FIL INFO – Dans une tribune, cent trente-cinq scientifiques grenoblois réclament que soit reconsidéré le projet porté par Area d’élargir l’A480 dans la traversée de Grenoble. Les cosignataires en appellent aux élus et aux pouvoirs publics, dénonçant l’impact que pourrait avoir le passage de deux à trois voies sur les niveaux de la pollution de l’air.
Dans une tribune publiée dans Le Dauphiné libéré ce mercredi 16 janvier, cent trente-cinq scientifiques majoritairement grenoblois*, dont plus de cinquante chercheurs, en appellent aux élus et aux pouvoirs publics afin de reconsidérer le projet d’élargissement de l’A480 dans la traversée de Grenoble.
Le projet, porté par la société Area, a obtenu le feu vert du préfet de l’Isère ce 14 janvier. Et ce sans grande surprise, l’élargissement de l’A480, couplé au réaménagement de l’échangeur du Rondeau, ayant d’ores et déjà fait l’objet d’une déclaration d’utilité publique dès le 23 juillet dernier.
Les effets sanitaires du réchauffement se combinent à ceux de la qualité de l’air dégradée
Mais le coup d’envoi officiel donné par le représentant de l’État dans le département au terme de la seconde enquête publique a fini par hérisser une partie de la communauté scientifique. « L’agglomération grenobloise subit déjà les conséquences du réchauffement climatique et les projections pour le XXIe siècle laissent augurer une intensification des situations caniculaires et des modifications profondes de l’environnement dans et autour de la ville », soulignent les scientifiques dans cette tribune.
« Les conséquences du réchauffement se combinent aux effets sanitaires de la qualité de l’air dégradée subie dans l’agglomération grenobloise, du fait des émissions liées au transport et aux combustions résidentielles et industrielles, dont les effets sont amplifiés par la configuration de notre vallée alpine. »
En passant de deux à trois voies, l’A480 va-t-elle voir le trafic, et ce faisant la pollution, augmenter un peu plus ? « La circulation globale augmentera de 6 % sur l’480 et de 12 % aux heures de pointe, mais ce sera neutre au niveau de la qualité de l’air », soutenait pour sa part Nicolas Orset, directeur adjoint de l’innovation à Area, lors de la réunion publique en décembre 2017 au Stade des Alpes, comme nous le relations en mars dernier.
Plus fluide, le trafic permettra-t-il de juguler la hausse attendue des polluants ? De quoi faire tiquer l’autorité environnementale. « L’observation pratique de l’évolution du trafic automobile sur les infrastructures urbaines met en évidence que la fluidité de ces grands axes routiers se dégrade au fil du temps et que cette dégradation se traduit alors par l’apparition de nouveaux phénomènes de congestion automobile », notait-t-elle dans son avis en marge de la commission d’enquête.
PC
* Deux des cosignataires, Serge Bouyssi et Xavier Bodin, ont en outre déposé un premier recours devant le tribunal administratif de Grenoble demandant l’annulation de la déclaration publique.