murs, son virus en pas­sa­ger clandestin.

Agglomération grenobloise © Raphaëlle Denis - Place Gre'net

Vue sur l’ag­glo­mé­ra­tion gre­no­bloise © Raphaëlle Denis – Place Gre’net

Toutefois il ne faut pas tirer des conclu­sions défi­ni­tives à par­tir des der­niers mois. On le sait, l’hi­ver fut le plus chaud et le plus beau jamais observé en France, le prin­temps a suivi cette tra­jec­toire. La cir­cu­la­tion d’air appa­rem­ment béné­fique décrite ici a cor­res­pondu à un type de temps exceptionnel.

En hiver « nor­mal », le méca­nisme ne serait pas aussi bien huilé. Les Grenoblois savent que, d’ha­bi­tude, il s’ins­talle assez sou­vent des « inver­sions » durables appor­tant leur lot de temps gris, froid et humide dans la val­lée, tan­dis que, au-des­sus de 1 000 à 1 500 m selon les cas, le soleil illu­mine les jours de la montagne.

Pollution et bilan climatique à Grenoble de février à avril 2020 Atmo (données mises en forme par Dominique Schueller)

Pollution et bilan cli­ma­tique à Grenoble de février à avril 2020 (don­nées Atmo mises en forme par Dominique Schueller)

Dans ces confi­gu­ra­tions, il y a une sorte de dis­so­cia­tion entre le temps d’en haut et celui d’en bas. L’écoulement des brises en est per­turbé. Leur effet n’est pas aussi favo­rable que celui observé ces der­niers mois. Au contraire, cer­taines inver­sions très mar­quées piègent la pol­lu­tion qui peut s’in­ten­si­fier par cumul plu­sieurs jours de suite. Le contexte gre­no­blois se rap­proche alors, au moins tem­po­rai­re­ment, de celui de la val­lée du Pô, jus­ti­fiant des limi­ta­tions de vitesse des automobiles.

Une inver­sion du contexte pol­lu­tion par rap­port au bas­sin du Pô

Les bilans Atmo prouvent à l’évidence que les pre­miers mois de 2020 furent par­ti­cu­liè­re­ment peu pol­lués dans l’agglomération gre­no­bloise. On tient bien là la démons­tra­tion de l’inversion du contexte pol­lu­tion par rap­port au bas­sin du Pô. De leur côté, les résul­tats météo de Saint-Martin‑d’Hères* confirment le carac­tère météo excep­tion­nel de la période, ceci expli­quant cela. Sur le gra­phique de droite figurent, dans la par­tie haute, du 1er jan­vier au 31 mai, les écarts quo­ti­diens de la tem­pé­ra­ture moyenne par rap­port à la tem­pé­ra­ture moyenne de la période.

Il saute aux yeux que les périodes « froides » (en bleu) furent plus que dis­crètes. Dans la par­tie basse, les quan­ti­tés de pré­ci­pi­ta­tions en mm au jour le jour. On note la lon­gueur remar­quable de la séche­resse du 14 mars au 24 avril, un record. Ambiance sèche signi­fie pri­va­tion pour les virus de sup­ports en micro-gout­te­lettes en sus­pen­sion dans l’atmosphère. Au total, la pré­do­mi­nance du beau temps a indé­nia­ble­ment favo­risé le renou­vel­le­ment de l’air et par là même la pro­bable dif­fi­culté du virus à s’installer.

Deux cas (Pô et Grenoble) ne suf­fisent pas à éta­blir une règle, mais pour tra­cer une piste à explo­rer, si.

Jean-Jacques Thillet

NB : Merci à Dominique Schueller, col­lègue, pour ses gra­phiques et sa relec­ture avi­sée et construc­tive. Merci à Stéphane André, obser­va­teur béné­vole pour Météo-France à Saint-Martin‑d’Hères, pour son assi­duité et sa rigueur pas­sion­nées qui per­mettent de dis­po­ser de mesures météo com­plètes depuis bien­tôt vingt ans. Des réfé­rences utiles pour suivre le cli­mat de l’agglomération.

Les tri­bunes publiées sur Place Gre’net ont pour voca­tion de nour­rir le débat et de contri­buer à un échange construc­tif entre citoyens d’opinions diverses. Les pro­pos tenus dans ce cadre ne reflètent en aucune mesure les opi­nions des jour­na­listes ou de la rédac­tion et n’engagent que leur auteur.

Vous sou­hai­tez nous sou­mettre une tri­bune ? Merci de prendre au préa­lable connais­sance de la charte les régis­sant.

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