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Transport de matières dan­ge­reuses : une charte adop­tée dans la région grenobloise

Transport de matières dan­ge­reuses : une charte adop­tée dans la région grenobloise

FOCUS – Quelles moda­li­tés et iti­né­raires pour les trans­ports rou­tiers de matières dan­ge­reuses sur l’ag­glo­mé­ra­tion gre­no­bloise ? Services de l’État, indus­triels, col­lec­ti­vi­tés, syn­di­cats et asso­cia­tions ont signé une charte com­mune afin de conci­lier sécu­rité des citoyens, pro­tec­tion de l’en­vi­ron­ne­ment et impé­ra­tifs éco­no­miques des entreprises.

« Une démarche qui vise à conci­lier les impé­ra­tifs éco­no­miques et indus­triels avec la sécu­rité de nos conci­toyens et la pré­ser­va­tion de l’en­vi­ron­ne­ment ». C’est ainsi que le pré­fet de l’Isère Lionel Beffre pré­sente la charte sur le trans­port rou­tier de matières dan­ge­reuses dans la région gre­no­bloise. Un docu­ment offi­ciel­le­ment signé fin octobre 2019 entre repré­sen­tants de l’État, indus­triels et collectivités.

De gauche à droite, Bernard Le Risbé (AMF), Christophe Dansette (Vencorex), Lionel Beffre et Pierre-Emmanuel Piarulli (Umicore Grenoble) présentent la Charte sur le transport routier de matières dangereuses © Florent Mathieu - Place Gre'net

De gauche à droite, Bernard Le Risbé (AMF), Christophe Dansette (Vencorex), Lionel Beffre et Pierre-Emmanuel Piarulli (Umicore Grenoble) pré­sentent la charte sur le trans­port rou­tier de matières dan­ge­reuses. © Florent Mathieu – Place Gre’net

Si la volonté d’har­mo­ni­ser les pra­tiques et les iti­né­raires dans le domaine des matières dan­ge­reuses semble natu­relle, la consti­tu­tion de la charte n’a pas été un long fleuve tran­quille. « Il a fallu quelques années de tra­vail pour arri­ver à mettre au point cette charte », sou­ligne Bernard le Risbé, conseiller muni­ci­pal de la Ville de Jarrie et repré­sen­tant de l’Association des maires de France (AMF). Pour qui le docu­ment consti­tue aujourd’­hui un « pas énorme ».

Deux mil­lions de tonnes de matières dan­ge­reuses par an

Les besoins sont criants, rap­pelle de son côté Lionel Beffre avant de livrer les der­nières don­nées de tra­fic dis­po­nibles. En 2010, on dénom­brait ainsi entre 100 et 200 camions par jour trans­por­tant des matières dan­ge­reuses sur la région gre­no­bloise. Le trans­port rou­tier reste le mode de dépla­ce­ment majo­ri­taire : sur les 2,1 mil­lions de tonnes de matières dan­ge­reuses ache­mi­nées par an à tra­vers la région, 52 % le sont par la route.

Un livret propose les itinéraires recommandés pour les sites industriels de la région, comme ici la plate-forme chimique de Jarrie.

Un livret pro­pose les iti­né­raires recom­man­dés pour les sites indus­triels de la région, comme ici la plate-forme chi­mique de Jarrie.

100 à 200 camions, un chiffre impor­tant ? « Cela repré­sente peu en pour­cen­tage du tra­fic, envi­ron 0,3 %, mais c’est tout de même 100 à 200 oppor­tu­ni­tés d’a­voir un risque ! », explique encore le pré­fet de l’Isère. Un risque d’au­tant plus élevé que l’ag­glo­mé­ra­tion gre­no­bloise n’est pas avare en sites clas­sés Seveso. La pré­fec­ture en dénombre 18, soit autant de zones à risque… qui ne manquent pas de sus­ci­ter des inquié­tudes.

Le trans­port de matières dan­ge­reuses est pour­tant une néces­sité pour une région où l’in­dus­trie chi­mique occupe une place de choix dans l’é­co­no­mie locale. Des entre­prises qui exportent et importent nombre de pro­duits, auprès de par­te­naires basés en Europe ou au-delà.

La concen­tra­tion est au demeu­rant remar­quable, sou­ligne encore Lionel Beffre : 94 % des flux de trans­port de matières dan­ge­reuses sont géné­rés par… neuf éta­blis­se­ments seulement.

Des iti­né­raires recom­man­dés pour les transports

Le prin­cipe de la charte ? Inviter les indus­triels signa­taires à uti­li­ser les iti­né­raires recom­man­dés pour les trans­ports de matières dan­ge­reuses, en se basant sur un livret éla­boré pour l’oc­ca­sion. Un livret qui défi­nit des tra­jets pour plu­sieurs sites indus­triels, depuis les pla­te­formes chi­miques de Jarrie ou Pont-de-Claix jus­qu’aux sites de STMicroelectronics ou même… du centre régio­nal des douanes. Le tout en fran­çais, anglais, alle­mand et italien.

La question des transports de matières dangereuses suppose aussi celle... de leur stationnement © Préfecture de l'Isère

La ques­tion des trans­ports de matières dan­ge­reuses sup­pose aussi celle… de leur sta­tion­ne­ment. © Préfecture de l’Isère

Mais la charte ne concerne pas que les iti­né­raires. La ques­tion du sta­tion­ne­ment est éga­le­ment une pro­blé­ma­tique impor­tante. « On pou­vait avoir sur un par­king deux camions de matières dan­ge­reuses et incom­pa­tibles », note ainsi Bernard Le Risbé. Les sta­tions de lavage ou les aires de repos sont, là encore, des élé­ments pris en compte. De même que les horaires de livrai­son, en pri­vi­lé­giant des périodes en-dehors des heures de pointe.

Les col­lec­ti­vi­tés ont aussi leur rôle à jouer, en matière de signa­li­sa­tion ou d’in­fra­struc­tures pour les trans­por­teurs. Pas moins de 27 com­munes comptent ainsi parmi les signa­taires de la charte, aux côtés d’une dizaine d’in­dus­triels et d’une quin­zaine d’en­tre­prises de trans­ports. Sans oublier les paraphes des syn­di­cats CGT, FO et CFDT, ou d’as­so­cia­tions comme l’Institut des risques majeurs (Irma) ou Les Associations d’habitants du grand Grenoble (Lahgglo).

Le fer­ro­viaire plu­tôt que la route ?

Le pré­fet de l’Isère rap­pelle tou­te­fois que les trans­ports de matières dan­ge­reuses n’ont pas attendu la charte pour être sou­mis à des contrôles. « Il y avait déjà fort heu­reu­se­ment des régle­men­ta­tions et des contraintes qui s’ap­pli­quaient à ces trans­ports », explique Lionel Beffre.

Pourquoi dans ce cas une charte ? « Un socle régle­men­taire et légis­la­tif existe, mais il fal­lait quand même s’ins­crire dans une logique d’a­mé­lio­ra­tion », répond le préfet.

Le préfet de l'Isère Lionel Beffre signe la charte © Florent Mathieu - Place Gre'net

Le pré­fet de l’Isère Lionel Beffre signant la charte. © Florent Mathieu – Place Gre’net

Une amé­lio­ra­tion qui prend en compte les PLUI (plans locaux d’ur­ba­nisme inter­com­mu­naux), les PDU (plans de dépla­ce­ment urbain) et les Scot (sché­mas de cohé­rence ter­ri­to­riale). Tout en conci­liant les impé­ra­tifs éco­no­miques, envi­ron­ne­men­taux et de sécu­rité induits par ces trans­ports pas comme les autres.

En atten­dant un recours plus mas­sif au fer­ro­viaire ? La ques­tion se pose, lorsque le direc­teur de la plate-forme indus­trielle Vencorex Christophe Dansette pointe du doigt des situa­tions pour le moins para­doxales : « Je suis obligé de mettre des contai­ners sur des camions à Grenoble, qui vont ensuite jus­qu’à Lyon… pour être mis sur des wagons ! », déplore-t-il. Une preuve, selon lui, qu’il reste encore matière à réflexion en matière de trans­ports de matières dangereuses.

Florent Mathieu

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