FOCUS – Grenoble a été classée deuxième agglomération de France derrière Paris pour ses efforts en matière de lutte contre la pollution de l’air émise par le trafic routier. Un satisfecit décerné par le réseau Action Climat, Greenpeace et l’Unicef qui reste tout relatif. Pour les trois associations, aucune des grandes villes de France ne protège en effet suffisamment ses habitants.
Bien mais peut mieux faire. Le réseau Action climat, Greenpeace et l’Unicef ont classé Grenoble deuxième grande agglomération de France après Paris pour ses efforts en matière de lutte contre la pollution de l’air liée au trafic routier. Un satisfecit tout relatif.
« Aucune des grandes agglomérations françaises ne va aujourd’hui assez loin pour protéger efficacement ses habitants de la pollution de l’air », nuancent les trois associations.
Vu de Paris, le bilan est ainsi mitigé à Grenoble. Bon pour ce qui est de la réduction de la vitesse à 30 km/h, du réaménagement (contesté) de l’hyper-centre de Grenoble, de la mise en place de dispositifs d’incitations financières… Ou encore de l’extension d’un réseau Chronovélo, qui laisse pourtant encore à désirer.
Point faible à Grenoble : un réseau de tram saturé et de bus à améliorer
Le bilan est en revanche moins bon pour ce qui est du réaménagement du Rondeau et de l’élargissement de l’A480. Quant à la zone à faibles émissions (ZFE), les associations attendent de voir. Et notamment que les interdictions de circulation appliquées aux véhicules diesel transportant des marchandises d’ici 2025 soient élargies aux véhicules de particulier à l’horizon 2030.
Le point faible de Grenoble ? Le réseau de transports en commun, qui explique en partie qu’elle soit à la 5e place des villes les plus embouteillées de France. Avec une moyenne de 196 voyages par an et par habitant, l’agglomération grenobloise est ainsi largement devancée par Strasbourg (242 voyages).
Les associations pointent d’ailleurs un réseau de bus, hors lignes Chrono, à améliorer et un réseau de tramway saturé. Ce sans meilleures perspectives à court terme. Car le plan de déplacement urbain (PDU) n’envisage qu’un “simple” maillage du réseau de tram, renvoyant les extensions des lignes A, D, E et F au-delà de 2030.
Eric Piolle propose de piétonniser l’accès de chaque établissement scolaire d’ici 2030
« La lutte contre la pollution de l’air, dont le trafic routier est largement responsable en ville, et le développement des mobilités durables seront des sujets incontournables de la prochaine échéance électorale », souligne Sarah Fayolle, chargée de campagne Transports à Greenpeace France. « Les nouveaux élus devront prendre des mesures à la hauteur de l’urgence sanitaire et climatique. »
Première à rebondir sur ce classement ? La liste conduite par Eric Piolle pour les municipales de 2020.
D’ici 2030, le projet du maire sortant de Grenoble (Europe Ecologie – Les Verts) est de rendre piétonne la rue conduisant à chacun des cent vingt établissements scolaires de la ville.
Reste que les prérogatives en matière de lutte contre la pollution, que ce soit au niveau des transports ou du logement, sont essentiellement entre les mains de la Métropole. À ce titre, la collectivité a, depuis cet été, mis en place une série de mesures pour accompagner les entreprises et les professionnels contraints par la ZFE à sortir du diesel. Conseil gratuit, renforcement des aides à l’acquisition, aides à la transformation de la motorisation…
En attendant plus ? À Grenoble, l’idée est aussi de mettre sur les rails un RER métropolitain. Un projet « qui doit constituer la colonne vertébrale du réseau de transports collectifs grâce à une desserte au quart d’heure en période de pointe entre les gares de Rives et Brignoud et à la demi-heure entre les gares de Grenoble et Clelles », souligne le président de la Métro Christophe Ferrari. Reste le plus dur : convaincre les premiers partenaires et financeurs du projet : la Région et la SNCF.
Patricia Cerinsek