EN BREF – Le procès des gilets jaunes interpellés lors de la manifestation du 1er mai devait se dérouler ce 20 janvier, après un report en septembre lié à un mouvement des avocats. Mais il a fait l’objet d’un nouveau renvoi au 2 juillet 2020, les avocats, à nouveau en grève, ayant fait bloc pour le demander.
Ce lundi 20 janvier, une quarantaine de personnes se sont rassemblées sur le parvis du palais de justice de Grenoble à l’appel du collectif anti-répression de Grenoble (Car38).
Des gilets jaunes pour la plupart, mais aussi des représentants d’associations luttant contre les violences policières, des avocats ou de simple sympathisants.
Tous sont venus là en soutien aux six gilets jaunes interpellés lors de la manifestation du 1er mai dernier pour n’avoir pas obtempéré aux ordres de la police leur intimant de se disperser. Après qu’une première audience ait tourné court au mois de septembre, les six prévenus se présentaient donc une nouvelle fois devant leurs juges. Et ce très exactement dans le même contexte social, celui d’une nouvelle grève des avocats.
« Ce procès est le procès de la misère »
« Aujourd’hui, c’est à nouveau la grève des avocats et a priori il va y avoir une nouvelle demande de report », subodorait, quelques minutes avant l’audience, Agnès, l’une des prévenus. De fait, « l’assemblée générale de l’ordre des avocats a renouvelé la grève pour une troisième semaine », confirme Delphine Combes, avocate d’un autre gilet jaune. Une grève « dure », poursuit-elle. « On n’assure aucune audience, sinon pour les personnes déférées en comparution immédiate. »
Parmi les soutiens faisant le pied de grue devant l’enceinte de justice, Maurice Colliat, retraité de l’enseignement, y va de son avis. « Il est clair que ce procès est le procès de la misère », déclare-t-il. « Les prévenus convoqués aujourd’hui ont été pris un peu au hasard. Certains que je connais se déclarent choqués par cette procédure. Ce sont des gens pacifiques, non militants et sans expérience », plaide Maurice Colliat.
Qui estime, lui, savoir de quoi ils ont besoin. « Ils ont besoin de la solidarité de la population et de la puissance publique qui, elle, n’est pas là. Mais, en tout cas, pas de procédure judiciaire ! On se trompe de personnes en les mettant en cause », explique le retraité.
Une nouvelle audience fixée au 2 juillet 2020
Au final ? Même motif, même punition. Comme prévu, les avocats des prévenus, en grève cette fois pour la défense de leurs retraites, ont fait bloc pour demander un nouveau renvoi du procès des gilets jaunes.
La cour a accepté les requêtes des robes noires sans broncher. Elle a même pris soin, en concertation avec les défenseurs, de fixer à trois heures le temps suffisant et nécessaire au déroulement de la prochaine audience.
Après consultation de la greffière, des avocats et du procureur, la cour a statué. Et décidé de reporter au 2 juillet 2020 la tenue d’une nouvelle audience.
Non sans que Claude Coutaz, avocat au barreau de Grenoble, n’ait aussi obtenu de la cour que les témoins n’aient pas à supporter les frais d’une nouvelle convocation. Nos six gilets jaunes devront donc prendre leur mal en patience et faire contre mauvaise fortune bon cœur. Et pour cause. Difficile pour eux de protester contre cette autre forme de lenteur de la justice alors qu’eux-mêmes saluent la résistance des avocats et défilent avec eux contre la réforme des retraites.
Joël Kermabon