Action choc des avo­cats en grève avant l’au­dience solen­nelle de la cour d’ap­pel de Grenoble

Action choc des avo­cats en grève avant l’au­dience solen­nelle de la cour d’ap­pel de Grenoble

FOCUS – Ce ven­dredi 17 jan­vier au matin, avant le début de l’au­dience solen­nelle de la cour d’ap­pel de Grenoble, les visages étaient ten­dus : mais qu’al­laient donc bien oser les avo­cats gre­no­blois ? En grève dure depuis deux semaines contre le pro­jet de réforme des retraites comme l’en­semble des bar­reaux fran­çais, ils avaient là l’oc­ca­sion de direc­te­ment faire pas­ser des mes­sages aux per­son­na­li­tés offi­cielles invitées.

Les avocats grenoblois ont formé une haie d'honneur, vendredi matin dans la salle des pas perdus du palais de justice, afin d'accueillir les officiels invités à l'audience solennelle de la cour d'appel. (c) Fanny Hardy - Place Gre'net

Les avo­cats gre­no­blois ont formé une haie d’hon­neur, ven­dredi matin dans la salle des pas per­dus du palais de jus­tice, afin d’ac­cueillir les offi­ciels invi­tés à l’au­dience solen­nelle de la cour d’ap­pel. © Fanny Hardy – Place Gre’net

En signe de protestation, les avocats en grève de Grenoble ont déposé leurs robes noires à leurs pieds avant l'audience solennelle de la cour d'appel.Le préfet de l'Isère Lionel Beffre arrive à l'audience solennelle. (c) Fanny Hardy - Place Gre'net

Le pré­fet de l’Isère Lionel Beffre arrive à l’au­dience solen­nelle. © Fanny Hardy – Place Gre’net

Un à un, ils s’ins­tallent. Du fond du palais de jus­tice jus­qu’à son entrée prin­ci­pale, les avo­cats forment une haie d’hon­neur, en atten­dant l’ar­ri­vée des offi­ciels. Leur nou­veau bâton­nier Me Evelyne Tauleigne passe auprès de cha­cun. Elle leur demande de faire hon­neur à la « dignité » de leur pro­fes­sion. Pas ques­tion donc pour les Grenoblois de jeter leurs robes noires, comme ont pu le faire leurs confrères du Barreau de Caen, sui­vis par d’autres depuis.

Il s’a­git seule­ment, cette fois, de les dépo­ser à leurs pieds ou bien de les por­ter pliées sur leurs avants-bras. Chacun porte aussi une affi­chette « Avocats en grève ».

Le silence se fait, des offi­ciels passent… mais pas tous. Nombreux sont ceux pré­fé­rant évi­ter le face-à-face, en emprun­tant un che­min paral­lèle pour rejoindre la salle d’audience.

« Si notre pro­fes­sion va mal, la Justice va mal »

Dans un bal­let habi­tuel au cours des audiences solen­nelles, la Première pré­si­dente de la cour d’ap­pel Pascale Vernay et le Procureur géné­ral Jacques Dallest se sont alors tour à tour expri­més. Ce qui est moins habi­tuel, c’est que le bâton­nier s’est aussi exprimé lors de ce ren­dez-vous pri­vi­lé­gié pour les magis­trats du siège et du par­quet. L’idée ? Apaiser cha­cun, au lieu d’at­ti­ser les colères.

Audience solennelle. (c) Fanny Hardy - Place Gre'net

Au cours de l’au­dience solen­nelle. © Fanny Hardy – Place Gre’net

« Si notre pro­fes­sion va mal, la Justice va mal. » Pour Me Evelyne Tauleigne, c’est ce qu’on appelle un bap­tême du feu. Nouveau bâton­nier depuis le 1er jan­vier der­nier, elle doit habi­le­ment expli­quer le com­bat des avo­cats qu’elle repré­sente, aler­ter les offi­ciels de la situa­tion, tout en ne bra­quant pas les magis­trats, avec qui les rela­tions ont par­fois été par­ti­cu­liè­re­ment ten­dues par le passé à Grenoble.

Audience solennelle : Evelyne Tauleigne, nouveau bâtonnier du barreau de Grenoble. (c) Fanny Hardy - Place Gre'net

Evelyne Tauleigne, nou­veau bâton­nier du bar­reau de Grenoble. © Fanny Hardy – Place Gre’net

« Notre com­bat n’est pas dirigé contre nos juges », mais « notre pro­fes­sion est en dan­ger » et « elle est contrainte de se mettre en dan­ger avec cette grève », lan­cée contre la réforme des retraites sou­hai­tée par le gou­ver­ne­ment et remet­tant en cause le régime auto­nome des avo­cats. Le moment est, selon elle, « inédit, his­to­rique et grave ».

« Nous ne deman­dons rien à l’État, nous ne coû­tons rien à l’État. Nous don­nons à L’État », insiste la repré­sen­tante gre­no­bloise. Et celle-ci de rap­pe­ler l’in­com­pré­hen­sion totale des avo­cats face à ce pro­jet de réforme,

tout en expri­mant un malaise plus pro­fond et plus ancien chez les pro­fes­sion­nels de justice.

« Je fais le vœux que notre gou­ver­ne­ment cesse le train des réformes qui mettent à mal notre pro­fes­sion et vos juri­dic­tions. Mais je sais que c’est un vœux pieux. »

Douze nou­veaux magis­trats installés

À l’oc­ca­sion de cette audience solen­nelle, douze nou­veaux magis­trats ont été ins­tal­lés : neuf au siège, trois au par­quet géné­ral. Nombreux chiffres de 2019 concer­nant la cour d’ap­pel de Grenoble (Isère, Drôme, Hautes-Alpes) ont, par ailleurs, été pêle-mêle rap­pe­lés. Ainsi, 23 per­sonnes ont été tuées, dont la moi­tié durant l’été. Trois de ces vic­times étaient l’é­pouse ou la concu­bine du mis en cause. Pas moins de 2 500 vic­times de vio­lences conju­gales se sont en outre mani­fes­tées. Et près de quatre tonnes de résine de can­na­bis ont été sai­sis par les douanes.

Jacques Dallest a de nou­veau réclamé la hausse de la répres­sion pour port illé­gal d’arme blanche. « Combien de crimes évi­te­rait-on ainsi ? » Pascale Vernay a, elle, notam­ment consi­déré que « toute l’ins­ti­tu­tion judi­ciaire devrait s’in­di­gner » des délais de trai­te­ment des affaires, selon elle beau­coup trop longs. C’est ce qu’on appelle un début d’an­née res­pec­tueux mais offensif.

Fanny Hardy

FH

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