FOCUS – Le premier tour des élections municipales approche à grands pas. À Seyssinet-Pariset, pas moins de cinq listes s’affronteront dans les urnes. Une situation inédite pour cette commune de l’Isère. Et pour cause : Marcel Repellin, maire de la commune depuis vingt-cinq ans, n’est pas candidat à sa réélection.
Septième ville de la Métropole avec environ 12 000 habitants, Seyssinet-Pariset sera, à n’en pas douter, une des villes à suivre durant ces élections municipales. Maire de la commune depuis un quart de siècle, Marcel Repellin tire en effet sa révérence. Un contexte qui a aiguisé les appétits puisque pas moins de cinq listes seront présentes lors du premier tour, ce dimanche 15 mars.
Léni Guéli, celui qu’on n’attendait pas
C’est un pur produit seyssinettois. Léni Guéli, chargé de développement, 46 ans, est né et a grandi sur la commune. Diplômé d’État en boxe, celui-ci est engagé au niveau associatif, notamment sportif. C’est d’ailleurs sur un combat, celui contre le projet de la Fauconnière, que s’est construite sa candidature.
Au fil des années, plusieurs projets d’urbanisation ont « dénaturé la ville », selon lui. Alors le projet de centre commercial dans le quartier de la Fauconnière, « c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase ». Un projet mené « sans concertation », qui a poussé Léni Guéli à créer un collectif et à faire circuler une pétition qui a recueilli près de 700 signatures.
Mais le vote à l’unanimité du conseil municipal en faveur du projet, l’été dernier, l’a conduit à une « réflexion sur une candidature ». Il a donc choisi de se lancer avec la liste « Préservons Seyssinet-Pariset ». Car, outre l’urbanisation, le candidat a établi deux priorités. D’une part, la sécurité avec notamment la lutte « contre la hausse des cambriolages ». D’autre part, la maîtrise de la fiscalité pour laquelle il estime nécessaire une « réorientation des dépenses ».
L’opposant Guillaume Lissy, à nouveau candidat à Seyssinet
Il avait totalisé un peu plus de 46 % des voix, il y a six ans. Le socialiste Guillaume Lissy avait ainsi échoué de peu face au maire sortant Marcel Repellin. Un maire « apprécié », malgré une « fin de mandat très discutée », affirme celui qui a voulu incarner une « opposition constructive ».
Avec le soutien du PS, du PC et du PRG, Guillaume Lissy porte la liste « Seyssinet naturellement ». « Un large rassemblement de la gauche, notre ADN », précise-t-il. Mais, cette fois-ci, il n’a pas obtenu le soutien d’EELV.
Selon le conseiller départemental, cela traduit « une volonté d’Éric Piolle, qui a souhaité parachuter plusieurs candidats dont Mme Mollon sur notre commune ». Pour autant, il espère pouvoir « travailler ensemble, comme [ils l’ont] toujours fait ». Un rassemblement au second tour n’est donc pas à exclure. Pas de rapprochement en revanche avec Léni Guéli, qui porte « une démarche très personnelle ».
Sur l’aspect programmatique, Guillaume Lissy souhaite conserver « le cadre de vie de la commune », tout en améliorant la vie démocratique, la transition écologique ou encore la relation avec la Métro, jugée aujourd’hui bien « trop neutre ». Un véritable « enjeu de l’élection », selon lui.
Alice Mollon, pour « implanter l’écologie politique »
Seule femme candidate, Alice Mollon vit sa première campagne électorale à seulement 30 ans. Inspectrice à la répression des fraudes, la jeune femme a eu une « prise de conscience politique avec l’urgence climatique ».
D’où son engagement auprès d’Amnesty international et, plus localement, avec l’association Conscience et impact écologique. Elle s’est alors naturellement rapprochée d’Europe écologie – Les Verts. « Les plus proches de nos convictions », assure-t-elle. Et n’envisage de rassemblement qu’avec Guillaume Lissy.
Alice Mollon juge, en effet, la « place de l’écologie pas suffisante dans son programme, avec un prix à payer, pour voir [ses] idées, trop élevé ». Et « nous ne sommes pas des professionnels de la politique », ajoute-t-elle, contrairement à celle de son concurrent.
Sa principale ambition est de créer une ville « à la hauteur du défi climatique ». À la clé, notamment, mobilités douces, suppression des îlots de chaleur et la plantation de 500 arbres. La candidate rappelle, en outre, que Seyssinet-Pariset est « le vilain petit canard de la Métro en terme de construction de logements sociaux ».
Alice Mollon réfléchit également à redonner du dynamisme à une ville où l’on trouve « peu de restaurants, de bars, de lieux de vie tout simplement ». Enfin, la candidate écologiste souhaite « remettre en état la zone des Vouillants et proposer une solution de relogement » aux gens du voyage sur place.
Frédéric Battin veut incarner l’héritage de Marcel Repellin
Ils se revendiquent tous deux comme les candidats de la majorité sortante. Les deux listes, respectivement conduites par Frédéric Battin et Yves Monin, arborent l’étiquette « Divers droite » et se déchirent depuis des semaines. La guerre de succession de Marcel Repellin fait rage.
Parti tôt en campagne, Frédéric Battin, adjoint à la culture depuis 2014, s’est érigé en « candidat de la majorité ». Il revendique d’ailleurs le soutien de huit adjoints ou délégués sortants. Une manière de s’imposer comme un candidat crédible face à Yves Monin, le candidat adoubé par Marcel Repellin.
Sa liste « Agir avec vous pour Seyssinet-Pariset » porte trois axes prioritaires de travail dans son programme. Le développement durable, tout d’abord. « Toutes nos actions seront vues par ce prisme », assure t‑il. Ensuite, « défendre une urbanisation vivable, viable et équitable » pour la préservation du cadre de vie. Enfin, Frédéric Battin veut redonner un coup de fouet à la démocratie et à la participation. Avec plusieurs propositions autour de la création d’un forum des habitants, d’un fond participatif ou encore d’un conseil municipal des jeunes.
Mais le soutien du maire va à Yves Monin
Yves Monin, directeur de cabinet de Marcel Repellin depuis 1994, est donc le candidat officiellement soutenu par le maire sortant. Ce dernier a d’ailleurs, dans une lettre ouverte, fait un portrait flatteur de son directeur de cabinet. Un collaborateur loué pour son « efficacité, sa compétence et son honnêteté », peut-on notamment y lire.
Conduisant la liste « Un projet partagé pour Seyssinet-Pariset », Yves Monin revendique un programme « sans aucune promesse », mais avec neuf engagements « concrets, réalistes et raisonnables ». Où l’on retrouve les thématiques de la solidarité intergénérationnelle, de l’alimentation bio et locale pour les écoles et les résidences de personnes âgées.
Mais aussi, forcément, l’urbanisme dont il prône « un développement équilibré ». Sans renier le travail réalisé jusqu’à présent, le candidat explique que son projet partagé « implique un changement de méthode de travail ». Il affirme même que la « concertation sera un préalable à tout projet et à toute décision ».
Thomas Courtade