FIL INFO — Un canular ? Certainement pas, répond le parti Popolitique, qui estime que « la blague, c’est les autres ». La candidature de Popo aux élections municipales 2020 de Grenoble et ses propositions souvent fantaisistes et satiriques laissent pourtant peu de doute sur le “sérieux” de la démarche. Mais s’inscrit dans une logique de l’absurde assumée et jusqu’au-boutiste.
« Votez Popo ou ne votez pas », « La blague, c’est les autres »… Candidat aux élections municipales 2020 de Grenoble, le parti Popolitique ne manque pas d’imagination, ni pour ses slogans, ni pour ses propositions. Avec une logique de l’absurde assumée et jusqu’au-boutiste, le parti Popo n’est pas sans rappeler les agissements du mouvement Dada. Sinon quelques coups d’éclat anti-humour d’un Andy Kaufman. Ou, plus contemporain, du trollage en règle ?
Le parti Popolitique n’a rien de (totalement) improvisé : sa page Facebook et sa déclaration de candidature remonte à la fin du mois d’août 2019, ce qui fait de lui le plus ancien candidat déclaré actuellement en lice. Officieusement dans la course depuis plusieurs années, Alain Carignon n’a en effet officialisé sa candidature que le 16 septembre 2019. Reste au parti Popolitique d’être en mesure de présenter une liste complète d’ici la fin du mois de février.
Popo veut reconvertir la police municipale aux espaces verts
Derrière le parti Popolitique se cache Popo, alias Lisa Poget, candidate quelque peu statique dont la voix est électroniquement modifiée dans un clip de campagne particulièrement crispant. Les propositions ? Faire de Grenoble une ville du bas débit, transformer la Belle électrique en salle polyvalente, remplacer le festival Street Art par un festival de statues renversées où pourront « s’asseoir les vieux ». Ou encore réinstaller 22 cabines téléphoniques à pièces.
Une blague, la candidature de Popo ? Le parti s’en défend dans un droit de réponse faisant suite à un article du Dauphiné libéré. « Nous souhaitons réellement nous présenter aux élections municipales de Grenoble en mars 2020 et ça n’a rien de comique (…). Éric Piolle, Émilie Chalas, Alain Carignon, Damien Berthelemy… ce sont eux qui font vraiment du détournement de messages politiques », écrit-il sur Facebook.
Et d’ajouter : « Toutes nos propositions sont concrètes, réalisables et bienveillantes ». Et politiquement marquées pour certaines, telles que la fin des contrôles de titres de transport et de titres de séjour, ou la reconversion de la police municipale aux espaces verts.
Sans oublier la création de péages « très chers » autour de la Presqu’Île scientifique. Pour mieux pénaliser les ingénieurs grenoblois qui « déambulent en gyropode » ?
Une tradition bien ancrée en politique ?
S’il le contesterait probablement, la candidature du parti Popolitique s’inscrit dans une tradition politique à part entière. Dans les années 50 déjà, Pierre Dac et Francis Blanche s’invitaient dans les médias pour défendre leur Parti d’en rire, sur l’air du Boléro de Ravel. Trente ans plus tard, soutenu par Charlie-Hebdo, Coluche faisait trembler la campagne présidentielle de 1981 avec son slogan : « Tous ensemble pour leur foutre au cul ».
Et la tradition n’a rien d’exclusivement français. Plus proche encore de Popo, le chanteur punk Jello Biafra se présentait aux élections de San Francisco en 1979. Au programme ? Contraindre les “yuppies” à porter des costumes de clown, ou autoriser les services municipaux à vendre des tomates destinées à être jetés sur les statues de la ville. Élément encourageant (ou pas) pour Popo : le fondateur des Dead Kennedys avait alors recueilli près de 4 % des suffrages.