FOCUS – Le général Pierre-Joseph Givre, commandant la 27e brigade d’infanterie de montagne (BIM), a présenté, le 24 octobre dernier, les activités et actualités des troupes alpines. L’occasion d’évoquer les prochains grands rendez-vous des soldats de montagne, dont 50 % sont projetés sur des théâtres d’opérations extérieures.
C’est en treillis que le général Pierre-Joseph Givre, commandant la 27e brigade d’infanterie de montagne (BIM), nous reçoit, ce jeudi 24 octobre, dans un salon de l’Hôtel des troupes de montagne, place de Verdun.
À la tête de la brigade depuis le mois d’août 2018, le haut gradé évoque, d’abord, sa première année de commandement, marquée par la projection de 50 % de ses troupes sur des opérations extérieures. La dernière en date ? Celle près de Bagdad, où une centaine de chasseurs alpins sont partis former l’armée irakienne luttant contre Daesh. Autant de « gros, gros morceaux opérationnels », souligne le général.
En parallèle, Pierre-Joseph Givre a poursuivi ses autres missions au sein de l’état-major de Varces, les généraux commandants de brigades ne partant pas en opération. Les missions en question ? Pourvoir aux recrutements rendus nécessaires par l’opération Sentinelle, se soucier des aspects sociaux tenant au bien-être des soldats, à leur formation, leur hébergement…
Mais aussi se préoccuper de la communication de la 27e BIM et du développement de partenariats à travers différents projets. L’occasion pour l’officier de haut rang de présenter les activités et projets de la brigade. Sans oublier les prochains grands rendez-vous des soldats de montagne.
Mieux « répondre aux besoins de nos gens »
« Concomitamment à la préparation et aux missions opérationnelles, nous recrutons 1 000 soldats par an sur 8 000 au total. C’est énorme ! », rappelle Pierre-Joseph Givre. Des personnels, prioritairement les militaires du rang et les sous-officiers, dont il faut prendre en compte les besoins au quotidien.
Dans ce cadre, le général identifie « un gros soucis » : celui de la garde des enfants. La difficulté ? « Soit vous êtes dans des endroits complètement paumés, soit dans des zones dynamiques mais très tendues », explique-t-il.
L’externalisation prônée par les Armées ayant montré, selon lui, ses limites, la brigade s’engage désormais « dans une logique de réinternalisation partielle ». Non pas pour « mettre tout le monde en kaki mais pour répondre aux besoins de nos gens », précise bien Pierre-Joseph Givre. Toujours est-il que pour les garderies « en interne », les choses semblent bien engagées, le ministère ayant entrepris de revoir toute la cartographie afférente.
Dans le même ordre d’idées, le commandant de la 27e BIM va créer une hôtellerie sociale à Varces. Soit quatre ou cinq studios destinés aux sous-officiers célibataires. Un autre effort portera sur les infrastructures d’hébergement des troupes qui « manquent parfois de budget », note le général.
Là, c’est le « tempo des soldats » dont il faut tenir compte avec réactivité. « Si on ne répond pas aux problèmes que nous avons identifiés et n’obtenons pas de moyens, très vite nos soldats vont “décrocher” », assure le militaire.
Des synergies « vertueuses » pour renforcer l’intégration dans la cité
La 27e BIM appelle aussi de ses vœux une meilleure intégration dans la cité, « dans une logique d’échanges ». Non qu’elle n’existe pas, mais en l’accentuant avec plus d’interactions, notamment autour de l’innovation.
« L’atout que nous avons c’est un vivier à grande échelle, un laboratoire d’expérimentation extraordinaire », vante l’officier de haut rang. La recherche, les industriels… « Et puis, il y a nous, des professionnels de la montagne », énumère Pierre-Joseph Givre.
« Moi, j’aimerais bien formaliser tout ça […]. Nous pourrions proposer des cas d’usages et, eux, des technologies ou leurs réflexions », propose le commandant.
En somme, des synergies « vertueuses » déjà initiées, notamment à travers la signature d’un partenariat avec l’Université Grenoble Alpes (UGA) prévue en novembre.
« L’idée c’est de créer une chaire baptisée Conflits, innovation et montagne (CIM) autour de l’Homme en milieux extrêmes », révèle le général. Toujours à ce titre, Pierre-Joseph Givre prévoit la création de formations spécifiques avec l’UGA. L’objectif ? Réunir professeurs et praticiens de la montagne autour de cette même thématique. Et établir des passerelles entre l’armée et les secteurs de la recherche et des entreprises de haute technologies du territoire.
Un accès à la montagne à moindre coût pour la 27e BIM
Comment attirer les jeunes vers la montagne et les fidéliser à cet environnement ? « C’est dur, c’est abrasif… Ils viennent chez nous mais ne restent pas très longtemps […] Il ne faut pas qu’après les avoir mis sur des skis à crapahuter, ils en arrivent à se dire que c’est un truc de fous », poursuit Pierre-Joseph Givre. « Nous avons la même problématique que le tourisme de montagne, sauf qu’eux ils sont à temps partiel et nous à plein temps. »
Les solutions pour fidéliser ? Une très bonne pédagogie, du matériel très adapté, confortable et ergonomique « mais aussi du fun, du plaisir », énumère-t-il. Notamment en leur permettant, hors service, d’accéder à la montagne sans qu’ils se disent « ça va me coûter une blinde ». Cela va se concrétiser cette année avec la gratuité totale « pour nos gars » avec, en prime, pour leurs conjoints et familles, des prix défiant toute concurrence, annonce le général.
Autre traduction concrète de la volonté de communication et de partenariats : la Descente des alpages. Un événement durant lequel le mur d’escalade et la fanfare de la 27e BIM ont rencontré un franc succès, rapporte le général. Un temps festif et populaire pour « un Grenoble apaisé, en l’occurrence », ajoute-t-il non sans une certaine malice.
La patrouille alpine, le trail de la Saint-Bernard, Sylvain Tesson…
Dans la même veine, la 27e BIM entend bien monter en gamme, en particulier sur le plan sportif. Notamment lors de La patrouille alpine qui va se dérouler à la Pâques 2020 à Chamrousse, en partenariat avec Dynastar. Un week-end pascal avec une course militaire et une autre civile (c’est une nouveauté), diffusées en direct, et un concert le vendredi soir. Le tout au profit de l’Entraide montagne. Sans oublier la célébration de la Saint-Bernard avec la 3e édition de son fameux trail et trois matchs de gala, dont un le 26 janvier avec les Brûleurs de loups.
Au chapitre des événements marquants, la présence de l’aventurier Sylvain Tesson pour des dédicaces lors de la remise du prix « Soldats de montagne » le 21 novembre au Musée de Grenoble.
Par ailleurs, l’année 2020 sera aussi celle d’une tournée de la fanfare des chasseurs alpins de Marseille à Grenoble. « Notre idée c’est de faire des concerts dans les quartiers dits difficiles et dans les villages. Autant de lieux où on ne voit plus l’armée », explique Pierre-Joseph Givre. « La République est présente et nous allons vers eux », résume le général.
Pour en revenir au plan purement militaire, la brigade va participer à deux exercices dont un, d’envergure, avec des troupes de l’Otan. Enfin, de grands travaux d’infrastructures seront entrepris à Varces dans le cadre du projet de réorganisation de l’Armée de terre baptisé Scorpion. Un chantier « colossal » d’un montant de 15 à 20 millions d’euros « bon pour les entreprises locales », appuie Pierre-Joseph Givre.
Joël Kermabon