Le Synchrotron de Grenoble perce l’un des grands mys­tères de la pein­ture de Rembrandt

Le Synchrotron de Grenoble perce l’un des grands mys­tères de la pein­ture de Rembrandt

FIL INFO – Avec l’aide du syn­chro­tron de Grenoble, des scien­ti­fiques ont pu per­cer à jour le mys­tère de la tech­nique d’empâtement de Rembrandt. Un effet de relief dont la « recette » exacte res­tait incon­nue, plus de trois siècles après la mort de l’ar­tiste. Des études sur des échan­tillons micro­sco­piques ont fina­le­ment révélé la pré­sence d’un élé­ment rare, la plumbonacrite.

Le syn­chro­tron de Grenoble confirme, une fois de plus, les liens étroits que nour­rissent art et science. Après avoir aidé à la réha­bi­li­ta­tion de l’in­ven­teur de la pho­to­gra­phie cou­leur, c’est dans le domaine pic­tu­ral qu’il s’illustre. L’ESRF (European Synchrotron Radiation Facility) a en effet per­mis de per­cer à jour le secret de la tech­nique « d’empâtement » de Rembrandt. Et ceci 350 ans après la mort du peintre néerlandais.

Le synchrotron de Grenoble a permis de percer le mystère de la technique d'empâtement de Rembrandt, un effet de relief dont la recette restait inconnue.L'une des lignes de lumière de l’ESRF, le Synchrotron Européen. © ESRF - Stef Candé

L’une des lignes de lumière de l’ESRF, le syn­chro­tron euro­péen. © ESRF – Stef Candé

En quoi consis­tait cette tech­nique d’empâtement ? Il s’a­gis­sait d” « une couche de pein­ture épaisse posée sur la toile en quan­tité suf­fi­sam­ment impor­tante pour la faire “res­sor­tir” de la sur­face », décrivent les ser­vices de l’ERSF. De quoi pro­vo­quer un effet de relief sai­sis­sant. Le détail exact de la com­po­si­tion res­tait inconnu. Blanc au plomb, liants orga­niques à base d’huile de lin… Les scien­ti­fiques avaient une idée des maté­riaux uti­li­sés par l’ar­tiste, mais igno­raient la « recette » exacte.

Un élé­ment rare dans la pein­ture de cette époque

C’est désor­mais chose faite. Une équipe scien­ti­fique diri­gée par l’Université tech­no­lo­gique de Deft et le Rijksmuseum d’Amsterdam a en effet pu résoudre le mys­tère. L’ingrédient clé ? La « plum­bo­na­crite ». Un élé­ment extrê­me­ment rare dans les pein­tures de cette époque, ont pré­cisé les cher­cheurs dans la revue Angewandte Chemie. Et l’é­tude est for­melle : il ne s’a­git pas d’un acci­dent ou d’une conta­mi­na­tion, mais bien d”« une syn­thèse volon­taire ».

Le synchrotron de Grenoble a permis de percer le mystère de la technique d'empâtement de Rembrandt, un effet de relief dont la recette restait inconnue.Un exemple d''empâtement de Rembrandt en gros plan © Susan Smelt, Petria Noble, Rijksmuseum

Un exemple d”’empâtement de Rembrandt en gros plan. © Susan Smelt, Petria Noble, Rijksmuseum

Le rôle du syn­chro­tron dans cette décou­verte ? « Essentiel », clame l’ERSF. On peut le com­prendre : les échan­tillons ana­ly­sés avaient une taille infé­rieure à 0,1 mm, et ont néces­sité l’emploi d’une double tech­nique. Soit « la dif­frac­tion des rayons X à haute réso­lu­tion angu­laire (HR-XRD) et la micro-dif­frac­tion des rayons X (µ‑XRD) », écrivent ainsi les scien­ti­fiques. Une méthode déjà employée par le passé pour l’a­na­lyse de pein­tures à base de plomb.

Prochaine étape ? « Nous tra­vaillons sur l’hy­po­thèse que Rembrandt aurait pu uti­li­ser d’autres recettes. C’est pour­quoi les recherches se pour­suivent », pré­cise Annelies van Loon, scien­ti­fique au Rijksmuseum. Autre ambi­tion ? « Reconstituer des échan­tillons modèles des empâ­te­ments » pour mieux éva­luer « l’origine des car­bo­nates dans la plum­bo­na­crite ». Des tra­vaux au sein des­quels le syn­chro­tron de Grenoble aura encore tout son rôle à jouer.

FM

Florent Mathieu

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