EN BREF – Les élections de représentants des locataires HLM se sont tenues fin 2018. Dans l’agglomération grenobloise, six organisations se disputaient les sièges des conseils d’administration de sept bailleurs sociaux. L’association Consommation logement cadre de vie Isère sort grande gagnante de ces élections, marquées par un taux d’abstention supérieur à 80 %.
Si les élections des représentants de locataires HLM peinent à mobiliser tous les quatre ans, le taux d’abstention a atteint de nouveaux sommets en 2018 dans l’agglomération grenobloise. Détenteur d’un triste record, le bailleur CDC habitat Auvergne Rhône-Alpes (ex-Scic habitat, pour qui l’élection se déroulait à l’échelle régionale) se contente d’un taux de participation de 9,90 % en Rhône-Alpes.
Sept bailleurs sociaux concernés dans l’agglomération
La faible mobilisation lors de chaque élection de représentants de locataires est en partie due à la difficile compréhension des enjeux d’un tel scrutin. Que font précisément les locataires élus qui siègent au conseil d’administration des bailleurs sociaux ?
Le bailleur social Actis affiche un taux de participation de 14,89%. L’un des plus importants de ces élections de locataires. © Place Gre’net
Ils prennent part aux votes concernant la gestion, le budget, les hausses de loyers, les programmes d’entretien et de réparation, la construction de logements… Dans l’agglomération grenobloise, sept bailleurs sociaux étaient concernés par ces élections qui se sont tenues en novembre et décembre 2018.
Six se partagent l’essentiel du parc de logements sociaux de la cuvette : Actis, premier bailleur de l’agglomération, Pluralis, CDC habitat Auvergne Rhône-Alpes (bailleur national), Opac38, Grenoble Habitat et SDH (Société dauphinoise pour l’habitat). Parmi les petits bailleurs, seul Logement du pays de Vizille (LPV) mettait en jeu des sièges de son conseil d’administration.
La CLCV remporte six sièges, le Dal 38 en décroche un
Six syndicats, associations ou collectifs se sont disputé les places dans l’agglomération. L’association Consommation logement cadre de vie (CLCV) Isère arrive en tête avec six sièges obtenus, suivie de près par l’alliance Indecosa-CGT, qui en récolte cinq. Derrière, la Confédération national du logement (CNL Isère) gagne quatre sièges, tandis que trois reviennent à la Confédération syndicale des familles (CSF 38).
La municipalité prévoit une part de 25 % de logements sociaux à Grenoble d’ici 2025. © Séverine Cattiaux – Place Gre’net
Enfin, la Confédération générale du logement (CGL 38) profitera de deux sièges pour les quatre prochaines années, tandis que Droit au logement (le Dal 38), candidat pour la première fois à ces élections, se contente d’un seul.
Si la plus faible participation est à déplorer du côté de CDC habitat Auvergne Rhône-Alpes et ses 90,10 % d’abstention, les autres bailleurs sociaux ne bénéficient pas d’un réel engouement des locataires. Le plus petit bailleur, Logement du pays de Vizille, affiche le plus fort taux de participation avec à peine 17,88 %. Et chez les autres bailleurs, les pourcentages gravitent entre 12 et 15 %. Des chiffres en baisse par rapport à ceux de 2014.
Organisations historiques et petits nouveaux : de la place pour tous
Plusieurs des organisations iséroises ayant présenté des listes sont arrivées affaiblies à ces élections 2018. Ce qui peut aussi expliquer des difficultés de leur part à mobiliser les locataires.
« C’est un miracle que l’union départementale CGL 38 ait réussi à présenter sept listes », confie ainsi sa coprésidente Najoua Rached. Pour cause, l’antenne iséroise de la fédération a été créée le 30 septembre 2018, soit moins de deux mois avant les élections. Elle glane pourtant deux sièges aux conseils d’administration d’Actis et de Pluralis.
Du côté de la CNL Isère, on est en pleine reconstruction après la disparition de la CNL 38. Le Dal 38, quant à lui, candidatait pour la première fois à ces élections.
Le Dal 38 participait à ses premières élections de représentants de locataires aux CA des bailleurs sociaux. © Florent Mathieu – Place Gre’net
Les historiques et indéboulonnables CLCV, CSF et Indecosa-CGT se sont lancés plus sereinement dans la course. Indecosa-CGT 38 affiche cette année une « grosse progression dont on est très content », se félicite Salah Elafia, juriste du syndicat. Indecosa-CGT a porté quelques listes communes avec l’Alliance citoyenne Grenoble. Une « stratégie payante », selon Salah Elafia, qui permet au syndicat de passer de quatre sièges en 2014 à cinq aujourd’hui.
Au final, le très faible taux de participation a aussi pu avantager les petits. « On ne va pas se mentir, moins il y a de gens qui votent, plus on monte dans les pourcentages », reconnaissait Patricia Ospelt, membre du Dal 38, à quelques jours de la clôture des votes. En ressort un résultat très éclaté. Toutes les organisations auront eu une part du gâteau. Il leur reste désormais quatre ans pour en faire bon usage.
Jules Peyron