EN BREF – Le Syndicat national unifié des directeurs, instituteurs et professeurs des écoles (Snudi-FO) de l’Isère a dénoncé, ce mercredi 10 juin, les aménagements relatifs au retour à l’école, au cours d’une conférence de presse organisée devant les locaux de l’académie de Grenoble. Les enseignants craignent une perte du temps d’apprentissage en classe au profit de l’école à la maison et des activités périscolaires.
Ils s’inquiètent du devenir de l’enseignement à l’école et ont voulu le faire savoir ce mercredi, lors d’une conférence de presse devant les locaux de la direction des services départementaux de l’Éducation nationale de l’Isère.
En tête de leurs préoccupations ? La perte du temps d’apprentissage, selon ces enseignants en poste dans l’agglomération grenobloise, membres du Syndicat national unifié des directeurs, instituteurs et professeurs des écoles.
Les élèves auraient perdu 40 % des heures de classes
Pas moins de 40 % des heures de classes perdues dans les écoles maternelles et élémentaires publiques. C’est le chiffre qu’avance le Snudi-FO Isère. Plus grave encore selon ces professeurs des écoles, ce ne sont pas les élèves en difficulté qui reviennent en classe depuis le 11 mai 2020.
Si les enfants des personnels mobilisés par la crise sanitaire (soignants, pompiers…) et « la continuité de la vie de la Nation » vont en classe toute la semaine, les élèves jugés non prioritaires* par l’Éducation nationale n’auraient droit qu’à un ou deux jours par semaine. Au mieux.
La raison ? Les conditions d’accueil ne permettent pas le retour d’un nombre suffisant d’élèves. Pour ouvrir, les classes doivent en outre être nettoyées toutes les deux heures. La plupart des villes ont donc décidé de mutualiser leurs écoles et de fermer des salles de classe, faute de personnel pour les nettoyer. Quant aux élèves les plus en difficulté, ils ne sont le plus souvent pas du tout revenus en classe, ce retour étant laissé au choix des familles.
Moins d’école en présentiel à l’avenir ?
Mais ce n’est pas tout. Cette situation dégradée pourrait se pérenniser. C’est en tout cas ce que redoute le syndicat Snudi-FO, qui s’appuie sur les consignes reçues par les professeurs pour la rentrée de septembre en Guyane. Les élèves auraient alors deux jours de classe, une journée de télé-apprentissage, puis deux jours d’activités périscolaires. Guillaume Vercruysse, secrétaire départemental adjoint du Snudi-FO de l’Isère, se demande ainsi si ce projet expérimenté en Guyane est aussi destiné à la France. « Est-ce un département pilote ? », s’interroge-t-il.
Dans le même esprit, Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Éducation promeut déjà dans l’Hexagone le dispositif Sport, santé, culture, civisme abrégé 2S2C. Ce dispositif a pour objectif d’accompagner le retour progressif à l’école en proposant aux élèves des activités « ludiques » et « éducatives » sur le temps scolaire, indique le ministère de l’Éducation nationale. Un millier de conventions ont déjà été signées avec les mairies. « Une réponse immédiate mais aussi structurelle », estime Jean-Michel Blanquer.
La crainte de voir les écoles transformées en garderie
Bien que ces ordonnances 2s2c signées entre les collectivités locales et les directeurs académique soient présentées comme provisoires, Guillaume Vercruysse craint leur généralisation l’année prochaine. Selon lui, cet encadrement se fait entièrement en dehors de la responsabilité de l’enseignant et, donc, sans aucun contrôle sur les apports pédagogiques. Il appelle à réserver l’enseignement aux enseignants et l’animation aux animateurs employés des communes sur le temps périscolaire.
Julien Morceli
* Les élèves jugés prioritaires par l’Éducation nationale sont ceux « en situation de handicap, les élèves décrocheurs ou en risque de décrochage et les enfants des personnels indispensables à la gestion de la crise sanitaire et à la continuité de la vie de la Nation. Dans la mesure du possible, il est également tenu compte des élèves relevant d’une même fratrie ».