FOCUS – Ce samedi 13 avril, se tient « le forum des idées » à l’Hôtel de Ville de Grenoble de 11 heures à 18 heures. Pour cette cinquième édition du budget participatif, une centaine de porteurs d’idées seront présents derrière leur stand. Les visiteurs sont conviés à venir les rencontrer et à voter. Changement de braquet dans le processus de vote : les électeurs votent cette année pour leurs projets préférés, sans contrainte. Néanmoins, les organisateurs s’autoriseront à repêcher des projets pour assurer l’équité entre secteurs…
Défibrillateurs cardiaques en libre accès, zones anti-bruit, abri pour la maternelle Jean-Racine, espace de détente sur le quai Perrière, barquettes en inox lavables à la cantine, création d’une “gamerthèque” pour faciliter l’accès aux jeux vidéo, etc.
Une centaine d’idées touchant des domaines divers – notamment la culture, le sport, le cadre de vie et la solidarité – sont en compétition dans le cadre du cinquième budget participatif de la Ville de Grenoble.
Ces 103 idées, ou peut-être un peu moins, seront présentées par leurs instigateurs ce samedi lors du forum des idées, qui se tiendra à la mairie 11 à 18 heures. « Ce forum est un moment extrêmement réjouissant, commente Pascal Clouaire, adjoint à la démocratie locale de Grenoble. Tous les porteurs se démènent pour décorer leur stand et expliquer à quoi pourrait ressembler leur projet. »
Aucune consigne de vote
Comme les années précédentes, il suffit d’avoir au moins 16 ans pour voter au forum des idées. Aucun justificatif ne sera toutefois demandé. L’an dernier, 1 200 personnes s’étaient rendues sur place, dont 1 050 avaient participé au vote. L’objectif de la Ville est évidemment de faire mieux. D’où son intention d’améliorer constamment le dispositif…
Ainsi, changement de braquet, pour cette édition 2019 : les visiteurs du forum devront voter pour huit projets différents, contre quatorze, l’année dernière. Un choix plus resserré donc…
La Ville soutient avoir voulu simplifier le processus. Il est vrai que l’électeur détermine ses huit gagnants comme bon lui semble, suivant ses coups de cœur, son envie de valoriser son quartier ou encore de soutenir ses amis.
Au contraire du forum 2018. Les consignes étaient alors plus précises. Chaque électeur devait, parmi les quatorze projets à retenir, veiller à sélectionner au moins un projet par secteur, ainsi qu’un projet à l’échelle de la ville. Le procédé était apparemment trop contraignant. C’est, à tout le moins, ce qui est remonté aux oreilles des organisateurs. Toujours dans l’idée d’aider le visiteur à s’y retrouver, celui-ci recevra à son arrivée un « livret d’accueil » avec la synthèse de toutes les idées présentes sur le forum.
Forte disparité dans la répartition des idées par secteur
Cependant, la municipalité ne perd pas de vue l’objectif que les six secteurs de la Ville profitent du budget participatif. Aussi, à l’issue du dépouillement, suivant les trente premiers projets arrivés en tête du classement, les organisateurs iront repêcher des idées dans les secteurs qui seraient absents du podium, pour les ajouter à la liste. Suivant cette logique, les projets pré-sélectionnés pourraient s’élever au nombre de trente-six.
Du reste, les fortes disparités quant à la répartition des idées sur les différents secteurs de la Ville… interrogent.
Le site du budget participatif de la Ville de Grenoble révèle seize porteurs d’idées pour le secteur 2 ; quatorze pour le secteur 4 ; douze pour le secteur 1 ; onze pour le secteur 6 ; six pour le secteur 4, et aucun sur le secteur 3. Quarante-six idées concernent, elles, des projets qui pourront s’implanter sur toute la ville.
Étant donné le fort déséquilibre entre les secteurs, on comprend mieux que la Ville ait trouvé plus judicieux de répartir cette année les stands par thématique : espace public, nature en ville, solidarité, plutôt que par secteur.
Un forum pour faire fructifier les idées
Le forum des idées est un moment fructueux pour les porteurs de projet : ils vont pouvoir présenter leurs idées et valider leurs hypothèses en recueillant les remarques des citoyens.
Le forum favorise aussi la constitution de collectifs autour des futurs projets.
« Depuis le lancement des idées de ce cinquième budget participatif, environ 80 personnes ont rejoint les premiers porteurs d’idées. Une fonctionnalité facilite la constitution de collectifs sur le site du budget participatif », souligne Boris Kolytcheff, chargé de mission au service démocratie participative.
Enfin, bis repetita, même recette qu’en 2018, pour agrémenter la journée : les organisateurs ont prévu quelques animations : la fanfare 38 tonnes, un mur d’escalade et une scène de jeunes talents organisée avec la MJC Robert Desnos.
Un montant du budget participatif très très stable
À l’issue de cette journée de présélection, une trentaine d’idées, voire davantage, vont rester dans la course. Les porteurs présélectionnés rencontreront par la suite les services de la Ville pour approfondir leurs intentions et passer de l’idée au projet, en estimer la faisabilité technique, les coûts…
À l’automne prochain, rebelote ! Les résidents grenoblois cette fois, dès 16 ans toujours, éliront une dizaine de projets, qui se verront concrétisés l’année suivante dans le meilleur des cas.
« Contrairement à ce qui se fait parfois ailleurs dans d’autres villes, les élus grenoblois n’interviennent à aucun moment dans le budget participatif », tient à souligner Pascal Clouaire.
Depuis le lancement du premier budget participatif en 2015, 27 projets sont sortis de terre sur 38 lauréats. « Ces projets transforment la ville, lui confère une singularité, estime Eric Piolle, maire de Grenoble, et ils changent la nature des relations entre les services et les habitants ».
Autant de points positifs qui n’ont toutefois pas incité la majorité en place à augmenter le budget participatif. Son montant de 800 000 euros n’a pas varié en cinq éditions.
Séverine Cattiaux