FOCUS – Le Syndicat mixte des transports en commun (SMTC) lance une nouvelle campagne estampillée Métromobilité, dédiée à la tarification solidaire pour les bus et tramways… mais aussi pour les Métrovélos. Objectif ? Inciter les usagers à vérifier s’ils ne sont pas éligibles aux tarifs réduits, aujourd’hui calculés en fonction du coefficient familial des personnes.
« La tarification solidaire est un droit, et nous voulons que chacun puisse y accéder lorsque ses moyens ou sa situation professionnelle le justifient. » Une conception qu’a rappelée le président du SMTC (Syndicat mixte des transports en commun) Yann Mongaburu, lors de la présentation de la prochaine campagne d’affichage estampillée Métromobilité.
Son objectif ? Rappeler, ou apprendre, aux usagers des transports en commun qu’ils ont peut-être la possibilité d’avoir accès à des tarifs réduits.
La tarification solidaire de la Tag a en effet une particularité : elle se calcule sur le quotient familial établi par la Caisse d’allocations familiales. Et non sur des profils type tels que demandeur d’emploi, étudiant ou encore titulaire du RSA.
Un dispositif qui permet à des salariés (même en CDI) d’avoir eux aussi accès à des tarifs avantageux, suivant des paliers allant de 2,50 euros à 19,70 euros l’abonnement mensuel.
L’accès aux droits en ligne de mire
En affichant les portraits de bénéficiaires de la tarification solidaire, le SMTC compte faire de sa campagne un outil de sensibilisation. « C’est un pas supplémentaire pour faire connaître cette tarification à tous ceux qui ne la connaissent pas, ou croient ne pas y avoir droit », explique Yann Mongaburu. D’où la cohabitation de deux slogans : un pied de nez à Nicolas Sarkozy avec « Payer moins pour se déplacer plus »… et une question : « Et si c’était aussi pour moi ? »
Une professeure de français, un technicien informatique, une conseillère principale d’éducation (CPE), un étudiant ou une magnétiseuse (!)… Les personnes qui prennent la pose à l’occasion de la campagne sont de “vrais” bénéficiaires, sollicités via une annonce diffusée sur les réseaux sociaux. Des modèles d’un jour qui décrivent une expérience très positive. « C’était drôle de faire cela, et ce sont des valeurs que je partage ! », juge ainsi Alexandra.
Accès aux droits toujours : le président du SMTC signale de nouveau l’accord passé entre la Caf et le SMTC pour permettre un accès direct au coefficient familial des usagers et un calcul immédiat de leurs droits. Un dispositif unique en France et bien pratique… quand il fonctionne. Dans une agence de mobilité de Grenoble, une personne salariée nous souffle en effet que le système est quasiment au point mort cette année, en raison de problèmes techniques.
Les vélos aussi ont leur tarification solidaire
Autre point de rappel de la campagne : la tarification solidaire ne concerne pas seulement les bus et les tramways, mais aussi les vélos depuis 2015. « Et ça fonctionne, puisque nous avons désormais près de 20 % des usagers de Métrovélo qui en bénéficient », se réjouit Yann Mongaburu. Soit un taux relativement proche de celui des transports en commun, où les réductions tarifaires concernent 26 % des abonnements.
Prise en charge par la Région Auvergne-Rhône-Alpes, le ministère de la Transition écologique et solidaire et le SMTC, la campagne réalisée par l’agence de communication Terra Publica s’inscrit dans un programme général baptisé Pend-Aura*. Un programme « qui vise à avoir des actions auprès des publics les plus fragiles financièrement en termes de mobilité », décrit Yann Mongaburu. Le tout pour un coût global de 140 000 euros à la charge du SMTC.
Florent Mathieu
* Pour « Précarité énergétique en matière de déplacement en Auvergne-Rhône-Alpes ».
VERS UNE “GRATUITÉ SOLIDAIRE” ?
Difficile de parler de tarification solidaire sans parler de la gratuité des transports en commun. Et pour cause, la gratuité pour les 18 – 25 ans, qui comptait parmi les engagements phares de l’équipe municipale grenobloise en 2014, n’a jamais vu le jour.
Pour quelle raison ? Une absence de « majorité politique », répond Yann Mongaburu : « Il ne vous aura pas échappé que la majorité grenobloise n’a pas totalement la majorité au sein du SMTC. »
Le compromis trouvé ? Un abonnement pour les 18 – 25 qui passera de 30 à 15 euros. « Ce qui fait de nous le réseau le moins cher », souligne encore Yann Mongaburu. De quoi atténuer les chiffres assez sévères d’une étude menée en 2014 démontrant que les jeunes étaient ceux qui mettaient le plus à mal leur « capacité contributive » pour se déplacer en bus ou en tramways au regard de leurs revenus.
Pour autant, la question de la gratuité reste sur la table, insiste Yann Mongaburu. À travers deux autres études : l’une sur une progressivité des tarifs prenant en compte un seuil de gratuité, l’autre sur la faisabilité de la gratuité totale des transports. Suite à un report, les résultats des enquêtes devraient être remis d’ici l’été. Avant de nouveaux engagements à l’occasion des prochaines municipales.