EN BREF – Après plusieurs semaines d’interpellation acharnées des élus territoriaux, les associations de soutien aux personnes à la rue ont été reçues ce mercredi 24 juillet à Grenoble-Alpes Métropole. Plus d’une heure d’entretien avec Françoise Cloteau, vice-présidente déléguée à l’hébergement et aux gens du voyage… mais les militants déplorent l’absence de réponses concrètes.
Ce n’est pas un cri de joie qu’ont lâché les militantes d’associations d’aide aux personnes à la rue*, après avoir été reçues hier en délégation par Françoise Cloteau. Elles attendaient pourtant depuis plusieurs semaines ce rendez-vous avec l’élue déléguée à l’hébergement et aux gens du voyage à Grenoble-Alpes Métropole. Notamment suite aux expulsions estivales et aux évacuations des camps de migrants.
De l’écoute, de la compréhension mais peu d’avancées
La rencontre était courtoise et empreinte de compassion. Toutefois, les représentantes restent ainsi dubitatives en raison de l’absence de solutions concrètes proposées par la métropole. D’autant plus que plusieurs familles récemment hébergées par la ville et la préfecture seraient de nouveau à la rue.
« Comme d’habitude, on comprend notre constat. On nous dit qu’on a raison mais que la métropole n’a pas les moyens d’intervenir et que l’État l’empêche d’aller sur ces prérogatives », regrette Martine François, membre du réseau éducation sans frontières de l’Isère. Et celle-ci d’en conclure amèrement qu’il n’y a, à ce jour, « aucune solution envisagée [ni] envisageable ».
Les associations rejettent désormais les solutions « temporaires »
Une grande partie des personnes logées dans le gymnase de la Houille Blanche bénéficieraient en réalité d’une solution d’hébergement jugée « pérenne » par les autorités… et bancale par les associations.
En effet, ces dernières dénoncent régulièrement les retournements de situation que connaissent les personnes à la rue.
Il devient ainsi de plus en plus difficile pour elles de croire à la pérennité des solutions proposées… quand la situation d’hébergement change de jour en jour, sans informations préalables de la part des autorités.
Les militants ont, de leur côté, suggéré des solutions à la Métro. Par exemple, l’occupation des immeubles devant être démolis l’an prochain, en attendant une alternative plus durable pour les familles. Le refus de la Métro leur semble d’autant plus amer que 16 000 logements vacants ont été référencés par l’association Un toit pour tous.
« L’important c’est que les gens soient ensemble »
Ce que dénonçaient également les associations présentes rue Malakoff, c’est l’absence de solutions permettant de ne pas isoler les personnes à la rue. « Si on laisse les gens séparés, ils ne diront jamais leurs aspirations », déplore ainsi Martine François. « Quitte à ce que ce soit des gymnases, l’important c’est que les gens soient ensemble, protégés, entendus et reconnus par leurs aspirations », estime-t-elle.
Les associations assurent par ailleurs que plusieurs familles accepteraient de s’éloigner de Grenoble si un logement était disponible à la périphérie de l’agglomération.
Quelques solutions existent donc mais n’arrivent pas aux oreilles des personnes concernées. Soit en raison de leur isolement, soit parce qu’on pense qu’elles veulent rester en ville.
La situation reste ainsi irrésolue, tandis que de nombreuses familles dorment encore dehors, dans des parcs municipaux entre autres. Et que plusieurs enfants sont hospitalisés chaque jour pour cause de déshydratation.
Nina Soudre
- * Le Dal38, RESF38, la Cisem, le CIIP