FOCUS – Le Conseil départemental de l’Isère et le ministère de la Culture s’engagent sur deux ans, à travers une convention, à coopérer sur le plan culturel. Objectif ? Fixer les priorités et contractualiser un partenariat déjà historique pour mieux accompagner les grands projets, en passe d’aboutir ou en phase de développement, menés par la majorité départementale.
L’État et le Conseil départemental de l’Isère totalement en phase sur la politique culturelle ? C’est ce qui ressort de la signature, le 25 mars dernier, d’une convention de coopération culturelle entre le président du Département Jean-Pierre Barbier et le ministère de la Culture. Ministère représenté ce jour-là par le préfet de l’Isère Lionel Beffre, aux côtés du directeur régional de la Drac (Direction régionale des affaires culturelles) Michel Prosic.
L’objet de cette convention ? « Donner un cadre contractuel à un partenariat qui permet de fixer les lignes pour quelques années et de donner les engagements prioritaires qui guideront nos interventions », explique le préfet de l’Isère. Le « partenariat » entre État et Département n’est cependant pas nouveau. Au contraire, souligne Jean-Pierre Barbier, l’État est le « partenaire historique » de la collectivité en matière culturelle.
Des conventions « essentielles », juge Jean-Pierre Barbier
Pas question pour autant, côté Département, de minimiser l’impact et la portée de la signature de cette convention. « Ces conventions sont essentielles si l’on veut que chaque euro investi par le Département ou par l’État soit pertinent et soit le plus efficace dans la production d’effets ! », clame Jean-Pierre Barbier.
Ce type de conventions n’est, au demeurant, pas si courant. L’Isère est le second conseil départemental d’Auvergne-Rhône-Alpes à en signer une, juste après l’Ardèche.
Basée sur trois volets (le patrimoine, la diffusion artistique et l’action culturelle), la convention se veut résolument « globale », précise Michel Prosic.
Autrement dit, elle prévoit des accompagnements sur les actions qui relèvent des compétences obligatoires du Département, mais également sur des initiatives plus “optionnelles”. Quand bien même, insiste Jean-Pierre Barbier, « rien n’est facultatif en ce qui concerne la culture ».
Des projets d’importance en chantier
Et le président du Département de rappeler que sa majorité investit dans la culture. Le budget alloué a ainsi doublé en quatre ans, passant de 19 à 38 millions d’euros. Les projets et réalisations ne manquent pas. À commencer par l’opération Paysage-Paysage, qui entre cette année dans sa troisième saison. Ou encore la création d’un onzième musée départemental avec le Musée Champollion de Vif. Sans oublier le projet de restauration du Palais du parlement.
Ce n’est pas tout, précise Jean-Pierre Barbier. Qui mentionne encore l’ouverture des nouvelles Archives départementales en 2020, ou la restauration de la façade de l’abbatiale de Saint-Antoine-l’abbaye. Autre projet ? Des « réserves mutualisées pour les musées départementaux », avec d’importantes économies de fonctionnement à la clé. Jean-Pierre Barbier espère bien obtenir le soutien de l’État sur un dossier qui devrait représenter, au bas mot, 8 millions d’euros.
Le directeur de la Drac ne s’en inquiète pas. « Si l’Isère pèse un poids dans l’argent que l’on consacre à l’échelle régionale, c’est tout simplement parce que la qualité du partenariat fait que les opérations se montent plus aisément dans le département », salue ainsi Michel Prosic. Avant de mettre en avant la richesse culturelle, et notamment patrimoniale, de l’Isère. Outre sa dizaine de musées départementaux, elle accueille à elle seule 7 % du parc régional de monuments historiques.
Une évaluation prévue au bout de deux ans
Mais le patrimoine n’est pas la seule facette de la politique culturelle du Département. En matière de création et de diffusion artistiques, la convention insiste ainsi sur un besoin de rayonnement global, « notamment dans les territoires ruraux et urbains fragiles ». Parmi les réponses : des résidences artistiques sur l’ensemble de l’Isère, répond Jean-Pierre Barbier. Mais aussi des équipements culturels en nombre suffisant, et bien aménagés.
Quid de l’action et l’éducation culturelle ? « La généralisation de l’éducation artistique et culturelle pour tous, sur tous les temps de la vie, est un objectif commun », affirme la convention. Là encore, l’objectif est de s’intéresser à tous les territoires et tous les publics. En lien avec les EPCI* du département, et en prenant en compte les compétences annexes du Conseil départemental que sont l’insertion, le handicap, ou encore l’enfance en danger.
Aussi ambitieuse soit-elle, la convention passée entre État et Département s’inscrit sur un laps de temps relativement court, soit la période 2019 – 2021. Une évaluation sera ensuite réalisée pour en mesurer les réussites et peut-être les lacunes. « Il ne faut pas avoir peur de l’évaluation : c’est le simple fait de savoir si l’on s’est trompé ou pas. Cela permet de réajuster les choses et ce n’est jamais un problème », estime Jean-Pierre Barbier.
Et le président du Département d’appeler à « la culture pour tous, et partout ». « Que ce soit dans les collèges, dans les Ehpad, partout il faut que l’on ait cette volonté de développer la culture sur le département de l’Isère », martèle-t-il. Tout en revendiquant la nécessité de surveiller les évolutions de la société, et d’être capable de s’y adapter, « pour que la culture reste toujours au cœur des préoccupations ».
Florent Mathieu
* Établissements publics de coopération intercommunale, soit les communautés de communes ou encore les communautés d’agglomération.