DÉCRYPTAGE – En mai prochain, l’Éducation nationale va devoir recoller les pots cassés. Nombre d’élèves au niveau scolaire faible n’ont pas bien vécu « l’école à la maison ». Mais reviendront-ils seulement en classe jusqu’à la fin des cours, arrêtée au 4 juillet ? Pas sûr. Eux pas plus que les autres car le retour à l’école a été décrété facultatif au vu de la crise sanitaire. Quels seront alors les critères pour évaluer l’assiduité qui doit peser dans l’obtention des diplômes ? Des questions en suspens.
Le retour à l’école courant mai est censé permettre aux élèves au niveau scolaire chancelant de rattraper leur retard.
Encore faudrait-il que les établissements soient effectivement rouverts, que les professeurs soient au rendez-vous, que les collectivités organisent le nettoyage des classes, les transports en commun… Et, enfin, que les élèves qui en ont le plus besoin soient de retour en classe. Car il revient aux parents de décider de remettre ou pas leurs enfants à l’école…
En théorie, un certain nombre de classes devraient ainsi pouvoir se tenir jusqu’au 4 juillet, tous les examens ayant été suspendus à l’exception du Bac de français. Et, toujours en théorie, les élèves pourraient bénéficier de quelques semaines pour se remettre dans le bain et rattraper les connaissances non acquises.
Des contenus pédagogiques encore flous
Autre inconnue : le contenu pédagogique, qui demeure à peaufiner. « Il va falloir mettre en place un travail pédagogique innovant car les enfants n’auront pas vécu l’école à la maison de la même façon », estime Hélène Insel, rectrice de l’Académie de Grenoble.
« Ce que l’on demande c’est que l’on reprenne les enseignements là où ils ont été arrêtés », tient à souligner Gilles Nogues, trésorier de la Fédération des conseils de parents de l’Isère (FCPE).
Considérer la période de confinement comme une simple parenthèse ? Ce n’est pas le point de vue de Jean-Pierre Lasserre. « On ne repartira pas de zéro », affirme le proviseur du lycée général technologique et professionnel Édouard Herriot à Voiron, syndiqué au Syndicat national des personnels de direction de l’Éducation nationale (SNPDEN).
Il faut dire que ses élèves ont plutôt bien accusé le coup du confinement, avec un taux de décrochage relativement faible. Ce qui est loin d’être le cas de tous les établissements, que ce soit dans les collèges ou lycées. Une période tampon sera toutefois nécessaire, admet le proviseur, « pour évaluer ce qui aura été retenu ou pas ».
Le retour redouté des élèves « déscolarisés »
Pour les filières professionnelles, les ateliers et stages en entreprises devraient reprendre, à condition que soient levées toutes les interrogations qui planent au-dessus de leur mise en place.
« Ces ateliers et les stages sont de véritables soupapes, reconnaît ce proviseur d’un lycée de l’agglomération grenobloise. Et c’est le moyen pour ces élèves d’apprendre vraiment leur métier », rappelle-t-il.
Mais, dans la pratique, il s’attend à de l’absentéisme accru par la période du ramadan. « Les élèves déscolarisés se sont déshabitués des contraintes scolaires et ont parfois mal vécu leur confinement ». Le proviseur redoute même « une explosion des violences dans les lycées ».
L’assiduité et la motivation scrutées… mais avec quelle loupe ?
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